McKERGOW, JOHN, marchand exportateur, homme d’affaires et homme politique, né le 27 février 1847 à South Moreton, Angleterre, fils d’Adam McKergow, menuisier ; le 12 novembre 1868, il épousa à l’église First Baptist de Montréal Laura Barrie, et ils eurent dix enfants ; décédé le 16 mai 1920 à Westmount, Québec.

Au début des années 1850, la famille de John McKergow quitta l’Angleterre pour venir s’installer à Montréal dans le quartier ouvrier de Pointe-Saint-Charles. John fit ses études élémentaires dans les écoles publiques de la ville et à l’école modèle de Montréal. À l’âge de 16 ans, il fut engagé par la compagnie ferroviaire du Grand Tronc, qui l’affecta à son service des magasins. Il travailla pour cette entreprise jusqu’en 1867. Cette même année – le 1er juillet, comme il se plaisait à le rappeler – il trouva de l’emploi dans le commerce d’épicerie en gros que venait de mettre sur pied Albert Azro Ayer à Montréal. D’abord engagé à titre de commis, il devint rapidement l’un des principaux associés de cet établissement : il en fut le vice-président de 1872 à 1913.

Les progrès de la A. A. Ayer et Compagnie furent étroitement liés à l’essor des secteurs de la transformation et de l’exportation des produits laitiers. En effet, à partir du milieu du xixe siècle, les producteurs agricoles des provinces de l’Ontario et de Québec commencèrent à intensifier leur production laitière pour profiter de la demande des marchés américain et britannique. La croissance de ce secteur coïncida avec la mise en place d’un réseau de beurreries et de fromageries, réseau qui couvrit en une vingtaine d’années la plupart des régions agricoles des deux provinces. Déjà, à partir des années 1860, plusieurs marchands d’alimentation de la ville de Montréal s’étaient intéressés à la mise en marché du beurre et du fromage. L’été, leurs représentants sillonnaient les campagnes des Cantons-de-l’Est, de la région montréalaise et de l’Est ontarien dans le but d’acheter la production des ménages ruraux, celle des fromageries et des beurreries. Ces marchands se chargeaient ensuite de la vente aux détaillants de Montréal, et surtout aux grossistes des grandes villes américaines et britanniques. La A. A. Ayer et Compagnie se spécialisa rapidement dans l’exportation de fromage et de beurre vers l’Angleterre. Ce marché connut une expansion extrêmement rapide pendant la seconde moitié du xixe siècle. En effet, à la fin du siècle, le Canada fournissait à l’Angleterre plus des deux tiers de ses importations de fromage [V. Thomas Ballantyne* ; David Murdoch Macpherson]. Profitant de cette croissance, la A. A. Ayer et Compagnie devint l’une des principales maisons exportatrices de produits laitiers du Canada, voire même, selon les observateurs de l’époque, l’un des plus importants commerces de produits laitiers au monde.

La carrière de McKergow ne se limita pas à la seule gestion de cette entreprise. Il chercha de différentes manières à améliorer les conditions dans lesquelles se faisait le commerce des produits laitiers. Ainsi, il fut le premier président de l’Association provinciale de beurre et de fromage, mise sur pied par le Bureau de commerce de Montréal en 1892. Cette association s’intéressait aux questions de classification, de transport et d’entreposage des produits laitiers, et veillait à leur qualité, à leur réputation et à leur promotion sur les marchés intérieurs et extérieurs. Dans le même esprit, McKergow participa, à l’occasion, aux réunions annuelles des diverses associations de producteurs laitiers et de fabricants de beurre et de fromage de la province de Québec et de l’Ontario.,

Le succès de la A. A. Ayer et Compagnie permit à McKergow d’investir dans d’autres entreprises et de siéger aux conseils d’administration de plusieurs compagnies importantes : il fut notamment président de la Montreal Lumber Company et de la Laprairie Brick Company, et administrateur de la Compagnie canadienne d’assurance sur la vie, dite du Soleil (Sun Life), de la Crown Trust Company, de la Permanent Insurance Agency et de la Peter Lyall and Sons Construction Company. De plus, il fit partie du conseil du Bureau de commerce de Montréal de 1893 à 1897 et en fut le président en 1897–1898.

À partir de 1913, McKergow se retira progressivement du monde des affaires. Il conserva un rôle très actif dans la vie publique de la ville de Westmount, où il résidait depuis la fin des années 1880. De religion baptiste, il compta parmi les membres fondateurs et les doyens de l’église Olivet de Westmount. Il fut aussi l’un des organisateurs (et lieutenant-colonel honoraire) du 58th Regiment Westmount Rifles) pendant la Première Guerre mondiale. Cependant, à cette époque, McKergow s’intéressa surtout aux affaires municipales. Il fut pendant une dizaine d’années membre de la commission scolaire de Westmount. Durant son mandat de président (1907–1908), il contribua activement à la mise en chantier de plusieurs écoles, dont la Roslyn School. Enfin, il fut maire de Westmount de 1913 à 1919. Son élection coïncida avec la mise en place d’un nouveau système de gestion de la ville. En effet, à la suite d’un scandale et des profondes divisions au sein de la collectivité au sujet des dépassements de coûts de construction d’une caserne de pompiers, les membres du conseil municipal de Westmount résolurent d’embaucher un directeur général, une première au Canada. Dès lors, le rôle du conseil municipal fut passablement amoindri, se limitant aux questions de législation et de surveillance.

Homme d’affaires respecté, John McKergow mourut à l’âge de 73 ans à sa résidence de Westmount, peu de temps après son retour de Floride où il avait passé l’hiver avec sa famille. À l’instar d’autres entrepreneurs de l’époque, il avait fortement influencé le développement et la consolidation d’un secteur important de l’agriculture canadienne et son intégration dans les réseaux de l’économie mondiale.

Yves Otis

AN, RG 31, C1, 1871, Montréal, Sainte-Anne, div. 2 : 26 ; div. 10 : 41 ; 1881, Montréal, Saint-Antoine, div. 12 : 72 ; 1891, Hochelaga (Montréal), Côte Saint-Antoine, div. 1 : 28.— ANQ-M, CE1-85, 14 déc. 1854, 21 sept. 1867, 12 nov. 1868 ; CE1-86, 1875–1882 ; CE1-88, 16 déc. 1869, 1872.— Montreal Board of Trade Arch., Council annual reports, 1888–1920 (mfm aux AN) ; Minute-books, 1888–1920 (mfm aux AN).— Canadian Gleaner (Huntingdon, Québec), 1870–1885.— Gazette (Montréal), 17, 19 mai 1920.— Montreal Daily Star, 17 mai 1920.— Montreal Herald and the Daily Telegraph, 13 nov. 1918, publié par la suite sous le titre Montreal Herald, 17 mai 1920.— La Presse, 17 mai 1920.— Westmount News (Westmount, Québec), 19 oct. 1907, 27 déc. 1912, 10, 17, 20, 24 janv. 1913.— Annuaire, Montréal, 1850–1920.— The book of Montreal, a souvenir of Canadas commercial metropolis, E. J. Chambers, édit. (Montréal, 1903), 100.— J. S. Bryce, « The making of Westmount, Quebec, 1870–1929 : a study of landscape and community construction » (mémoire de m.a., McGill Univ., Montréal, 1990).— Canada Gazette, 17 mars 1900 : 2003.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— M. G. Cohen, Women’s work, markets, and economic development in nineteenth-century Ontario (Toronto, 1988).— Molly Fripp, Roslyn : the story of a Canadian school ([Westmount, 1977]).— Normand Perron, « Genèse des activités laitières, 1850–1960 », dans Agriculture et Colonisation au Québec ; aspects historiques, Normand Séguin, édit. (Montréal, 1980), 113–140.

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Yves Otis, « McKERGOW, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckergow_john_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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