Les difficultés financières de Macdonald
La stabilité des finances personnelles pouvait devenir un objectif difficile à réaliser pour les chefs de parti et les premiers ministres [V. Le favoritisme]. Sir John Alexander Macdonald le savait bien :
Au moment de la Confédération, Macdonald avait peu de revenus. À titre de premier ministre et de ministre de la Justice, il gagnait 5 000 $ par année. Le cabinet d’avocats qu’il avait ouvert en 1864 avec James Patton père, de Toronto, lui rapporta 2 700 $ entre le 1er mai 1867 et le 30 avril 1868, puis 1 760 $ l’année suivante. S’il se tira d’affaire, c’est grâce à sa fierté et à ses amis.
En moins de deux ans, la situation était devenue critique :
[En] 1869, Macdonald connut la période financière la plus pénible de sa vie. Il essayait d’éviter ce dénouement depuis cinq ans. Le contrat de mariage très complexe qu’il avait conclu en 1867 visait notamment à protéger Agnes contre ses créanciers. Les difficultés avaient commencé en mars 1864, à la mort d’Archibald John Macdonell, associé dans son cabinet d’avocats. Selon une estimation faite en mai 1867, Macdonald et la succession de Macdonell étaient endettés pour 64 000 $ (à peu près 800 000 $ en dollars de 1988), surtout envers la Commercial Bank of Canada. Tant que la banque lui ferait crédit, à des taux d’intérêt qui pouvaient aller jusqu’à 7 %, Macdonald pourrait se tenir à flot. Mais en septembre elle fit faillite ; c’est la Banque des marchands du Canada qui reprit l’actif et le passif. Dans l’actif figurait la dette de Macdonald qui atteignait presque 80 000 $ en avril 1869. Hugh Allan, président de la Banque des marchands, n’exerça pas de pressions mais, lorsque Macdonald souleva la question, il lui signala qu’un règlement de la dette serait le bienvenu.
L’homme d’affaires ontarien David Lewis Macpherson, allié de longue date de Macdonald, lui prêtait souvent de l’argent. « Selon lui, il était injuste qu’un premier ministre ne puisse subvenir aux besoins de sa famille et faire instruire ses enfants à même sa rémunération. » Macpherson fut nommé au Sénat en 1867 et, quelques années plus tard, il aida tant son chef que son parti :
[À] cause de ses dons d’administrateur, de ses moyens financiers et de ses relations dans les milieux d’affaires, il devint un organisateur politique fort utile au parti conservateur en Ontario. C’était un rôle taillé à sa mesure : il aimait les élections – moments d’« excitation » et occasions de « tirer les ficelles » – mais sur les tribunes, à cause de son attitude « majestueuse », il intéressait fort peu d’auditoires. Outre son rôle stratégique durant les élections, il rendit un grand service à Macdonald et aux conservateurs en dirigeant, pendant l’hiver de 1871–1872, une collecte destinée à amasser des fonds que l’on remettrait au premier ministre, en témoignage d’estime, et qui serviraient notamment à éponger les pertes qu’il avait subies. Cette collecte permit d’amasser plus de 67 000 $.
Même la somme substantielle que Macdonald reçut dans la foulée du scandale du Pacifique ne lui permit pas de subvenir à ses besoins :
Les sommes acquises en 1872 n’étaient pas restées longtemps dans ses goussets ; il avait dépensé son propre argent sans compter, tout comme les fonds d’Allan, de Charles James Campbell, de sir Francis Hincks et d’autres. À peine cinq ans auparavant, il était sans le sou.
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