Provenance : Lien
GOMES, ESTEVÃO (en espagnol : Esteban Gómez), explorateur portugais, né en 1483 ou 1484, probablement à Oporto, décédé en 1538 en Amérique du Sud.
Dans sa jeunesse, Gomes servit à bord des navires portugais se rendant aux Indes. Il quitta ensuite le Portugal et entra au service de l’Espagne où il devint pilote de la Casa de la Contratación à Séville (10 février 1518). Il partit avec Magellan en août 1519, mais déserta plus tard et ramena son navire en Espagne en mai 1521.
En 1523, il persuada Charles V qu’il saurait découvrir, entre la Floride et Terre-Neuve, un passage plus. court et plus facile que celui de Magellan pour aller aux îles des Épices. À cette fin, il construisit à Bilbao une caravelle de 75 tonneaux, La Anunciada. On a trouvé dernièrement dans les archives des Indes, à Séville, un compte rendu détaillé des sommes dépensées pour la construction de la caravelle, l’achat d’approvisionnements, la subsistance de l’équipage et des captifs indiens [V. Vigneras, 189–207]. La caravelle fit voile de Coruña, le 24 septembre 1524, avec 29 hommes à son bord, les deux chefs de l’expédition étant Gomes (capitaine et pilote) et Pedro de Luna (contrôleur).
Après une escale à Santiago de Cuba pour se ravitailler en aliments frais, La Anunciada fit voile le long de la côte est, de la Floride jusqu’au cap Race. N’ayant pas réussi à trouver un passage à l’Ouest, elle revint en Espagne et atteignit Coruña le 21 août 1525. Le voyage avait duré 10 mois et 27 jours.
La théorie généralement acceptée par certains historiens (dont Harrisse, Biggar, Ganong et Hoffman) et selon laquelle Gomes aurait accompli son voyage du Nord au Sud, repose sur une affirmation erronée d’Antonio Herrera qu’il est relativement facile de réfuter. (Ce problème est discuté dans Vigneras, 196–197.) Selon toute probabilité, Gomes fit escale à Santiago de Cuba, non pas en revenant d’Amérique, mais en s’y rendant et, en outre, il effectua ce voyage du Sud au Nord, comme Verrazzano l’avait fait quelques mois plus tôt.
Pour avoir quelque chose à montrer au retour de son voyage, Gomes captura sur la côte du Maine ou de la Nouvelle-Écosse un grand nombre d’Indiens avec l’intention de les vendre comme esclaves. Nous savons que 58 au moins survécurent au voyage et arrivèrent en Espagne. Ces Indiens furent plus tard libérés par ordre de Charles Quint.
Gomes n’ayant pas réussi à trouver un passage vers l’Ouest, les cartes espagnoles dressées après son retour indiquent une côte continue de la Floride ‘à Terre-Neuve. Elles représentent aussi la « Terre d’Esteban Gómez » comprenant en gros la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-Écosse. La première en date fut la carte dite de « Castiglione », dressée par Pedro Ribero en 1525, à Coruña, peu après le retour de Gomes.
Alonso de Santa Cruz, dans son « Islario general del mundo » (1542 ?) donne certains renseignements sur le voyage de Gomes et représente la péninsule de la Nouvelle-Écosse comme étant « l’île de San Juan ». Apparemment Gomes ne tenta pas de pénétrer dans le détroit de Cabot mais passa outre, croyant qu’il s’agissait tout simplement d’une autre baie.
En 1535, Gomes se rendit au Rio de La Plata en qualité de chef pilote de l’armada de Pedro de Mendoza. En février 1537, il accompagna Juan de Ayolas dans sa fameuse randonnée à travers le Grand Chaco, à la recherche d’argent et d’or. Après 14 mois, Ayolas, Gomes et leurs compagnons revinrent aux rives du Paraguay, où ils furent tués au printemps de 1538 dans une embûche tendue par les Indiens.
Archivo de Indias (Sevilla), Patronato real 37, Contaduria 2, 425, 426, 427.— Alonso de Santa Cruz, Islario general de todas las islas de] mundo, dans Précurseurs (Biggar), 183–194 et dans Harrisse (infra), 243–248.— W. F. Ganong, Crucial maps, IV.— Henry Harrisse, The discovery of North America : a critical, documentary, and historic investigation, with an essay on the cartography of the new world […] (London, 1892).— J. Toribio Medina, El Portugués Esteban Gàmez al servicio de España (Santiago de Chile, 1908).— Portugaliae monumenta cartographica, comp. A. Cortesão et A. Teixeira da Mota (5 vol., Lisboa, 1960–62), I : 95–98, planche 37.— Précurseurs (Biggar), xxv-xxix.— L.-A. Vigneras, El viaje de Esteban Gómez a Norte América, Revista de Indias, LXVIII (1957) : 189–207.
L.-A. Vigneras, « GOMES, ESTEVÃO (Esteban Gómez) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 27 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/gomes_estevao_1F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/gomes_estevao_1F.html |
Auteur de l'article: | L.-A. Vigneras |
Titre de l'article: | GOMES, ESTEVÃO (Esteban Gómez) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 1 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1966 |
Année de la révision: | 1986 |
Date de consultation: | 27 déc. 2024 |