Les officiers des troupes de la Marine, sauf ceux qui étaient trop grièvement blessés pour entreprendre la traversée, passèrent en France où ils prirent leur retraite avec demi-solde. Au moment de la signature de la paix, en 1763, 21 officiers retournèrent au Canada pour y régler leurs affaires puis retournèrent en France dans l’espoir d’une désignation dans le service actif. D’autres abandonnèrent et regagnèrent le Canada en douce pour chercher la subsistance dans leur domaine seigneurial. Les récipiendaires de la croix de Saint-Louis se trouvaient dans une situation embarrassante car le serment de leur ordre les empêchait de devenir sujets de Sa Majesté britannique sans le consentement du roi de France. Plusieurs de ceux qui avaient décidé de rester en France finirent par recevoir leur affectation dans le service actif, soit aux Antilles, à l’île de Gorée, ou en Guyane. Ainsi, Louis-Thomas
Quant aux soldats des troupes de la Marine qui rentrèrent en France, lorsqu’on chercha à les enrôler dans les régiments français, tous se désistèrent. Ainsi que le nota le maréchal de Senneterre, « leur Reponse, quasy Unamine a Esté qu’ils sçavoient bien le chemin d’Halifax et qu’ils trouveroient bien le moyen de se rendre En Canada ». Et il ajoutait : « Tout ce qui revient de Québec et de Montréal paroit avoir un grand amour pour ce pays la. »
Bibliographie
Les sources imprimées sur les guerres du xviiie siècle en Amérique du Nord sont abondantes. Beaucoup de personnages ayant occupé une position de premier plan ont rédigé de longs mémoires et ont tenu des journaux élaborés pendant ou après les événements. Certains documents, provenant de sources françaises, ont été publiés au cours des années dans le RAPQ [RANQ] ; on les trouvera sous les rubriques guerre, journaux, mémoires, capitulations et siège de Québec dans la Table des matières des rapports des Archives du Québec, tomes 1 à 42 (1920–1964) (Québec, 1965). Le RAC, pour les années 1904, 1905 et 1929, contient la correspondance des personnages importants impliqués dans le conflit. La « Collection des manuscrits du maréchal de Lévis », H.-R. Casgrain, édit., est une publication particulièrement importante. Le Journal des campagnes au Canada de 1755 à 1760 par le comte de Maurès de Malartic […], Gabriel de Maurès de Malartic et Paul Gaffarel, édit. (Dijon, 1890), fournit également des renseignements utiles. En ce qui concerne les opérations militaires dans l’Ouest, les Papiers Contrecœur (Grenier) constituent un recueil de textes particulièrement bien choisis. Anglo-French boundary disputes, 1749–63 (Pease) et Illinois on the eve of the Seven Years’ War (Pease et Jenison) sont également des ouvrages de valeur. L’œuvre de Doughty et Parmelee, Siege of Quebec contient des documents utiles.
Pour comprendre les dessous de la diplomatie européenne concernant les hostilités, les ouvrages de R. P. Waddington, Louis XV et le renversement des alliances : préliminaires de la guerre de Sept Ans, 1754–1756 (Paris, 1896) et La guerre de Sept Ans : histoire diplomatique et militaire (5 vol., Paris, [1899–1907]), bien que vieillis, présentent encore de l’intérêt. Une étude concise et de valeur est celle de W. L. Dorn, Competition for empire 1740–1763 (New York, 1940) ; malheureusement, les considérations sur les événements survenus en Amérique du Nord sont nécessairement pauvres car les sources secondaires de l’époque étaient médiocres voire même d’une extrême pauvreté. Les travaux de Parkman, Half-century of conflict et Montcalm et Wolfe, sont désuets et trop biaisés pour offrir un véritable intérêt. D’un esprit tout aussi partisan est l’ouvrage de Gipson, The British empire before the American revolution, IV–VIII ; celui de H. H. Peckham, The colonial wars, 1698–1762 (Chicago, Londres, 1964) ne présente aucun intérêt ; il en est de même du livre de G. M. Wrong, The fall of Canada : a chapter in the history of the Seven Years’ War (Oxford, 1914). Deux études modernes bien documentées sont celles de Frégault, La guerre de la conquête, et de Stanley, New France. Sur les campagnes de 1759 et 1760, la meilleure analyse est celle de Stacey, Québec, 1759. L’article de W. J. Eccles, The social, economic, and political significance of the military establishment in New France, CHR, LII (1971) traite du rôle dominant de l’armée dans la société canadienne. L’étude succincte de Lee Kennett, The French armies in the Seven Years’ War : a study in military organization and administration (Durham, C. N., 1967) est d’une valeur exceptionnelle. André Corvisier a publié un ouvrage solide et exhaustif intitulé L’armée française de la fin du xviie siècle au ministère de Choiseul : le soldat (« Publ. de la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Paris, Série Recherches », XIV–XV, 2 vol., Paris, 1964). Le travail d’André Dussauge, Études sur la guerre de sept ans : le ministère de Belle-Isle – Kefeld et Lütterberg (1758) (Paris, 1914) reste toujours précieux. En ce qui concerne la marine française, les meilleures études sont encore celles de Joannès Tramond, Manuel d’histoire maritime de la France, des origines à 1815 […] (Paris, 1947), et de Lacour-Gayet, La marine militaire sous Louis XV (1910).
Eccles, W. J. Professor of history, University of Toronto, Ontario.
W. J. Eccles, « les Forces armées françaises en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept Ans », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 (les Presses de l’univ. Laval, 1974)