THANADELTHUR, Indienne de la tribu des Chipewyans (Indiens du Nord), désignée comme « femme-esclave » dans les dossiers de la Hudson’s Bay Company. Son nom indien, qui signifie « marten shake », lui avait été donné selon la tradition orale des Chipewyans. Elle mourut le 5 février 1717.
Au printemps de 1713, une bande d’Indiens du Nord fut attaquée par des Cris qui emmenèrent avec eux au moins trois prisonnières, dont Thanadelthur. À l’automne de la même année, la « femme-esclave » et une compagne réussirent à s’échapper et tentèrent de rejoindre leur tribu par voie de terre. Mais le froid et la faim les forcèrent à rebrousser chemin et elles tentèrent alors d’atteindre le fort York qu’elles ne connaissaient que de nom. Épuisée par une année d’épreuves de toutes sortes et le manque de nourriture, la compagne de la « femme-esclave » mourut cinq jours avant que cette dernière ne rencontrât des employés du fort York qui l’y conduisirent le 24 novembre 1714. Pour le gouverneur James Knight, elle arrivait en temps opportun car, désireux de faire du commerce avec les Chipewyans, il avait un pressant besoin d’un interprète. Ces derniers hésitaient à se rendre au fort York, leurs armes primitives ne leur permettant pas de se défendre contre les fusils des Cris.
Le 27 juin 1715, Knight envoya William Stuart, la « femme-esclave » et une troupe de 150 Cris en mission de paix auprès des Chipewyans. Cependant, la maladie et la disette forcèrent tout ce monde à se diviser en petits groupes pour affronter la rigueur de l’hiver. La plupart revinrent au fort York et l’un d’eux massacra en chemin une bande d’Indiens du Nord, en légitime défense, prétendit-on par la suite. Stuart et son groupe d’Indiens arrivèrent sur le lieu du massacre quelques jours plus tard et, horrifiés, ne purent que conclure à l’échec de la mission de paix. Néanmoins, la « femme-esclave », fière et tenace, restait convaincue qu’il fallait faire la paix. Elle réussit à persuader les Cris, malgré leurs craintes, de demeurer sur les lieux durant dix jours, tandis qu’elle se mettait à la recherche des siens. Après quoi, elle suivit les pistes et rencontra une nombreuse bande de Chipewyans qui s’étaient assemblés pour se venger. À force de discours, elle parvint à les décider de la suivre pour rencontrer leurs ennemis de longue date. Enfin, le dixième jour, les Cris, qui attendaient dans l’inquiétude, la virent revenir vers eux accompagnée d’un grand nombre des siens, et les palabres commencèrent aussitôt. Les Cris du groupe de Stuart protestèrent de leur innocence au sujet du massacre et invitèrent les Chipewyans à fumer le calumet de paix. Une fois les rites de paix accomplis, certains des Indiens du Nord se joignirent au groupe de Stuart pour le retour au fort York. On ne peut qu’admirer cette femme étonnante qui, par sa détermination et « son discours perpétuel », sut convaincre 400 Chipewyans de la nécessité de faire la paix. Selon James Knight et William Stuart, tous deux aussi impressionnés que les Indiens par son éloquence, c’était grâce à elle surtout que la paix avait pu être établie.
Le 7 mai 1716 Stuart et son groupe atteignirent le fort York. Knight, ravi du succès de la mission, fit des préparatifs pour une expédition au delà des « contrées désertiques » (Barrens) au printemps de 1717 : Thanadelthur et un nombre des siens iraient annoncer aux Chipewyans l’établissement d’un fort à la rivière Churchill. Thanadelthur s’enthousiasma pour le projet, mais malheureusement elle tomba malade durant l’hiver et, après sept semaines de dépérissement, elle mourut le 5 février 1717. Le gouverneur Knight, qui n’était pas prodigue de louanges, déclara : « C’était une personne douée d’une grande âme, d’un grand courage et de la plus ferme détermination que j’aie rencontrée de ma vie ».
HBC Arch. B.239/a/1–3 (journal du fort York, 1714–1717).— Founding of Churchill (Kenney).— HBRS, XXI (Rich) ; XXV (Davies et Johnson)— E. S. Curtis, The Chipewyan, F. W. Hodge, édit. (« The North American Indian », XVIII, Norwood, Mass., 1928), 8s.— Morton, History of the Canadian west.— A. M. Johnson, Ambassadress of peace, Beaver (Winnipeg), outfit 283 (déc. 1952) : 42–45.— K. E. Pincott, What Churchill owes to a woman, Beaver (Winnipeg), outfit 263 (sept. 1932) : 100–103.
G. E. Thorman, « THANADELTHUR », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/thanadelthur_2F.html.
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Auteur de l'article: | G. E. Thorman |
Titre de l'article: | THANADELTHUR |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1969 |
Année de la révision: | 1991 |
Date de consultation: | 23 nov. 2024 |