BADGLEY, FRANCIS, marchand, homme politique, officier de milice, comptable, rédacteur en chef et juge de paix, né le 26 mars 1767 à Londres ; décédé le 7 octobre 1841 à Montréal.
Francis Badgley est issu d’une famille de petits propriétaires terriens et de fermiers qui vivaient aux confins du Derbyshire et du Cheshire, mais ses parents étaient peut-être marchands de fourrures à Londres. Vers 1785, il immigra dans la province de Québec et choisit de se fixer à Montréal, où il avait probablement de la parenté : un marchand du nom de James Badgley y vivait en 1784.
Badgley s’associa en 1788 à Richard Dobie*, important marchand montréalais, dans une entreprise qui équipait les trafiquants de fourrures des Grands Lacs et du sud-ouest de Michillimakinac (Mackinac Island, Michigan) et qui achetait et vendait des fourrures. Leur association dura jusqu’en 1792. Le 1er mai de cette année-là, Badgley se mit en route pour Grand Portage (près de Grand Portage, Minnesota) avec le convoi qui s’y rendait chaque année au printemps. La North West Company avait retenu ses services pour qu’il rapporte certains renseignements, et il tint un journal dans lequel il décrivit son voyage, qui le mena de Lachine, dans le Bas-Canada, jusqu’au lac Nipissing (Ontario) par la rivière des Outaouais, puis à la baie Géorgienne et à Grand Portage. Son ancien associé et lui ne tirèrent de l’expédition qu’un revenu net de £71, mais on baptisa en son honneur une petite île proche de l’île Manitoulin.
De retour à Montréal à l’automne de 1792, Badgley s’embarqua pour l’Angleterre dès la fin d’octobre, probablement afin de négocier l’importation de brandy et d’autres alcools. Le 27 novembre 1795, il épousa Elizabeth Lilly, fille d’un des plus gros marchands de Montréal, John Lilly, ce qui consolida sa situation dans la ville. De 1796 à 1799, avec James Badgley et le marchand québécois Louis Dunière*, il fit partie d’une société appelée Dunière, Badgley and Company. C’est en 1799, à Montréal, qu’il lança sa propre entreprise, la Francis Badgley and Company. Cette année-là, sa situation financière était telle qu’il put s’engager à verser une contribution égale à celle de son beau-père, soit £20 par an, à la souscription qui se faisait dans la colonie pour aider l’Angleterre à payer ses dépenses de guerre contre la France.
En 1800, Badgley se présenta comme candidat à l’un des deux sièges de député de la circonscription de Montréal-Est. Pierre-Louis Panet* et lui-même recueillirent 178 voix ; ils éliminaient ainsi le troisième candidat. Durant ses quatre années à l’Assemblée, Badgley appuya le parti des bureaucrates. Il fut très actif au sein du comité chargé d’étudier la démolition des fortifications de Montréal, fut président du comité sur l’abolition de l’esclavage dans la province, aida Joseph Frobisher* et ses associés à obtenir que soit constituée en société la Compagnie des propriétaires des eaux de Montréal et joua un rôle important dans l’imposition d’un droit sur le tabac américain. Il ne sollicita pas un deuxième mandat en 1804, peut-être pour des raisons financières : les députés n’étaient pas rémunérés, et un marchand montréalais ne pouvait faire autrement que de négliger ses affaires pendant ses séjours à Québec. L’on sait par ailleurs qu’en 1803 les graves embarras financiers d’un « M. Badgley » causèrent de sérieux problèmes au marchand Henry Joseph* de Berthier-en-Haut (Berthierville). Durant son unique mandat à l’Assemblée, Badgley se révéla un député énergique et responsable, désireux de promouvoir les intérêts commerciaux de Montréal.
Pendant la guerre de 1812, Francis Badgley servit en qualité de capitaine dans le 1er bataillon de milice de la ville de Montréal. Le plus souvent, on l’affecta au service du commissariat à Laprairie (La Prairie), où son expérience de marchand et ses talents en comptabilité le rendaient particulièrement utile. En 1819, l’annuaire de Thomas Doige le présentait comme marchand et comptable. Il devint comptable à la brasserie Molson en 1822 ; il devait probablement ce poste à son gendre William Molson*, qui avait épousé en 1819 sa fille aînée, Elizabeth. Parmi ses cinq autres enfants, deux acquirent la notoriété à Montréal, William* à titre de juge et d’homme politique, Francis* à titre de médecin. Badgley était encore actif dans plusieurs domaines au début des années 1820. À un certain moment entre 1816 et 1822, il fut rédacteur en chef de la Montreal Gazette [V. James Brown] ; en 1821, il fut nommé juge de paix et promu major dans la milice.
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Elinor Kyte Senior, « BADGLEY, FRANCIS (1767-1841) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/badgley_francis_1767_1841_7F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/badgley_francis_1767_1841_7F.html |
Auteur de l'article: | Elinor Kyte Senior |
Titre de l'article: | BADGLEY, FRANCIS (1767-1841) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1988 |
Année de la révision: | 1988 |
Date de consultation: | 22 nov. 2024 |