BUTCHER, MARK, ébéniste, né en 1814 à St James, comté de Suffolk, Angleterre, fils de William et Patience Butcher ; en 1836, il épousa Margaret Chappell, et ils eurent six enfants, puis, en 1849, Catherine Hooper, et de ce mariage naquirent sept enfants ; décédé le 2 juin 1883 à Charlottetown.

Mark Butcher, qui faisait partie d’une famille d’ébénistes, immigra avec ses parents à l’Île-du-Prince-Édouard en 1829. En février 1835, à Charlottetown, il annonça l’ouverture d’un atelier spécialisé en tout genre d’ébénisterie et de tournage. L’entreprise progressa de façon soutenue. Son travail soigné, l’exhortation constante des hommes politiques et des journaux auprès du public pour qu’il encourage les produits locaux, l’extraordinaire prospérité économique des années 1855 à 1865, tout concourut au succès de la fabrique de Butcher. Ses clients appartenaient à toutes les classes de la société, et même des familles s’occupant de construction maritime, dont les vaisseaux partaient régulièrement pour des endroits plus chics, y achetaient des meubles. Une grande partie des affaires de l’entreprise consistait à fournir l’ameublement à des établissements publics tels que les bureaux du gouvernement, la résidence du gouverneur, la Central Academy, le Prince of Wales College et le palais de justice de Charlottetown.

On fabriquait à la manufacture de Butcher tous les meubles de maison, à partir des sofas grecs ou français pour salons jusqu’aux dessertes, bidets et lessiveuses, ainsi que quantité de meubles pour les églises et les écoles. Il y avait au moins un sculpteur spécialisé dans les figures de proue. Des bois importés tels que le bois de rose, le bois zébré, le bois satiné de l’Inde, l’acajou et le noyer noir étaient largement utilisés, de même que le bouleau du pays, le pin, et le bois d’érable madré.

En 1867, au moment où il remplaçait la traction chevaline par la machine à vapeur pour faire fonctionner ses tours, Butcher employait 40 hommes. En 1874, il alla chercher 20 autres menuisiers et ébénistes. En plus de son commerce de détail à Charlottetown, il avait d’autres succursales à Cardigan et à Georgetown et il expédiait sa production au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve. Il participa avec un groupe de l’île à l’Exposition de Londres en 1862, mais il présentait aussi ses pièces dans la région, où il gagnait habituellement le premier prix dans les concours..

Les premiers modèles de Butcher reflètent le passage du style Régence au style victorien. Parmi les meubles étiquetés ou marqués de la première période, on retrouve un pupitre, un fauteuil de lecture, une commode, un sofa de style Régence, un miroir de toilette pour hommes et quelques chaises inspirées des modèles grecs. Il adopta ensuite le style à la mode au milieu de l’époque victorienne. Les meubles étiquetés qui existent encore sont sculptés de façon remarquable dans une grande variété de modèles. Les sculpteurs connaissaient bien les catalogues anglais ainsi que les articles importés d’Angleterre et des États-Unis, mais, selon la tradition, ils copiaient les dessins, conçus par Butcher ou son chef d’atelier, qui étaient accrochés aux murs près de leurs établis. Une des pièces les moins chères de Butcher, une simple chaise, semble avoir été un modèle exclusif. La barre de traverse dans le centre du dossier paraissait être faite en trois morceaux mais elle était sculptée en un seul bloc.

La fabrication des meubles fut la principale mais non la seule occupation de Butcher. Dans les premières années, il exploita une écurie de louage prospère et, comme la plupart des ébénistes, il mit sur pied une entreprise de pompes funèbres ; il vendait des tombes et des cercueils de luxe en bois de rose, en acajou, en noyer et en similibois. Dans les années 1860–1870, il fut l’architecte d’un marché couvert à Charlottetown, d’un bâtiment en brique abritant des moteurs pour une filature de laine et d’au moins une habitation. Conjointement avec Thomas Alley, il traça les plans d’une poudrière et de l’église méthodiste Prince Street. Il construisit aussi des wagons pour le Prince Edward Island Railway en 1873–1874. Butcher participa aux affaires publiques à titre de membre du conseil municipal de Charlottetown, de 1864 à 1869, de membre de l’institut des artisans et, de 1863 jusqu’à sa mort, il siégea au conseil d’administration de l’église méthodiste.

Mark Butcher fut l’ébéniste le plus compétent et le plus fécond de l’Île-du-Prince-Édouard dans la seconde moitié du xixe siècle et il a fabriqué des meubles dont la qualité peut être comparée avantageusement à celle de tous les autres fabriqués en Amérique du Nord britannique. Après sa mort, survenue en 1883, l’entreprise passa aux mains de son neveu, Mark Wright, qui continua de l’exploiter sous son propre nom.

Irene L. Rogers

Charlottetown City Hall, City Council, Minutes, 1864–1869.— Trinity United Church (Charlottetown), Church records, 1863–1883.— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 1836, 1848, 1850, 1855, 1861–1865.— Colonial Herald, and Prince Edward Island Advertiser (Charlottetown), 2 oct. 1841.— Examiner (Charlottetown), 15 mai 1865, 19 avril, 8 juill. 1867, 17 mai 1869, 3 août 1874, 2 juin 1877, 2 janv. 1878, 12 juill. 1880, 18 mars 1881, 10 mars 1882.— Herald (Charlottetown), 6 juin 1883.— Island Argus (Charlottetown), 11 août 1874.— Islander, 6 juill. 1849, 6 juin 1853, 19 févr. 1864, 15 févr. 1867, 14 févr. 1868, 15 oct. 1870.— Patriot (Charlottetown), 6 mars, 6 mai 1869, 9 juill. 1870, 24 juill. 1880.— Royal Gazette (Charlottetown), 17 févr. 1835, 12 janv., 23 févr. 1836, 7 mars, 4 juill. 1837, 3 juill. 1838.

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Irene L. Rogers, « BUTCHER, MARK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/butcher_mark_11F.html.

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Auteur de l'article:    Irene L. Rogers
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
Date de consultation:    9 oct. 2024