ANSLEY (Annesley), AMOS, ministre de l’Église d’Angleterre, baptisé le 25 janvier 1801 à Kingston, Haut-Canada, septième enfant d’Amos Ansley et de Christina (Christian) McMichael ; en 1826, il épousa Harriet Kirkpatrick Henderson, et ils eurent quatre fils et deux filles ; décédé en 1837 à Montréal.

Loyaliste de New York, le père d’Amos Ansley s’installa dans le jeune district de Cataraqui (Kingston) et contribua activement, par ses talents d’entrepreneur-charpentier, au développement de cette région. Le jeune Amos étudia à l’University of Edinburgh et obtint une maîtrise ès arts le 14 janvier 1822. Envoyé à titre de missionnaire par la Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts pour desservir Hull, dans le Bas-Canada, et le canton de March, dans le Haut-Canada, il accéda au diaconat en 1824. C’est l’évêque anglican de Québec, Charles James Stewart, qui l’ordonna prêtre en 1826. Il avait la charge d’environ 14 cantons situés des deux côtés de la rivière Outaouais. Hull et March y étaient les deux principales agglomérations : le village de Hull était né au début du siècle, à la faveur des initiatives de l’entrepreneur forestier américain Philemon Wright, tandis que March était un établissement militaire où des officiers et des marchands retraités essayaient de perpétuer les valeurs sociales et culturelles de la Grande-Bretagne malgré l’isolement de la vallée de l’Outaouais [V. Hamnett Kirkes Pinhey*]. Ansley œuvra dans les deux communautés. En plus de célébrer les différents offices (baptêmes, mariages et funérailles) inhérents à la vie du missionnaire, le jeune ministre aida à l’achèvement des églises St James de Hull et St Mary de March ; il donna son soutien très actif à des écoles et à des bibliothèques.

La construction du canal Rideau [V. John By] entraîna pour Ansley une charge accrue. Même si Bytown (Ottawa) ne faisait pas officiellement partie de son territoire, il assuma la responsabilité de cette population toujours croissante d’ouvriers, de bûcherons et de fonctionnaires militaires qui affluaient dans la région. En fait, cette dernière connaissait un tel essor que l’évêque Stewart demanda à la Society for the Propagation of the Gospel de subdiviser le territoire de la mission. En 1829, on détacha donc le canton de March, ce qui laissa à Ansley le côté bas-canadien de la rivière.

Cet allégement n’inaugurait malheureusement pas un avenir plus prospère pour Ansley et sa famille. En 1831, l’évêque dut l’affecter à Berthier-en-Haut (Berthierville) parce que « des circonstances fâcheuses » avaient ruiné son autorité auprès de ses paroissiens. Il quitta Hull en 1832, mais ce déplacement ne produisit pas les résultats désirés. En 1834, Stewart fut obligé de le suspendre à cause de ses « habitudes d’ivrognerie ». À la même époque, Ansley semble avoir également souffert de ce que sa femme appelait un « état de dérangement mental » héréditaire. Il vagabonda jusqu’aux États-Unis et laissa sa femme et ses enfants dans l’indigence. Il revint par la suite à Montréal où il mourut en 1837. Sa femme eut d’extrêmes difficultés à subvenir aux besoins de sa famille.

À travers les rapports qu’il soumit à la Society for the Propagation of the Gospel, Amos Ansley se révèle un prêtre assidu et dévoué ; son évêque vantait la « grande diligence » avec laquelle il abordait son travail. Le sermon qu’il publia dénote un homme à l’esprit rationnel et orthodoxe, d’un raffinement qui pouvait même paraître incongru dans cet univers commercial que devenait la vallée de l’Outaouais. Quant aux problèmes qui écourtèrent sa carrière, ils n’étaient pas rares chez les missionnaires qui devaient affronter les privations inhérentes à la vie dans les confins du monde anglican. Bien que l’histoire d’Ansley ne soit pas conforme aux récits héroïques popularisés par la presse religieuse de l’ère victorienne, elle n’en traduit pas moins, par ses succès et ses échecs, une dimension importante de la vie missionnaire dans les premières décennies du xixe siècle.

William Westfall

Amos Ansley est l’auteur de : A sermon preached at the opening of StMary’s Church, township of March, Upper-Canada [...] (Montréal, 1828).

RHL, USPG Arch., C/CAN/Que., folders 368, 370, 384.— Univ. of Edinburgh Library, Special Coll. Dept., Graduation roll, 1822 ; Matriculation reg., 1818–1822.— K. M. Bindon, « Kingston : a social history, 1785–1830 » (thèse de ph.d., Queen’s Univ., Kingston, Ontario, 1979).— M. S. Cross, « The dark druidical groves ; the lumber community and the commercial frontier in British North America, to 1854 » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1968).— H. A. Davidson, « Our Ansley family » [...] (Jenkintown, Pa., 1933).— H. P. Hill, History of Christ Church Cathedral, Ottawa, 1832–1932 (Ottawa, 1932).— E. G. May et W. H. Millen, History of the parish of Hull, Que., [...] 1823–1923 (Ottawa, 1923).— C. F. Pascoe, Two hundred years of the S.P.G. [...] (2 vol., Londres, 1901).— B. S. Elliott, « The famous township of Hull » : image and aspirations of a pioneer Quebec community », HS, 12 (1979) : 339–367.

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William Westfall, « ANSLEY (Annesley), AMOS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ansley_amos_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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