SALLABERRY (Salaberry), MICHEL DE, officier de marine, armateur, né le 4 juillet 1704 dans la paroisse Saint-Vincent à Ciboure (dép. des Pyrénées-Atlantiques, France), fils de Marsans de Sallaberry et de Marie de Michelance, décédé le 27 novembre 1768 à Salles près de La Rochelle, France.

Michel de Sallaberry appartenait à une branche de la maison d’Irumberry en Navarre française. Nous ne savons rien de sa jeunesse ; il aurait accompagné son père à Québec en 1733. Deux ans plus tard, Sallaberry était identifié comme capitaine de bateau et avait établi sa résidence à Québec. En 1736, après avoir lancé son propre navire, le Saint-Michel, un brigantin de 68 tonneaux, il commença à faire le transport de marchandises à l’île Royale (île du Cap-Breton). Il mena bientôt de plus gros navires à la Martinique, à Saint-Domingue (île d’Haïti), à La Rochelle et à Bordeaux. En 1741, il lançait un second navire de plus grandes dimensions. Jusqu’au début de la guerre avec l’Angleterre, Sallaberry fut un membre actif du groupe de la marine commerciale, voyageant aux quatre coins de l’empire français d’Amérique.

En 1745, alors qu’il devait mener un gros navire marchand de La Rochelle à Québec, les propriétaires du navire annulèrent le voyage à cause de la guerre de la Succession d’Autriche. À la mi-novembre, la frégate commandée par Jean-Baptiste Legardeur de Tilly n’ayant pu atteindre Québec, Sallaberry offrit d’armer la petite goélette Marie et d’en prendre le commandement pour transporter des dépêches et des munitions en Nouvelle-France. Sallaberry dut faire face à de violentes tempêtes durant la traversée et, au début de janvier, après avoir atteint l’île française de Saint-Pierre, au large de la côte sud de Terre-Neuve, avec un navire sévèrement endommagé, il n’eut d’autre alternative que de mettre le cap sur les Antilles pour y passer l’hiver. Au printemps, à la Martinique, Sallaberry fit réparer son bateau et partit pour la Nouvelle-France, escorté par un corsaire français. Il arriva à Québec le 6 juin 1746. Au cours de l’été, il patrouilla l’embouchure du Saint-Laurent au large du cap Chat, surveillant l’arrivée d’une flotte d’invasion anglaise qui, disait-on, faisait voile vers Québec. Vers la fin de l’année, alors qu’il devait transporter des approvisionnements de guerre à la baie Verte en Acadie, en compagnie des capitaines de plusieurs autres navires, son navire s’échoua à 15 lieues seulement de Québec.

Le 20 mai 1748, Sallaberry fut nommé capitaine de flûte en retour de ses services et il abandonna le commerce maritime pour faire carrière dans la marine de guerre. En 1750, il servait sur la frégate Anglesea quand celle-ci fit escale à Québec. Deux ans plus tard, il obtenait le commandement du Chariot Royal, vaisseau de transport armé envoyé à Louisbourg, île Royale. En novembre 1755, ce navire était capturé par les Anglais et Sallaberry fut emmené à Londres. Comme la France et l’Angleterre n’avaient pas encore engagé officiellement les hostilités, il fut vite libéré et renvoyé en France. Promu au rang de lieutenant de vaisseau le 20 novembre 1757, on lui confia le commandement de la frégate Fidèle. L’été suivant, il croisa au large de Louisbourg ; durant le siège, son navire fut coulé à l’entrée du port. Après la guerre de Sept Ans, Sallaberry se retira à Salles près de La Rochelle où il vécut avec sa fille Angélique. En 1766, seulement deux ans avant sa mort, il fut fait chevalier de Saint-Louis et, un an plus tard, il reçut une pension de £1 000.

Le 17 mai 1735, Sallaberry avait épousé Marie-Catherine Rouer de Villeray, une veuve qui avait plusieurs enfants. Elle mourut cinq ans plus tard, ne lui laissant qu’une fille. Dix ans plus tard, le 30 juillet 1750, il épousait en secondes noces, à Québec, Madeleine-Louise Juchereau Duchesnay de Saint-Denis. Un fils unique, né de cette union, hérita des propriétés de sa mère et demeura au Canada où il fonda la famille Irumberry de Sallaberry. Michel de Sallaberry ne possédait aucun terrain en Nouvelle-France. C’est principalement par ses unions conjugales qu’il fut relié à la colonie. Sa carrière dans la marine marchande et dans les forces navales nous le révèle comme participant à la destinée de l’empire français plutôt que comme résidant de la Nouvelle-France.

James S. Pritchard

P.-G. Roy, La famille d’Irumberry de Salaberry (Lévis, 1905) et Le Jeune, Dictionnaire, II : 608s., ont orthographié le nom de Sallaberry sans tenir compte de sa signature et ils ont identifié son père comme étant Martin. Michel de Sallaberry n’a jamais utilisé l’appellation d’Irumberry qu’on rencontre plus tard alors que son fils s’efforça d’établir ses titres de noblesse ; on consultera à ce sujet : Robert Laroque de Roquebrune, Le voyage d’un Canadien à Paris en 1785, Nova Francia, I (1925–1926) : 15–19. On trouve de rares références ici et là aux AN, Col., B, 104, f.36 1/2 ; Col., C8B, 20 ; Col., C11A, 65, f.24 ; 67, ff.48–48v. ; 70, ff.125, 168–171 ; 73, f.412v. ; 74, f.197 ; 76, ff.124–124v. ; 78, f.314 ; 85, ff.34–34v. ; 86, ff.160–163, 342–344v. ; 88, f.106 ; 117, f.78 ; 121, f.157v. ; Col., F2B, 11 (commerce des colonies) et aux AD, Charente-Maritime (La Rochelle), B, 5 728, no 1 ; E, 917 (État civil, Saint-Sauveur de La Rochelle) ; Gironde (Bordeaux), 6B, 97, 280.  [j. s. p.]

ANQ, Greffe de C.-H. Du Laurent, 30 juill. 1750 ; Greffe de J.-N. Pinguet de Vaucour, 13 mai 1735 ; AP, Famille Salaberry, 1641–1896.— Archives paroissiales de Saint-Vincent (Ciboure, dép. des Pyrénées-Atlantiques, France), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 4 juill. 1704.— P.-G. Roy, Inv. coll. pièces jud. et not., I : 105, 110, 141 ; Inv. jug. et délib., 1717–1760, III, IV, V.

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James S. Pritchard, « SALLABERRY (Salaberry), MICHEL DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/sallaberry_michel_de_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
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