ARCHIBALD, JOHN SMITH, architecte et fonctionnaire, né le 14 décembre 1872 à Inverness, Écosse, fils de David Archibald, fabricant de voitures, et de Mary Fettes Smith ; le 5 décembre 1900, il épousa à Sydney, Nouvelle-Écosse, Rose Edith Thurston (décédée en 1944), et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 2 mars 1934 à Montréal.

John Smith Archibald fit ses études primaires et secondaires dans les écoles publiques d’Inverness, où il fut ensuite apprenti de l’architecte William Mackintosh père, de 1887 à 1893. Il arriva à Montréal le 4 mai 1893 et trouva un emploi dans le bureau de l’architecte réputé Edward Maxwell*, où il fit la connaissance de Charles Jewett Saxe. Saxe et lui furent les assistants de Maxwell jusqu’à ce qu’ils fondent leur propre société, Saxe and Archibald, en 1897. Ils travailleraient ensemble jusqu’en 1915.

Archibald et Saxe se partagèrent leurs tâches professionnelles. Alors que Saxe excellait dans le travail artistique, Archibald était davantage connu pour sa compétence dans les domaines des affaires et de la construction. L’entreprise se tailla une bonne réputation grâce au sens de l’organisation et de l’économie des deux hommes, ainsi qu’à la gamme de styles qu’ils offraient. Ils montrèrent aussi un savoir-faire considérable dans la construction d’édifices complexes dans des espaces restreints. En 1904, les associés conçurent les Bishop Court Apartments, immeuble d’appartements urbain de style néogothique situé dans le centre de Montréal, caractérisé par sa cour avant isolée et ses multiples entrées menant à des groupes de logements. En 1908, Archibald fut nommé architecte, avec Maurice Perrault*, pour la conception de l’école technique de Montréal (1909–1911). Saxe prit également part au projet, mais apparemment dans une moindre mesure. Après le décès de Perrault, en 1909, Louis-Alphonse Venne y participa en tant qu’architecte-conseil. Pour cette composition de style beaux-arts, les architectes créèrent une cour qui semblait réduire l’échelle de l’imposant établissement. En 1909, afin d’adapter une maison en rangée à un site étroit, en pente raide, Saxe et Archibald utilisèrent des pièces rondes et ovales sur quatre niveaux. Parmi leurs autres réalisations notables comptent des adjonctions au Queen’s Hotel de Montréal en 1909, 1910–1912 et 1912–1913 (cet hôtel serait démoli). En 1915, leur partenariat prit fin, pour des raisons qui restent inconnues.

Une fois établi à son compte, Archibald dressa les plans de divers édifices, y compris ceux d’une résidence privée en 1915 et d’un garage en 1919. Ses écoles étaient considérablement moins ornées que ses constructions commerciales. La Baron Byng High School (1921), à Montréal, et la Heroes’ Memorial School (1923), à Cowansville, montrent son intérêt pour les motifs simples, les structures à l’épreuve du feu, et l’accès à de l’air frais et à un éclairage naturel. Comme la plupart des écoles construites dans les années 1920, celles conçues par Archibald étaient des édifices rectangulaires à plusieurs étages. Un couloir central permettait d’accéder à deux rangées de salles de classe. L’extérieur en brique combinait des éléments particuliers, mis en évidence par des détails classiques autour des portes, des fenêtres et des corniches.

Du milieu à la fin des années 1920, les hôtels devinrent les plus importantes commandes d’Archibald. En 1925, il agrandit une fois de plus le Queen’s Hotel. Pour la Canadian National Railway Company, il conçut, en collaboration avec John Schofield, la gare et le Nova Scotian Hotel à Halifax (1928), l’Hotel Vancouver (1928–1939) et le Bessborough Hotel à Saskatoon (1930–1932) ; ils doublèrent presque la taille du château Laurier d’Ottawa (1928). Le manoir Richelieu de Pointe-au-Pic (La Malbaie), au Québec, propriété de la Canada Steamship Lines, offrit à Archibald le genre de défi matériel, technique et environnemental qui semblait lui plaire. Après la destruction par un incendie du bâtiment original en bois, en octobre 1928, il reconstruisit l’hôtel de villégiature en seulement huit mois, en utilisant du béton armé et de l’acier. Les matériaux furent hissés à 200 pieds au-dessus du fleuve Saint-Laurent au moyen d’un système de rails spécialement conçu à cette fin. Le climat rigoureux de la région l’amena à innover : il enveloppa l’édifice de style château dans un cocon de bois durant sa construction, afin de le protéger du gel.

Pour plusieurs hôpitaux à Montréal, Archibald employa un modèle semblable à celui qu’il avait utilisé pour les écoles. Le Royal Edward Institute (1931), abritant un hôpital et une école de brique de quatre étages, était long et étroit, rehaussé de détails néoclassiques. Au Montreal Convalescent Hospital (1931), les chambres des patients faisaient face au sud, pour que la lumière naturelle puisse y pénétrer le plus possible. Lors de son ouverture, il fut classé par la Canadian Medical Association parmi les meilleurs édifices du genre en Amérique du Nord. Archibald travailla également comme conseiller principal à la planification du St Mary’s Memorial Hospital, qui serait achevé après son décès.

De tous les édifices institutionnels conçus par Archibald, le Masonic Memorial Temple de Montréal, construit en 1928 en l’honneur des francs-maçons morts pendant la Première Guerre mondiale, est le moins discret. Cet imposant monument de trois étages occupe un coin important de la rue Sherbrooke Ouest, artère très animée. Les critiques le comparèrent, à l’époque, au Lincoln Memorial de Henry Bacon à Washington, chef-d’œuvre néoclassique. Le temple est recouvert de calcaire de Queenston doré qui rutile sur le fond de pierre grise de Montréal. Son étonnante façade d’inspiration grecque présente quatre colonnes ioniques, une base d’apparence brute, des portes de bronze et des symboles de franc-maçonnerie. À l’intérieur, des espaces réservés aux cérémonies, à double hauteur, sont entourés de pièces plus petites et de mezzanines à chaque niveau. Franc-maçon, Archibald pratiquait le rite écossais.

Archibald fut l’architecte de plusieurs bâtiments importants dans l’histoire du sport. Le Forum de Montréal (1924), domicile des Maroons de Montréal et du club de hockey Canadien de Montréal, était petit par rapport aux normes actuelles, avec 9 500 sièges et 3 000 autres places debout. Le stade Delorimier (1927) fut un haut lieu du baseball professionnel à Montréal jusqu’à sa démolition, en 1971. À la Queen’s University de Kingston, en Ontario, il dressa les plans du gymnase et de la piscine, construits en 1930.

Parmi les nombreuses résidences conçues par le bureau d’Archibald, celle de Noah Anthony Timmins (1929–1930) se distingue par sa beauté. En 1931, l’intérieur de cette demeure valut à Archibald le premier prix de l’Institut royal d’architecture du Canada. Cette spacieuse construction de pierre était typique de la prospère banlieue de Westmount, où Archibald lui-même vivait. La maison des Timmins avait des allures de forteresse, impression renforcée par son emplacement au sommet d’une montagne. Réalisée dans le style néogothique, privilégié par les architectes montréalais avant la Deuxième Guerre mondiale, elle comportait des toits en pente raide s’entrecroisant, des cheminées massives et une porte cochère.

Le professeur John Bland* de la McGill University dit d’Archibald qu’il était « un personnage dominant dans la phase prémoderne de l’architecture canadienne » et « le dernier [du] genre », en référence à son attachement aux valeurs architecturales traditionnelles, au travail bien fait et aux ouvrages de maçonnerie. Sa gamme de styles, qui allait du néoclassicisme au pittoresque, était impressionnante, mais pas inhabituelle pour les professionnels de sa génération. En 1937, un biographe anonyme affirma qu’Archibald avait conseillé aux architectes nord-américains de se tourner vers les traditions maya et aztèque plutôt que vers les modèles grecs et romains, mais son travail témoigne d’une étude minutieuse de nombreux styles historiques.

Selon William Sutherland Maxwell, frère d’Edward, Archibald était un administrateur extraordinairement doué. En 1918, il avait été nommé membre de la Commission des tramways de Montréal, organisme créé par le gouvernement provincial pour superviser le transport en commun dans la ville ; il en serait le vice-président de 1927 à 1934. En 1925, la Compagnie des tramways de Montréal employa son savoir-faire à la conception du terminus Craig.

En 1898, Archibald avait adhéré à l’Association des architectes de la province de Québec ; il fit partie de son conseil de 1898 à 1909 et en fut le président en 1905. Il était persuadé que les architectes pouvaient contribuer énormément au bien-être général de la société. Il était connu pour refuser des commandes lorsqu’il croyait que le client risquait d’essuyer des pertes financières. De 1906 jusqu’à son décès, en 1934, il fut membre du comité permanent de l’International Congress of Architects. En tant que président de l’Institut royal d’architecture du Canada, en 1924–1925, il milita pour que l’aspect commercial de la profession fasse partie de la formation des étudiants ; ses méthodes servant à calculer la quantité d’acier nécessaire pour construire un édifice furent une des bases de l’enseignement. En 1927, il entreprit de réformer le processus d’adjudication, en faisant valoir qu’un entrepreneur avait besoin d’être assuré de faire des profits suffisants et ne devrait pas être pénalisé par une hausse du marché, tandis qu’un propriétaire devait pouvoir tirer avantage d’une baisse des prix. Trois ans plus tard, il reçut un fellowship de l’Institut royal d’architecture, la plus haute distinction canadienne décernée à un architecte par ses pairs. Pendant ses moments de loisir, il aimait lire, sculpter le bois, chasser et pêcher. Après son décès, en 1934, à la suite d’un accident vasculaire cérébral, son fils Ian Thurston prit les rênes de l’entreprise avec Hugh Percival Illsley ; ils créèrent la firme Archibald and Illsley en 1937. Les douzaines de beaux édifices qui embellissent encore les rues de Montréal et d’autres villes constituent l’héritage d’un homme qui joua un rôle important dans le développement de la profession d’architecte au Québec et au Canada.

Annmarie Adams

Des dessins de John Smith Archibald sont conservés aux endroits suivants : Centre canadien d’architecture, Arch. d’architecture (Montréal), fonds John S. Archibald ; McGill Univ. Libraries, Rare Books and Special Coll. Div. (Montréal), John Bland Canadian Architecture Coll., Acc. no 4. Des renseignements sur la documentation qui peut être consultée à la McGill University se trouvent dans : John S. Archibald et ses associés : guide du fonds, Irena Murray, édit. (Montréal, 1990). Archibald est l’auteur de « The president’s address », Instit. royal d’architecture du Canada, Journal (Toronto), 3 (1926) : 72–75 et de « The new Manoir Richelieu », dans le même périodique, 7 (1930) : 329–336.

Gazette (Montréal), 3 mars 1934.— Montreal Daily Star, 7 déc. 1900.— « Additions to the Chateau Laurier, Ottawa », Construction (Toronto), 23 (1930) : 19–22, 25–31.— W. H. Atherton, Montreal, 1534–1914 (3 vol., Montréal, 1914), 3.— « Craig Street Terminal, Montreal », Construction, 19 (1926) : 162–164.— J. J. Dinan, St. Mary’s Hospital : the early years (Montréal et Toronto, 1987).— « An excellent convalescent hospital opened in Montreal », Canadian Medical Assoc., Journal (Toronto), nouv. sér., 29 (1933) : 438.— « Extension to the Queen’s Hotel, Montreal », Construction, 19 (1926) : 319–324.— « The Forum building, Montreal », Construction, 18 (1925) : 82–86.— « Masonic Memorial Temple, Montreal », Construction, 23 (1930) : 386, 387–391.— W. S. Maxwell, « John S. Archibald : 1872–1934 », Instit. royal d’architecture du Canada, Journal, 11 (1934) : 44.— Montréal métropole, 1880–1930, Isabelle Gournay et France Vanlaethem, édit. (Montréal, 1998).— National encyclopedia of Canadian biography, J. E. Middleton et W. S. Downs, édit. (2 vol., Toronto, 1935–1937), 2.— « The Nova Scotian Hotel and C.N.R. Station, Halifax, N.S. », Construction, 24 (1931) : 163–165, 167–173.— E. B. Palmer, « Typical schools of the province of Quebec », Instit. royal d’architecture du Canada, Journal, 4 (1927) : 327–338.— Irene Puchalski, « An analysis of four building types by John S. Archibald, architect » (mémoire de m.a., univ. Concordia, Montréal, 1991) ; « John S. Archibald, architect (1872–1934) », Annales d’hist. de l’art canadien (Montréal), 14 (1991), no 2 : 94–113.— « A town-house of unique plan », Construction, 2 (1909) : 55–57.— Who’s who in Canada, 1923–1924.

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Annmarie Adams, « ARCHIBALD, JOHN SMITH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/archibald_john_smith_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
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