DUDOUYT, JEAN, prêtre, official, chanoine, vicaire général, premier procureur du séminaire de Québec, né vers 1628 et décédé à Paris en 1688.

Dudouyt aurait été reçu à la prêtrise en 1658. Il était, semble-t-il, originaire de Normandie, car il eut comme patrimoine une terre à Périers, à quelques lieues de Coutances. C’est d’ailleurs en Normandie qu’il fit son entrée dans l’histoire, à l’Ermitage de Caen, dirigé par Jean de Bernières de Louvigny. Il y connut, de toute évidence, ses futurs compagnons du Canada : Mgr de Laval*, les abbés Henri de Bernières et Louis Ango* Des Maizerets.

On sait quelle sainte horreur l’Ermitage de Caen nourrissait contre le jansénisme. Bertrand de Latour* raconte qu’en 1660, M. Dudouyt, dangereusement malade, refusa de recevoir les derniers sacrements des mains du curé de la paroisse, soupçonné de jansénisme. Par suite du scandale provoqué par cette affaire, les ermites de Caen se transportèrent à Paris, d’où l’abbé Dudouyt, à peine rétabli, passa au Canada, au moment même où Mgr de Laval rentrait en France (1662).

De retour à Québec, l’évêque nomma M. Dudouyt promoteur de l’officialité, le 20 octobre 1663 ; mais il en fit surtout la cheville ouvrière du séminaire qu’il venait de fonder, en J’en nommant procureur, en même temps qu’administrateur de ses propres biens. En cette double qualité, tout le soin matériel de l’évêché, du séminaire et des paroisses releva désormais de lui. Au surplus, il devint vicaire général en 1671 et, l’année suivante, supérieur ecclésiastique de l’Hôtel-Dieu.

À l’automne de 1676, il partait pour la France, député à la cour par Mgr de Laval au sujet de la traite des boissons que l’évêque combattait toujours et que Buade de Frontenac favorisait ouvertement.

Le besoin indispensable d’un agent en France pour les intérêts du séminaire et de l’Église canadienne retint désormais M. Dudouyt là-bas, du reste bien occupé, comme en font foi les quelque 30 lettres venues de lui. Il demeurait au séminaire des Missions étrangères de Paris. De son côté, Mgr de Laval n’oubliait pas son fidèle représentant. Quand il organisa son chapitre, en 1684, il le fit accéder, quoique absent, à la dignité de grand chantre.

Après avoir été témoin actif des premiers démêlés entre Mgr de Saint-Vallier [La Croix*] et le séminaire de Québec, M. Dudouyt mourut à Paris le 15 janvier 1688, léguant au séminaire une petite rente constituée par sa famille, au montant de quelque 1 000#. Mgr de Laval, qui se trouvait alors en France, rapporta à Québec, quelques mois après, le cœur de ce prêtre qui avait passé 14 ans au Canada. Délicate attention qui fut appréciée de toute la population. Le cœur, renfermé dans du plomb, reçut une sépulture solennelle à la cathédrale.

Honorius Provost

ASQ, Lettres ; Séminaire.— M. Dudouyt à Mgr de Laval, 1677, 1681 et 1687, RAC, 1885 ; xcvii-cxxx.— Louis Bertrand de Latour, Mémoires sur la vie de Mde Laval, premier évêque de Québec (Cologne, 1761).— Maximilien Bibaud, Le Panthéon canadien, éd. Adèle et Victoria Bibaud (Montréal, 1891), 83.— Auguste Gosselin, Henri de Bernières, premier curé de Québec (« Les Normands au Canada », Québec, 1902), passim.

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Honorius Provost, « DUDOUYT, JEAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/dudouyt_jean_1F.html.

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Auteur de l'article:    Honorius Provost
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1966
Année de la révision:    1986
Date de consultation:    21 déc. 2024