Titre original :  John Roaf Barber - Burlington Public Library

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BARBER, JOHN ROAF, papetier, officier de milice et homme politique, né le 5 juillet 1841 à Georgetown, Haut-Canada, deuxième fils de James Barber et de Hannah Patrick ; le 1er janvier 1868, il épousa Mary Barclay, et ils eurent trois fils et trois filles, puis le 26 juin 1900, à Georgetown, Agnes Alberta Bessey, et le couple eut un fils ; décédé dans cette ville le 3 mars 1917.

Le père de John Roaf Barber était originaire du comté d’Antrim (Irlande du Nord) et sa mère, de Berwick-upon-Tweed, en Angleterre. Prénommé en l’honneur du ministre congrégationaliste John Roaf*, qui visita Georgetown en 1841, Barber fit ses études à l’école publique de Georgetown, à la grammar school de Streetsville et à la Georgetown Academy. Il songea à aller au Royal Military College en Angleterre, mais resta plutôt au pays pour travailler à l’entreprise papetière de sa famille. Un jour, il atteindrait la prestigieuse position de doyen de l’industrie canadienne du papier.

Vers 1854, le père et les oncles de Barber, qui fabriquaient du drap à Georgetown depuis 1837, ouvrirent dans cette ville une usine de papier chiffon. En 1861, Barber prit la direction de cette usine, sous la surveillance de son père, qui en devint l’unique propriétaire en 1869. À la mort de son père en 1880, il reprit la Barber Paper Mills.

Homme d’affaires entreprenant et pragmatique, Barber avait compris que les papiers étaient en demande : apparemment, le seul grand producteur de papeterie au Canada dans les années 1870 était Alexander Buntin*. En 1876, le frère de Barber, James, et John Fitzallen Ellis, de Brantford, fondèrent la Barber and Ellis Company, qui deviendrait l’un des principaux manufacturiers et grossistes de papeterie au pays. Cette société, sise à Toronto, fut constituée juridiquement en 1883 ; John Roaf Barber y acquit alors des intérêts majoritaires et en assuma la présidence. En 1881, il avait collaboré à l’organisation de la Toronto Paper Manufacturing Company Limited et en était devenu le premier président ; John Riordon* était vice-président et William Walter Copp* figurait parmi les actionnaires. Grâce à Barber, cette entreprise démarra vite : elle fit l’acquisition d’un emplacement à Cornwall, en Ontario, et, dès 1883, l’usine bâtie à cet endroit commença à produire du papier journal et du papier de grande qualité pour l’écriture, les livres et la lithographie.

Au début, l’usine utilisait de la pâte de bois provenant de la province de Québec, mais cette pâte n’était pas assez bonne. En 1886, Barber et un autre dirigeant de la compagnie, Charles Riordon*, se rendirent en Europe pour y étudier de nouveaux procédés de production. S’appuyant sur le rapport de Barber, la compagnie commença à employer à Cornwall un procédé au bisulfite pour la réduction du bois en pâte, puis construisit en 1887 une usine de pâte au bisulfite. Bientôt, la compagnie fournit à sa propre usine, et à celles d’autres entreprises papetières, ce qui était reconnu comme la meilleure pâte à papier au Canada. En 1898, Barber s’allia à d’autres grands producteurs canadiens de pâte à papier, dont Ezra Butler Eddy*, pour protester contre les restrictions américaines sur l’exportation de pâte aux États-Unis.

Barber fit également œuvre de pionnier dans l’industrie papetière en modernisant les sources d’énergie de ses usines. La Barber Paper Mills de Georgetown prenait de l’expansion ; dès 1881, ses besoins énergétiques augmentèrent. Barber, au fait des progrès rapides de l’électricité, choisit de capter l’énergie de la rivière Crédit au moyen d’une dynamo. Il demanda à la Brush Electric Company, de Cleveland, dans l’Ohio, de fabriquer une génératrice de 100 chevaux-vapeur et un moteur à courant continu de 60 chevaux-vapeur (cette entreprise n’avait encore jamais construit de moteur aussi puissant). Installée dans un bâtiment de pierre en aval des usines, la machine fut mise en marche en 1888 ; l’énergie qu’elle produisait était utilisée avec celle d’une turbine hydraulique de 75 chevaux-vapeur placée dans les usines. Cette machine fut la première au Canada à générer de l’énergie hydro-électrique pour la production industrielle. En 1909, on entama des pourparlers concernant la vente, à la ville de Georgetown, d’électricité produite par la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario [V. sir Adam Beck*]. Barber dirigea le comité local à ces pourparlers. À compter du 31 juillet 1913, la Barber Paper Mills reçut de l’électricité de cette société publique.

La position de Barber dans l’industrie était d’autant plus solide qu’il avait fait partie en 1883 du premier conseil d’administration de la Dominion Paper Making and Staining Company Limited, et figurait parmi les membres de la direction de la Spanish River Pulp and Paper Company Limited de Toronto, constituée juridiquement en 1899, ainsi que de la Nepigon Pulp, Paper and Manufacturing Company Limited de Port Arthur (Thunder Bay, Ontario), entreprise constituée en 1900 ; de plus, il avait pris le contrôle, en 1903–1904, de la Canada Coated Paper Mill de Georgetown.

Barber s’occupa également d’entreprises qui ne faisaient pas partie de l’industrie papetière. Il fut membre du conseil d’administration de la Dominion Consolidated Mines Company Limited et de l’AngloAmerican Fire Insurance Company, et président d’une foule d’autres entreprises, dont la Floral View Greenhouse Company Limited de Georgetown, la Leadville Mining Company du Colorado, la Canadian Brass and Tube Works de Toronto et, à compter de 1897, l’Inter-Océan Mining and Prospecting Company of Toronto Limited.

Barber était membre à part entière de sa communauté. De 1861 à 1905, il servit dans la milice, d’abord dans la Georgetown Volunteer Militia Infantry Company, puis dans le 20th (Halton) Battalion (Lorne Rifles). En 1866, il affronta les féniens à Ridgeway [V. Alfred Booker*]. Promu major en 1876, il occupa longtemps le poste d’officier payeur du 20th Battalion. En outre, il fut président de l’Institut des artisans de Georgetown et accéda en 1874 au rang de maître de la Crédit Masonic Lodge No. 219. En 1886, il présida la première assemblée du conseil d’administration de l’école secondaire et promit que, en l’espace de trois ans, cette école aurait son propre bâtiment. Deux ans plus tard, une propriété fut achetée à cette fin. De confession congrégationaliste au moins jusqu’en 1898, Barber figura sur la liste des membres de l’église presbytérienne Knox de 1908 jusqu’à sa mort et appartint probablement à son conseil de direction. En outre, il évolua sur la scène publique. Membre du conseil municipal de Georgetown, il en fut président de janvier 1867 à décembre 1876, puis en 1882, année où il fut également préfet du comté de Halton. De 1898 à 1904, il représenta la circonscription de Halton à l’Assemblée législative sous la bannière libérale.

Durant les 30 dernières années de sa vie, John Roaf Barber habita avec sa famille l’une des résidences les plus impressionnantes de la région de Georgetown. Construite vers 1883 et baptisée en l’honneur du lieu de naissance de sa mère, cette propriété, Berwick Hall, fut conçue au moins en partie par le grand architecte torontois Edward James Lennox* dans le style néo-Queen Anne. En 1911, on y ajouta un garage, le premier bâti à Georgetown pour une automobile. Victime d’une crise cardiaque en 1911, Barber se retira des affaires en 1912. Il s’éteignit dans sa soixante-seizième année et fut inhumé à Georgetown, au cimetière Greenwood. Selon l’Acton Free Press, ses funérailles furent « parmi les plus imposantes » jamais vues dans cette ville.

Robert T. Royal

Des détails additionnels pour la biographie de John Roaf Barber ont été obtenus à partir des souvenirs du colonel J. R. Barber et de John Lee Watson, tous deux de Georgetown, Ontario, avec lesquels nous avons eu une entrevue en 1991.  [r. t. r.]

AO, RG 80-27-2, 17 :121.— Halton Board of Education (Burlington, Ontario), Minutes of the first meeting of the board of high-school trustees, Georgetown, 1886.— Halton Hills Civic Centre (Georgetown), Village of Georgetown, minute-book and by-laws.— Halton Hills Public Libraries (Georgetown), Georgetown Congregational Church records.— Halton Land Registry Office (Milton, Ontario), Probate records, no 2203. Halton Region Museum/Arch. (Milton), J. R. Barber, declaration of office, 1882. Knox Presbyterian Church (Georgetown), Minutes of annual general meetings ; Reg. of baptisms.— Ontario Heritage Foundation (Toronto), « The Barber heritage : 140 years in Georgetown, June 2–26, 1977 [...] » (brochure annonçant le dévoilement d’une plaque commémorative de J. R. Barber, 1977).— Acton Free Press (Acton, Ontario), 2 août 1883, 8 mars 1917.— Georgetown Herald, 2 févr. 1898.— Globe and Mail, 22 oct. 1948.— Toronto Daily Star, 25 oct. 1948.— Canadian album (Cochrane et Hopkins), 2.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912). George Carruthers, Paper-making (Toronto, 1947).— CPG, 1903.— Annuaire, Peel et Halton, comtés, 1866–1867. Reinhard Filter, The Barber dynamo : a perspective (Cheltenham, Ontario, 1977). J. R. McDonald, Halton sketches (Acton, 1976).— Newspaper reference book.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Robert T. Royal, « BARBER, JOHN ROAF », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/barber_john_roaf_14F.html.

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Auteur de l'article:    Robert T. Royal
Titre de l'article:    BARBER, JOHN ROAF
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    20 déc. 2024