Titre original :  Polly Barber StaggeParker Histories POLLY BARBER CHILD 17981883

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BARBER, POLLY (elle reçut à la naissance le prénom de Mary) (Scovill), institutrice, fermière et femme d’affaires, née le 25 septembre 1803 à Saint-Armand, Bas-Canada, fille d’Asahel Barber et de Polly Armes ; décédée le 23 février 1898 à Scottsmore, Québec.

Le père de Polly Barber était le fils d’un médecin de Canton, au Connecticut, et sa mère comptait plusieurs membres du clergé baptiste dans sa famille. Dans ce milieu d’origine assez distinguée, Polly, douée d’une vive intelligence, reçut une bonne éducation tant intellectuelle que pratique et sut en tirer parti.

Dès 1820, la jeune Polly enseignait à Saint-Armand, probablement chez des particuliers, pour 4# par semaine et réglait le prix de sa pension avec des travaux de tissage. Elle suivit sa famille dans le canton de Sutton où elle remplaça un maître d’école en 1834 ; malgré son maigre salaire hebdomadaire de 1 $ en plus de sa pension, on dit qu’elle arrivait à faire des économies.

C’est à cette époque que Polly épousa Stephen Scovill (Scofield) fils, son cadet de cinq ans et fermier du canton de Sutton qui possédait plus de 250 acres de terre. Tous les deux déployèrent certainement beaucoup d’énergie pour mettre leur domaine en valeur. L’adresse de Polly dans les arts domestiques se traduisit par une importante production de laine et de tissu. En 1842, le troupeau de 40 moutons fournit 200 livres de laine transformée en 55 verges d’étoffe. D’après le rôle d’évaluation cantonal dressé en 1846, la valeur des propriétés des Scovill s’élevait à 1 450 $.

Polly fut cependant durement éprouvée par la mort de plusieurs de ses enfants ; seul l’un des jumeaux nés en 1835 et trois filles parvinrent à l’âge adulte. De plus, le 7 novembre 1847, son mari mourut en la laissant, à 44 ans, enceinte avec trois autres enfants à élever et des dettes à rembourser. Elle fit face : non seulement elle n’abandonna pas la ferme, mais elle redoubla d’activité, intensifia les cultures et l’élevage, ouvrit même une fabrique de vêtements qui embauchait plusieurs employés. En 1861, la valeur de sa ferme atteignait 5 000 $, et les chiffres de certaines productions étonnent : par exemple, 1 300 livres de sucre d’érable, 1 100 livres de beurre, 350 livres de fromage, 60 verges de lainage.

La « veuve Scovill », ainsi qu’on l’appelait, connut un tel succès que l’on considérait sa ferme comme la plus prospère de Sutton. Elle avait fait instruire ses filles et avait établi son fils Smith sur deux autres lots du canton. À sa fille Julia, femme de George L. Scott, elle donna en 1867 un emplacement avec maison et magasin, situé à Knowlton. À peu près à la même époque, elle dut toutefois prendre du repos, car sa santé se ressentait de tant d’efforts. Elle confia alors la gérance de sa ferme, située près d’Abercorn, à son aînée Judith et au mari de celle-ci, Abram N. Smith, qui fut juge de paix et maire de la municipalité du canton de Sutton.

Polly Barber Scovill passa ses dernières années chez sa fille Julia et son gendre à Scottsmore, dans le canton de Dunham. Le 8 janvier 1880, elle rédigea son testament : elle laissait tous ses biens à ses quatre enfants en parts égales, mais stipulait que l’héritage de ses filles ne devait jamais tomber sous une communauté de biens. Restée parfaitement lucide, elle avait conservé également son extraordinaire mémoire et, quelques jours avant sa mort, pouvait encore réciter des hymnes. Élevée dans la foi baptiste, elle était passée aux universalistes, comme il arrive souvent dans les milieux où la population est trop dispersée pour pouvoir entretenir des pasteurs de plusieurs confessions. Le 23 février 1898, après plusieurs années d’invalidité, elle s’éteignit à l’âge de 94 ans. Ses funérailles eurent lieu à l’église méthodiste, à Abercorn, où on l’inhuma dans le cimetière Old Union. Elle a laissé le souvenir d’une femme énergique et de grand talent, qui surmonta les préjugés et les dures conditions de vie de son temps, et fut tout à la fois un exemple et un précurseur.

Marie-Paule R. LaBrèque

Il existe un portrait à l’huile de Polly Barber (Scovill) aux Brome County Hist. Soc. Arch. (Knowlton, Québec). La principale source de renseignements sur ce personnage est son petit-neveu, le révérend Ernest Manly Taylor, l’auteur de History of Brome County, Quebec, from the date of grants of land therein to the present time ; with some records of early families (2 vol., Montréal, 1908–1937). C’est probablement lui qui a écrit « A pioneer dead : Mrs Scoville passes away at a ripe old age » paru dans le Montreal Daily Star, 5 mars 1898.  [m.-p. r. lb.]

AJ, Bedford (Cowansville), Minutiers, Samuel Gale.— AN, RG 31, C1, 1831, 1842, 1852, 1861, 1871, 1881, canton de Sutton.— ANQ-E, CN2-21 ; CN2-26.— ANQ-Q, E18/211.— Arch. privées, Hilari Farrington (Abercorn, Québec), notes personnelles ; corr.— Brome County Hist. Soc. Arch., H12 (geneal. files), Hilari Farrington, « Minding her own business », le Tour (Sutton, Québec), 2 (1984), n1 ; M. L. Phelps, personal notes ; Alice Smith papers ; H14 (cemetery records), Abercorn ; P1 (Nathaniel Pettes), deeds ; P5 (Alice Smith photograph album) ; S1 (school papers), Sutton Township, school rate role, 1861–1886 ; V1 (municipal records), Sutton Township, valuation roll, 1846 (Transcription).— Joseph Bouchette, Carte topographique de la province du Bas-Canada [...] (s.l., 1815 ; réimpr., Montréal, 1980).— Illustrated atlas of the Dominion of Canada [...] Eastern Townships and south western Quebec (Toronto, 1881 ; publié à nouveau, Ross Cumming, édit., Port Elgin, Ontario, 1972).— Langelier, Liste des terrains concédés.— Cyrus Thomas, Contributions to the history of the Eastern Townships [...] (Montréal, 1866).— Hilari Farrington, « Making a success of life in the country », Gazette (Montréal), 29 mars 1985 : C-1.— « Life work of Polly Scoville », Missisquoi County Hist. Soc., Report (Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec), 14 (1976) :193.

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Marie-Paule R. LaBrèque, « BARBER, POLLY (Mary) (Scovill) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barber_polly_12F.html.

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Auteur de l'article:    Marie-Paule R. LaBrèque
Titre de l'article:    BARBER, POLLY (Mary) (Scovill)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    20 nov. 2024