AVAUGOUR, LOUIS D’, prêtre, jésuite, né en France en 1669, décédé le 4 février 1732 à Paris.
Louis d’Avaugour entra dans la Compagnie de Jésus à Paris, en 1696, à l’âge de 27 ans, ce qui était exceptionnel, l’entrée dans cet ordre religieux se situant d’habitude vers 17 ans. Avaugour termina son noviciat (1696–1698) puis se rendit à Québec avant de recevoir les ordres. Mgr de Saint-Vallier [La Croix], évêque de Québec, lui conféra la tonsure et les ordres mineurs dans la chapelle du séminaire de Québec le 19 septembre 1699. On ne sait à quelle date il fut ordonné prêtre.
Il semble que ce soit à Lorette, où il avait été nommé peu avant 1710, que le père d’Avaugour prit pour la première fois une part active au travail missionnaire. Il acquit bientôt une connaissance profonde des Hurons (Hurons-Wendats) et, en 1710, il présenta au père Joseph-Louis Germain, le supérieur des Jésuites au Canada, un long rapport sur la situation de cette mission. Dans ce document l’auteur décrit, avec force détails, la vie quotidienne chez les Hurons de Lorette convertis au christianisme et fulmine des reproches virulents contre ceux qui débauchaient les membres des Premières Nations en leur procurant de l’eau-de-vie. Avaugour lançait un avertissement : l’ivrognerie chez les Premières Nations n’entraînerait pas seulement leur refus du christianisme mais aussi, à la longue, la perte de la colonie pour la France.
Vers 1720, le père d’Avaugour fut envoyé à la mission des Illinois où il travailla ferme jusqu’à ce que ses supérieurs le rappellent en France, un peu avant 1726, pour lui confier le poste de procureur des Jésuites du Canada et de la Louisiane à Paris. Cette fonction fut particulièrement difficile à remplir durant les années où il en fut chargé. Vers la fin du xviiie siècle, les Jésuites français avaient été chargés de missions en Chine, à Constantinople, à la Martinique et à Saint-Domingue. Ces nouvelles missions drainaient les effectifs religieux qu’on aurait pu autrement envoyer en Nouvelle-France. Le manque de recrues compétentes se fit surtout sentir dans les missions de la région qui deviendrait l’état du Maine ; l’activité des Anglais dans ces lieux tendait à anéantir les efforts déployés par les Jésuites chez les Abénaquis et les autres nations qui traditionnellement s’étaient montrées fidèles à la France.
En Louisiane, les Jésuites se trouvèrent en outre engagés dans une querelle peu édifiante avec les Capucins. Le père Nicolas-Ignace de Beaubois*, le supérieur des Jésuites en Louisiane, avait agi avec imprudence et offensé le supérieur des Capucins, le père Raphaël, en célébrant une cérémonie religieuse à la Nouvelle-Orléans sans demander l’autorisation de ce dernier, qui était vicaire général de l’évêque de Québec pour la région. Quand les colons prirent position dans la querelle, l’affaire fut renvoyée en France et le père d’Avaugour, à titre de procureur des Jésuites français en Amérique du Nord à Paris, se vit forcé d’intervenir. La querelle, qui manquait quelque peu de dignité, se poursuivit pendant plusieurs années et fut finalement réglée par le rappel du père Beaubois en 1728.
Caron, Inventaire de documents, RAPQ, 1939–40 : 348 ; 1940–41 : 425, 428 ; 1941–42 : 219, 226, 236, 245, 251, 259.— JR (Thwaites), LXVI : 146–173.— J. Delanglez, French Jesuits in Louisiana.— O’Neill, Church and State in Louisiana.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 678–687 ; Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, I : 133–139, 273–314.
Joseph P. Donnelly, s.j., « AVAUGOUR, LOUIS D’ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/avaugour_louis_d_2F.html.
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Auteur de l'article: | Joseph P. Donnelly, s.j. |
Titre de l'article: | AVAUGOUR, LOUIS D’ |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 2022 |
Date de consultation: | 23 nov. 2024 |