SULLIVAN, JOHN J., policier, né le 28 février 1846 à Trinity, Terre-Neuve, fils de Florence Sullivan et d’Annie Handlon ; le 21 avril 1874, il épousa Annie Donaghue (Donahue), de St John’s, et ils eurent quatre fils et deux filles, puis le 16 février 1896, dans cette ville, Mary E. McCourt ; décédé au même endroit le 18 octobre 1918.

Après avoir fait ses études à St John’s, John J. Sullivan fut apprenti boulanger. Il entra par la suite dans la Terra Nova Constabulary, la police coloniale créée en 1871 après le retrait des troupes britanniques de Terre-Neuve. Son avancement fut rapide : sergent intérimaire en novembre 1871, il devint sergent en 1872, constable en chef de deuxième classe en 1875, constable en chef de première classe en 1877, sous-inspecteur en 1885 et surintendant en 1895, poste dans lequel il secondait l’inspecteur général John Roche McCowen* qui dirigeait le corps policier, maintenant appelé Newfoundland Constabulary. Il fut affecté dans plusieurs petits villages de pêcheurs, dont Placentia, où il devait enquêter sur les naufrages. À la fin des années 1880, il appliqua le Bait Act sur le littoral sud avec le magistrat Daniel Woodley Prowse. Cette loi terre-neuvienne restreignait la vente d’appât par les pêcheurs terre-neuviens aux pêcheurs français du Grand Banc.

Le feu ayant détruit une bonne partie de St John’s en 1892, le gouvernement libéral de sir William Vallance Whiteway* confia l’année suivante à Sullivan le mandat d’étudier l’organisation du service des incendies de Montréal, car il avait l’intention de mettre sur pied un service de pompiers rémunérés à St John’s. Outre qu’il acheta de l’équipement, Sullivan fut chargé principalement des détails de l’instauration du service des incendies, qui devint en 1895 une section de la police. Par ailleurs, il faisait souvent office de procureur de la couronne au tribunal municipal de police. Le magistrat James Gervé Conroy a dit de lui : « [c’est] l’un des officiers de police les plus intelligents auxquels j’ai eu affaire ». En 1895, Sullivan se brouilla avec Prowse en appuyant un constable qui refusait d’expulser l’avocat Alfred Bishop Morine* du tribunal, comme Prowse l’avait ordonné. Le gouvernement le suspendit pour plusieurs jours.

En 1905, il y avait tension entre les deux officiers supérieurs de police de la colonie, McCowen et Sullivan, parce que McCowen n’avait plus confiance en la compétence de Sullivan. Le gouvernement institua une enquête sur leur différend, mais les deux hommes se réconcilièrent en avril 1906 en admettant s’être laissés aller à des excès de langage.

Sullivan occupa là fonction d’inspecteur général suppléant pendant un an après la mort de McCowen en 1908 et fut nommé à ce poste à titre permanent en janvier 1909. Au début des années 1890, en tant que second de l’inspecteur général Morris James Fawcett, il avait dirigé la police de St John’s lorsque ce dernier s’absentait. En 1895, McCowen avait été nommé inspecteur-général en dépit de l’appui d’une forte proportion de la population à la candidature de Sullivan. Dans bien des milieux, on trouvait que la nomination d’un premier chef de police né à Terre-Neuve « se fai[sait] attendre, soit pour des raisons politiques, soit pour d’autres motifs ». Si Sullivan fut reconnu tardivement, c’est peut-être parce qu’il répugnait à partager la vedette avec ses supérieurs administratifs et politiques. Pourtant, il avait souvent joué un rôle déterminant dans la solution de crimes difficiles et avait eu, avec Conroy, la responsabilité de maintenir l’ordre pendant plusieurs grèves industrielles.

Au jour de l’An 1915, John J. Sullivan reçut la médaille de Police du roi pour ses longues années de service. En septembre 1917, lorsque le gouvernement le mit à la retraite pour des raisons de santé, il protesta quelque peu. Il mourut à St John’s le 18 octobre 1918 après plusieurs mois de maladie.

Melvin Baker

PANL, GN 1/3/A, dispatch 42, Robert Bond à sir William Macgregor, 1er mai 1906 ; GN 6, royal commission to investigate certain charges against Superintendent Sullivan by Inspector-General McCowen, 1906 ; GN 13/1/B, boîte 69, no 2 dossier 59.— Daily News (St John’s), 14 nov. 1895, 17 févr. 1896.— Evening Telegram (St John’s), 12–14, 19 nov. 1895.— [T. R.] Bennett, Report of judge Bennett, together with evidence respecting Bait Protection Service, 1890 (St John’s, 1891), 123–129.— « Births, deaths, marriages in Newfoundland newspapers », Gert Crosbie, compil. (texte dactylographié, 10 vol., Maritime Hist. Arch., Memorial Univ. of Nfld, St John’s, s.d.), 5 (1871–1874).— Arthur Fox, The Newfoundland Constabulary ([St John’s], 1971).— « John Sullivan, j.p., inspector-general, constabulary », Newfoundland Quarterly (St John’s), 9 (1909–1910), no 3 : 22.— Newfoundland men [...], H. Y. Mott, édit. (Concord, N.H., 1894).— T.-N., Commission of enquiry into postal irregularities, [Evidence] (texte dactylographié, [St John’s, 1906] ; exemplaire à la Memorial Univ. of Nfld Library), témoignage de J. J. Sullivan, 26 mars 1906, et de James Conroy, 3 avril 1906.— Who’s who and why, 1912.

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Melvin Baker, « SULLIVAN, JOHN J. », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sullivan_john_j_14F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
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