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CASAVANT, JOSEPH, facteur d’orgues, né dans la paroisse de La Présentation-de-la-Sainte-Vierge (à La Présentation, Québec) le 23 janvier 1807, fils de Dominique Casavant, cultivateur, et de Marie-Desanges Codère, décédé à Saint-Hyacinthe, Québec, le 9 mars 1874.
Joseph Casavant se fit d’abord forgeron. Il aimait bien quitter parfois la musique de l’enclume pour écouter l’unique piano de son village, chez le seigneur de Saint-Hyacinthe, Jean Dessaulles*. Doué d’un esprit curieux et entreprenant, il abandonne à 27 ans son métier de forgeron et se rend à Sainte-Thérèse, avec $16 en poche, pour étudier sous la direction du curé Charles-Joseph Ducharme*, qui venait de fonder un petit séminaire. Tout en demeurant au village, Casavant étudie au presbytère. Il n’a rien perdu de son goût pour la musique et il passe des heures « à tirer des sons d’un vieux piano et d’un violon de sa propre fabrication ». L’ingéniosité naturelle de son élève amène Ducharme à lui conseiller d’étudier le mécanisme de l’orgue. Le curé lui prête les ouvrages de dom François de Bédos de Celles, dont un immense traité, l’Art du facteur d’orgues, dans lequel Casavant s’initie à la facture et apprend son nouveau métier. Bientôt c’est le succès, car il réussit à terminer un orgue inachevé, qui se trouvait au presbytère, et à lui donner vie. Le résultat est tel que, dès 1840, il est en mesure d’entreprendre, à son atelier de Saint-Hyacinthe, l’exécution d’un orgue pour l’église paroissiale de Saint-Martin, sur l’île Jésus.
En 1843, il met en vente un autre instrument, de douze jeux, et, en 1844, c’est la fabrique de Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu) qui veut avoir son orgue Casavant. C’est sans doute vers 1848 qu’il associe à son entreprise Augustin Lavallée, père de Calixa Lavallée*, auparavant forgeron comme lui. La renommée grandissante de Casavant lui vaut bientôt la commande d’un orgue pour l’église de Bytown (Ottawa) ; il s’installe provisoirement dans cette ville. Le 19 juin 1850, il épouse à Saint-Hyacinthe Marie-Olive Sicard. Deux fils naissent de cette union : Claver*, le 16 septembre 1855, et Samuel, le 5 avril 1859.
Entre-temps, Joseph reçoit de plus en plus de commandes et multiplie les beaux instruments. Citons ceux de Kingston (1854), de Longueuil (1860) et de Saint-Jérôme (1861). En 1866, Joseph Casavant qui se considère comme vieux très tôt, suivant la coutume de l’époque, cède son établissement à son assistant, Eusèbe Brodeur. Mais il pense à l’avenir de ses fils et il s’entend avec le nouveau propriétaire afin que celui-ci accueille Claver et Samuel dès qu’ils seront en âge d’apprendre leur métier.
L’histoire montre qu’il eut raison d’orienter ses fils vers la facture d’orgues. Ceux-ci devinrent, en effet, des maîtres et leur réputation s’est étendue dans toute l’Amérique et jusqu’en Europe. Si, aujourd’hui encore, le nom de Casavant demeure prestigieux, c’est sûrement à cause de la société fondée par les frères, Samuel et Claver. Mais si ces derniers ont acquis la renommée c’est parce que Joseph, leur père, a su leur insuffler le génie créateur et l’amour de l’art. Nous regrettons seulement qu’il ne subsiste rien, aujourd’hui, de ces instruments que bâtissait, au milieu du xixe siècle, un forgeron à l’âme chantante.
Cyclopædia of Can. biog. (Rose, 1888), 590.— The Encyclopedia of Canada, W. S. Wallace, édit. (6 vol., Toronto, 1935–1937), II : 10.— Émile Dubois, Le petit séminaire de Sainte-Thérèse, 1825–1925 (Montréal, 1925), 53s.— F[rère] Élie [J.-S.-Z. Phaneuf], La famille Casavant (Montréal, 1914).— Gérard Morisset, Coup d’œil sur les arts en Nouvelle-France (Québec, 1941), 116, 118s.— Léonidas Bachand, L’orgue et les frères Casavant, La Vie canadienne (Montréal), I (1929) : 588–592.— Antoine Bouchard, Casavant Frères ; facteurs d’orgues depuis un siècle, Forces (Montréal), no 2 (1967) : 29–34.— Victor Morin, L’orgue, ce merveilleux instrument, Les conférences du club musical et littéraire de Montréal (Montréal), 1re sér., I (1941–1942) : 93–105.
Bibliographie de la version modifiée :
Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. du Vieux-Montréal, CE602-S1, 11 mars 1874 ; CE602-S3, 24 janv. 1807 ; CE602-S5, 19 juin 1850. — [J.-]E. Lapierre, Calixa Lavallée, musicien national du Canada (3e éd., Montréal et Paris, 1966), 22–23.
Antoine Bouchard, « CASAVANT, JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/casavant_joseph_10F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/casavant_joseph_10F.html |
Auteur de l'article: | Antoine Bouchard |
Titre de l'article: | CASAVANT, JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 2022 |
Date de consultation: | 21 nov. 2024 |