GRIEBEL, FERDINAND (Frederick), violoniste, compositeur et professeur, né vers 1819 à Berlin, Allemangne, fils cadet de Johann Heinrich Griebel ; il épousa une prénommée Johanna, et cinq enfants lui survécurent ; décédé le 18 février 1858 à Toronto.

Le père de Ferdinand Griebel était bassoniste et ses frères aînés, Heinrich et Julius, jouaient du hautbois et du violoncelle dans l’orchestre de la cour de Prusse qui se produisait à l’opéra royal et au théâtre national. Tous les trois acquirent une réputation enviable. Ferdinand étudia le violon avec Léon de Saint-Lubin, premier violon au théâtre Königstadt de 1830 à 1847, et se joignit finalement à l’orchestre de cette salle de concert. Plus tard, il prit des leçons de deux célèbres violonistes, Charles-Auguste de Bériot, probablement au cours d’un séjour à Berlin en 1838, et Heinrich Wilhelm Ernst qui joua à Berlin en 1841 et 1842. Aussi en 1842, Ferdinand et son frère aîné Julius, le violoncelliste, entreprirent une fructueuse tournée de concerts au Danemark, en Suède et en Angleterre. Le 18 janvier 1843, l’Allgemeine Musikalische Zeitung, de Leipzig (République démocratique allemande), loua la façon dont Griebel venait d’exécuter un concerto pour violon de Ferdinand David, disant qu’il s’était révélé un musicien habile et talentueux.

L’agitation politique de 1848 mit un frein à l’activité culturelle en Europe, mais donna par ricochet une impulsion à la vie musicale en Amérique du Nord. Marie-Hippolyte-Antoine Dessane* et Charles Sabatier [Wugk*] quittèrent la France pour s’établir respectivement à Québec et à Montréal. Ils furent suivis par Griebel et, plus tard, par le Berlinois Theodor August Heintzmann*. Au début de 1848, à Berlin, Griebel s’était joint à un groupe de quelque 25 musiciens qui formèrent une coopérative d’instrumentistes appelée la Musik-Gesellschaft Germania ou Germania Musical Society, avec l’intention de venir s’établir aux États-Unis et d’y pratiquer leur art. Dans le premier groupe, Griebel était à la tête de la section des premiers violons. Après un concert d’adieu donné le 4 mai 1848, l’orchestre quitta Berlin et débarqua à New York en septembre. Au cours des six années subséquentes, les musiciens donnèrent plusieurs centaines de concerts d’envergure, dont un certain nombre à Toronto, à Kingston et à Montréal, ainsi qu’à Québec en 1850. L’année suivante, quelques membres de l’orchestre accompagnèrent Jenny Lind dans une tournée de concerts en Nouvelle-Angleterre. Plus tard, on a dit que Griebel avait joué à Toronto en octobre 1851 avec l’ensemble de Lind, mais ses premières apparitions dans cette ville dont les documents font mention eurent lieu en mai 1852 ; il faisait alors partie de la troupe de la soprano irlandaise Catherine Hayes. À cette occasion, il interpréta en solo une œuvre de sa composition et le Carnaval de Venise de Paganini. On ne sait pas de façon certaine à quel moment Griebel quitta la Germania Musical Society, mais, à la fin de 1853, il était établi à Toronto.

Selon des documents contemporains, Griebel se produisit en public à 36 reprises comme musicien résidant entre janvier 1854 et le 9 février 1858, soit neuf jours avant sa mort. Presque toutes ces apparitions eurent lieu au St Lawrence Hall. Aux concerts avec orchestre, notamment à Toronto lors de la première du Messie de Haendel présentée le 17 décembre 1857 par la Toronto Philharmonie Society, Griebel agissait le plus souvent à titre de premier violon. À d’autres occasions, il joua comme soliste, et ses propres arrangements des airs tirés de Linda di Chamounix de Donizetti et du Carnaval de Berlin sont des exemples typiques des œuvres qu’il interpréta alors. Il joua aussi une musique plus sérieuse, notamment le 1er Concerto pour violon et le Concerto militaire, deux œuvres de Bériot, et dirigea un quatuor à cordes dont faisaient partie Augustin Noverre, second violon, S. Childs, alto, et John Ellis*, violoncelliste. Enfin, Griebel donna des leçons à sa résidence de la rue Church, mais on ne connaît aucun document qui mentionne les noms de ses élèves.

Ferdinand Griebel peut être vu comme le premier véritable violoniste de carrière qui se soit établi au Canada. Même 20 ans après sa mort, on le considérait encore comme « le plus grand violoniste ayant résidé [à Toronto]. Il était aussi habile comme soliste que comme chef d’orchestre ou interprète de musique de chambre ; de plus, il avait un talent remarquable pour diriger des musiciens amateurs. » Néanmoins, les revenus de Griebel étaient insuffisants pour subvenir aux besoins de sa famille, et, à sa mort, sa femme et ses enfants se trouvèrent sans ressources. Des citoyens éminents, tels George Duggan*, Abraham Nordheimer* et James Dodsley Humphreys*, eurent tôt fait de lancer une souscription publique pour leur venir en aide, et trois concerts furent organisés à leur intention en 1858, 1861 et 1865. À la dernière représentation, une des filles de Griebel, Alice, accompagna l’orchestre au piano. Mme Griebel, qui enseignait le piano, alla plus tard se fixer à New York où, dit-on, elle mourut vers 1890.

Helmut Kallmann

AO, RG 22, sér. 302, petition by Johanna Griebel for guardianship, 17 janv. 1862.— Allgemeine Musikalische Zeitung (Leipzig, République démocratique allemande), 45 (1843) : 43.— Globe, 19 févr. 1858.— Leader, 19, 23 févr. 1858.— Carl [Ledebur], Freiherr von Ledebur, Tonkünstler-Lexicon Berlin’s [...] (Berlin, 1861 ; réimpr., Tutzing, République fédérale d’Allemagne, et Berlin, 1965), 207–208.— Hermann Mendel, Musikalisches conversations-lexikon [...] (11 vol. en 6 et un supplément, Berlin, 1870–1883), 4 : 358–359.— The new Grove dictionary of music and musicians, Stanley Sadie, édit. (20 vol., Londres, 1980).— Toronto directory, 1856.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960).— W. H. Pearson, Recollections and records of Toronto of old [...] (Toronto, 1914).— D. J. Sale, « Toronto’s pre-confederation music societies, 1845–1867 » (thèse de m.a., Univ. of Toronto, 1968).— C. C. Taylor, Toronto « called back » from 1886 to 1850 [...] (Toronto, 1886).— F. E. Dixon, « Music in Toronto, as it was in the days that are gone by forever », Daily Mail and Empire (Toronto), 7 nov. 1896 : 9.— H. E. Johnson, « The Germania Musical Society », Musical Quarterly (New York), 39 (1953) : 75–93.— « Music and the drama », Daily Mail and Empire, 14 nov. 1896, part. ii : 8.— « Music in Toronto », Mail (Toronto), 21 déc. 1878, suppl.

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Helmut Kallmann, « GRIEBEL, FERDINAND (Frederick) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/griebel_ferdinand_8F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
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