HARPER, HENRY ALBERT, journaliste et fonctionnaire, né le 9 décembre 1873 à Cookstown, Ontario, fils de Henry Harper et de Margaret Ann McClain ; décédé célibataire le 6 décembre 1901 à Ottawa et inhumé à Cookstown.

Le père de Henry Albert Harper était pharmacien et marchand général à Cookstown ; il devint ensuite agent d’assurances à Barrie, où la famille s’installa en 1880. Albert (Bert pour ses amis) termina son cours au Barrie Collegiate Institute en 1891 et obtint une licence de sciences politiques de la University of Toronto en 1895. Après quelque hésitation sur le choix d’une carrière, il se fit journaliste. Il travailla un moment pour le London Advertiser et le News de London, en Ontario, et le Daily Mail and Empire de Toronto, puis fut correspondant du Montreal Daily Herald à Ottawa. En octobre 1900, il démissionna pour devenir corédacteur de la Gazette du travail, périodique lancé un mois auparavant par un tout nouveau ministère fédéral, celui du Travail. Le rédacteur en chef et sous-ministre était William Lyon Mackenzie King*, alors âgé de 25 ans, que Harper avait connu à l’université.

Presbytérien austère, Harper s’employait à son éducation personnelle, tirait sa nourriture morale de la contemplation des beautés de la nature et de la fréquentation d’auteurs comme Carlyle, Tennyson et Matthew Arnold, et croyait en l’harmonie et en la justice sociales. King partageait cet idéalisme un peu apprêté. Les deux jeunes gens, qui passèrent l’été de 1901 dans les collines de la Gatineau, habitaient le même appartement à Ottawa et parlaient interminablement de leurs sentiments et de leurs ambitions.

King était la figure dominante. Il associait Harper aux projets de développement qu’il caressait pour le ministère du Travail. Quand il quittait Ottawa pour aller faire de la médiation dans des conflits de travail, Harper devenait sous-ministre suppléant. Les deux hommes ne doutaient pas que l’harmonie dans les relations industrielles faisait partie de l’ordre social chrétien. Certains capitalistes pouvaient être incorrigibles, et même certains travailleurs, mais, comme le disait Harper, « la plupart des conflits de travail prov[enaient] de malentendus ». Pour lui comme pour King, la Gazette du travail allait contribuer fortement à instaurer la paix industrielle. En publiant des statistiques et des faits, c’est-à-dire en tablant sur l’objectivité, ils favoriseraient la compréhension mutuelle et la conciliation, et ils offriraient une base solide à l’analyse sociale et à la conception d’une politique du travail. Comme King était occupé à régler des différends et à faire mousser sa propre popularité, c’était Harper qui rassemblait les données et qui supervisait la rédaction et la publication du mensuel. Il en détermina les principales rubriques : rapports des correspondants régionaux, données sur le coût de la vie, comptes rendus de grèves et de règlements, nouvelles diverses sur le monde ouvrier. L’Association des manufacturiers canadiens avait des réserves sur l’objectivité du périodique, mais l’édition sensée qu’en faisait Harper, appuyée par son idéal d’harmonie sociale, coupait court aux attaques partisanes.

Inscrit dans les mémoires surtout parce qu’il était l’ami de King, Henry Albert Harper en serait peut-être venu à lui en vouloir d’abuser de son temps ou même à douter de son désintéressement, mais une fin précoce lui épargna ces déceptions. Il se noya en tentant de secourir une jeune fille, Elizabeth (Bessie) Blair (fille du ministre des Chemins de fer et des Canaux Andrew George Blair), qui patinait sur la glace trop fragile de la rivière des Outaouais. Ce fut en grande partie grâce à King que, pour commémorer cet acte héroïque, on érigea en 1905 devant les édifices du Parlement, rue Wellington, la statue de sir Galaad, preux chevalier du cycle de la Table ronde. En outre, King publia en 1906 The secret of heroism [...], dans lequel il célébrait l’idéalisme de Harper, non sans faire étalage de ses propres vertus.

H. Blair Neatby

AN, MG 30, A28.— AO, RG 22, Ser. 315, nos 4201, 4203.— Northern Advance (Barrie, Ontario), 12, 19 avril 1900, 12 déc. 1901.— J. J. Atherton, « Department of Labour and industrial relations, 1900–1911 » (thèse de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1972).— Paul Craven, « An impartial umpire » : industrial relations and the Canadian state, 1900–1911 (Toronto, 1980).— R. MacG. Dawson et H. B. Neatby, William Lyon Mackenzie King : a political biography (3 vol., Toronto, 1958–1976), l.— W. S. Drinkwater, « The story of the Labour Gazette », Labour Gazette (Ottawa), 75 (1975) : 587–590.— H. S. Ferns et Bernard Ostry, The age of Mackenzie King : the rise of the leader (London, 1955).— Sandra Gwyn, The private capital : ambition and love in the age of Macdonald and Laurier (Toronto, 1984).— W. L. M. King, The secret of heroism ; a memoir of Henry Albert Harper (New York, 1906).— Labour Gazette, 1 (1900–1901) ; 2 (1901–1902) : 326.— C. P. Stacey, A very double life : the private world of Mackenzie King (Toronto, 1976).

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H. Blair Neatby, « HARPER, HENRY ALBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harper_henry_albert_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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