SAYWARD, WILLIAM PARSONS, homme d’affaires, né le 9 décembre 1818 à ou près de Thomaston, Maine, fils de James Sayward et de Lucy Wheeler ; le 20 juin 1861, il épousa à Victoria Ann Connor (décédée en 1870), veuve d’un dénommé Chambers, et ils eurent un fils ; décédé le 1er février 1905 à San Francisco et inhumé à Victoria.

William Parsons Sayward avait 11 ans quand son père, capitaine de navire, disparut en mer. Il fit ses études à Thomaston et quitta la grammar school à 17 ans pour devenir charpentier. Comme il ne trouvait pas beaucoup de travail intéressant dans la région et qu’il avait ce qu’un biographe appellerait « l’esprit d’aventure », il décida de partir. En 1838, il longea la côte jusqu’en Floride et, mis à part un bref retour dans le Maine et trois ans à Boston, c’est là qu’il travailla comme entrepreneur de construction jusqu’en 1849. Cette année-là, il partit pour les régions aurifères de la Californie. Il trouva tout de suite du travail comme charpentier et constructeur à San Francisco mais, à la fin de l’année, il s’était installé à Sacramento. Il y ouvrit une boulangerie près des terrains aurifères. Étant donné le prix exorbitant des denrées de base, ses pains « valaient presque leur poids en pépites » d’or. En 1851, il vendit sa part de la boulangerie et acheta un chantier de bois de construction dans la baie de San Francisco.

Après avoir entendu parler de la ruée vers l’or du fleuve Fraser au printemps de 1858, Sayward vendit son entreprise et arriva à Victoria en juin. Les scieries locales ne parvenaient pas à répondre à l’énorme demande, et Sayward se mit tout de suite en affaires comme marchand de bois. Il obtint un chargement d’une scierie du Puget Sound, dans l’État de Washington, et l’aurait presque vendu, « avant même qu’il n’atteigne le quai ». Dans les années 1860, Sayward était le plus important marchand de bois de l’île de Vancouver ; il investit ses profits dans des lots de ville du secteur commercial de Victoria et agit comme financier. Il s’associa peut-être de quelque manière avec Robert Howe Austin, Néo-Écossais qui, comme lui, était passé par la Californie avant de s’établir à Victoria.

Sayward, qui avait d’abord importé du bois d’œuvre des États-Unis, acheta en 1861 une scierie récemment construite à l’embouchure du ruisseau Shawnigan, à une trentaine de milles de Victoria. Il loua des terres à bois à Chemainus, y construisit des camps pour les bûcherons, et quand sa scierie s’avéra : « trop petite pour répondre à la demande croissante », il l’agrandit. Cette scierie suscita l’établissement d’autres entreprises : en 1864, il construisit tout près un moulin à farine, et le gouvernement de la colonie aménagea une route reliant ces deux bâtiments à la vallée de la rivière Cowichan. Déjà à cette époque, Sayward et d’autres propriétaires de scieries d’Alberni et de l’inlet Burrard avaient devancé leurs concurrents du Puget Sound sur le marché intérieur.

Sayward exploita sa scierie de Shawnigan avec profit jusqu’en 1878. Cette année-là, il construisit, dans son grand chantier du port de Victoria, une autre scierie qui, avec l’Albion Iron Works, formerait bientôt le cœur du secteur industriel de la ville. Le bois, principalement du sapin Douglas, était enserré dans des estacades flottantes et remorqué jusqu’à Victoria par les chalands et le navire à vapeur de Sayward, qui utilisait aussi une goélette. Sayward étendrait son domaine jusque dans le Puget Sound et la partie continentale de la Colombie-Britannique. En 1881, il acheta une grande scierie à Port Madison, dans l’État de Washington, ainsi que des concessions forestières dans cet État et une flotte de navires, contournant ainsi l’obligation de payer les droits de douane élevés que les États-Unis prélevaient sur le bois d’œuvre. Il fut également copropriétaire, pendant une brève période au cours des années 1880, du gigantesque Hastings Saw Mill, dans l’inlet Burrard. Entre 1882 et 1895, il acquit d’autres concessions forestières dans l’île Quadra et dans le centre de l’île de Vancouver. Selon le Daily Colonist de Victoria, il possédait, en 1894, environ 30 000 acres de terre à bois.

Au plus fort de ses activités en 1891, la scierie de Victoria, qui était la plus importante de l’île, produisait chaque jour entre 60 000 et 70 000 pieds de bois d’œuvre et 25 000 pieds de latte, entièrement destinés au marché intérieur. « Pour avoir toujours en stock le meilleur bois sec », notait la Northwestern Review of Seattle, « on conserve dans les chantiers plus d’un million de pieds – un fait bien connu et apprécié dans l’industrie du bâtiment ». En 1891, Sayward confia la direction de la scierie de Victoria à son fils, Joseph Austin, mais l’année suivante, il vendit cette scierie ainsi qu’une partie de ses concessions forestières. En 1892, il s’était également défait de sa scierie de Port Madison. Quatre ans plus tard, à l’âge de 77 ans, il laissa à son fils la direction de son empire et prit sa retraite pour de bon ; il alla s’installer en Californie, où il mourut en 1905.

Capitaliste de premier plan, Sayward avait diversifié ses placements à Victoria : usine de distribution d’eau, électricité, pâtes et papiers, cuivre, argent, charbon, terrains, bétail, chasse au phoque, autant de domaines dans lesquels il avait investi de l’argent ou dirigé des entreprises. Ayant conservé sa citoyenneté américaine, il ne pouvait postuler de charge politique au Canada. Quoiqu’il ait eu peu de liens autres que commerciaux avec la Colombie-Britannique, il fut président fondateur de la British Columbia Pioneer Society en 1871 et fit partie de l’Independant Order of Oddfellows. Après avoir été membre de l’Église épiscopale aux États-Unis, il se dévoua à Victoria dans la communauté anglicane et eut son banc à la cathédrale Christ Church ; il passa plus tard à l’Église épiscopale réformée d’Edward Cridge.

De tous les Américains venus en Colombie-Britannique pendant la ruée vers l’or de 1858, William Parsons Sayward fut peut-être celui qui connut le plus de succès. Perspicace en affaires, il savait quand lancer et quand abandonner une entreprise, et il finit par bâtir un empire industriel en se servant de ce qu’il avait appris comme charpentier et entrepreneur de construction. Lié par son appartenance religieuse et par ses intérêts financiers à l’élite commerciale et politique de Victoria, il n’en fit jamais tout à fait partie, à cause de sa loyauté envers son pays d’origine. C’est en souvenir de lui que l’on donna son nom à la ville et au district de Sayward, dans l’île de Vancouver.

Richard Mackie

BCARS, Add. mss 520, list of pew-holders, 1866 ; Add. mss 1950, 158, file 3 ; 159–160 ; C/AB/30.7J/10 ; D-19, Sayward’s Mill (Mill Bay) file ; EB/Sa9 ; GR 1372, F 69/12 ; F 899/8 ; F 909/22g ; F 963/1 ; GR 2635 ; GR 2636 ; GR 2637.— City of Victoria Arch., 98410–98411, British Columbia Pioneer Soc., constitution and members list.— Daily Colonist (Victoria), 27 mars, 21 juin 1861, 18 août 1870, 29 avril 1871, 28 févr. 1878, 15 août 1882, 5 mai, 18 août, 15 nov. 1885, 19 sept. 1894, 15 juill. 1896, 2, 7, 11 févr. 1905.— « Victoria’s industries », Daily Colonist déc. 1887 : 22.— Annuaires, C.-B., 1882–1883, 1884–1885 ; Victoria, 1860.— « A Victoria pioneer still a loyal booster [...] », British Columbia Magazine (Vancouver), 10 (1914) : 245.— R. E. Gosnell, A history o[f] British Columbia (s.l., 1906), 345s.— Journals of colonial legislatures of Vancouver Island and B.C. (Hendrickson), 1.— Kerr, Biog. dict. of British Columbians.— W. K. Lamb, « Early lumbering on Vancouver Island, part ii 1856–66 », BCHQ, 2 (1938) : 95–121.— Northwestern Rev. of Seattle (Seattle, Wash.), 1 (1891), n° 5 : 22 (exemplaire aux City of Victoria Arch.).— C. A. Sayward, The Sayward family [...] (Ipswich, Mass., 1890), 121–124.— Victoria illustrated ; published under the auspices of the City of Victoria [...] (Victoria, 1891).

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Richard Mackie, « SAYWARD, WILLIAM PARSONS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sayward_william_parsons_13F.html.

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Auteur de l'article:    Richard Mackie
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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