Les 5 coups de cœur de John English,
ancien general editor

 

 

Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau de William J. Eccles. J’ai lu cette biographie il y a longtemps, mais je ne l’ai jamais oubliée. Je l’ai recommandée à plusieurs reprises à d’éventuels biographes de personnalités difficiles tant à aimer qu’à admirer. Eccles saisit les nombreuses faiblesses de Frontenac tout en reconnaissant les défis qu’il dut relever. Il brosse un portrait détaillé qui dénote des connaissances impressionnantes de diverses sources. Il explique aussi pourquoi des historiens célèbres, tel Francis Parkman, n’ont pas compris le personnage. Ceux-ci n’auraient tout simplement pas approfondi leurs recherches.

 

 

Goldwin Smith de Ramsay Cook. Dans cette biographie brillante, l’auteur réussit à susciter de l’admiration envers le style, l’intelligence et la verve de Smith, tout en restant profondément critique à l’égard de son antisémitisme et de son nationalisme anglo-saxon. Le texte allie des réflexions basées sur des perspectives modernes sur la race et l’empire à une vive compréhension des motivations et préjugés entretenus par des intellectuels anglais du xixe siècle.

 

 

Sir Wilfrid Laurier de Réal Bélanger. Parmi tous les chefs politiques canadiens, Laurier est probablement le plus difficile à cerner pour un biographe. Cette figure dominante de son époque a laissé une abondance de documents, mais son être intime reste insaisissable, au point de rendre sa pensée et ses sentiments difficiles à évaluer. Personnalité extrêmement attachante, douée d’une intelligence et de talents politiques exceptionnels, Laurier a trouvé son biographe idéal en l’historien Réal Bélanger, qui conjugue l’admiration à une connaissance fine des failles et des erreurs du sujet.

 

 

Sir Adam Beck de H. V. Nelles. Avant d’avoir lu sa biographie sous la plume de Viv Nelles, je n’avais pas tout à fait compris l’importance historique de Beck ni l’audace inouïe de ses ambitions. Le texte intègre un aperçu perspicace des aptitudes de Beck en politique et un exposé remarquable des changements technologiques et industriels survenus au début du xxe siècle. Nelles prête une attention soutenue aux détails : j’en ai appris sur les lieux où j’ai grandi.

 

 

Anna Bella Peel (Durie) de Veronica Maddocks. Cette biographie révèle l’intensité de l’expérience de la Première Guerre mondiale chez de nombreuses Canadiennes et ses répercussions sur leur vie. Maddocks décrit une mère obsédée par le devoir patriotique de son fils, puis par le sort de sa dépouille. Loin de railler son sujet, l’autrice guide minutieusement le lecteur dans un parcours que des contemporains jugeaient empreint de folie. Peut-être avaient-ils raison, mais l’histoire d’Anna Durie reflète admirablement l’époque et le lieu.