DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

LÉPINE, AMBROISE-DYDIME – Volume XV (1921-1930)

né le 18 mars 1840 à Saint-Boniface (Winnipeg)

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

SAINT-CHARLES, FRANÇOIS-XAVIER, marchand et banquier, né le 7 mars 1833 à Montréal, fils de François Saint-Charles et de Marie Dagenais ; le 24 novembre 1852, il épousa dans la même ville Delphine Tessier, et ils eurent un enfant ; décédé le 20 septembre 1910 au même endroit.

La carrière de François-Xavier Saint-Charles illustre de manière frappante la quasi-inexistence des rapports entre les milieux d’affaires francophone et anglophone de Montréal à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Étant donné la nature des activités de Saint-Charles, il n’est guère étonnant que sa carrière ait été perçue différemment par les deux communautés linguistiques.

En quittant l’école, Saint-Charles alla travailler chez son père, marchand de farine et de provisions en gros qui, à la fin des années 1850, lui passa son commerce. L’entreprise se fit connaître sous le nom de F.-X. St-Charles et Compagnie au début des années 1870 et conserva ce nom jusqu’à sa disparition en 1887. Si Saint-Charles fut de quelque manière représentatif des marchands francophones de la fin du xixe siècle, il n’eut alors probablement que de rares contacts avec des clients anglophones, car les Montréalais de cette époque faisaient généralement affaires avec des gens qui parlaient la même langue et pratiquaient la même religion qu’eux.

Saint-Charles a peut-être eu quelques relations avec des anglophones en tant que membre du comité de direction de l’Association de la halle au blé de Montréal. Cependant, les divisions linguistiques qui existaient dans les milieux d’affaires montréalais le plaçaient, lui et les autres marchands francophones, à l’écart du réseau des banques, dirigées par des anglophones, qui consentaient des prêts aux entreprises commerciales. C’est pourquoi, dans la seconde moitié du xixe siècle, des marchands francophones fondèrent leurs propres banques, au nombre de sept. L’une d’elles fut la Banque d’Hochelaga, constituée en 1873 à la demande de 12 Canadiens français, qui se disaient tous « négociants ». Saint-Charles n’avait pas signé la requête avec eux, mais il se joignit au groupe à la fin de l’année et fut élu au premier conseil d’administration de la banque ; il fut par la suite le premier à occuper le poste de vice-président.

L’importance de Saint-Charles dans la nouvelle banque, qui ouvrit ses portes en 1874, correspondait à sa situation de plus important actionnaire particulier, une distinction qu’il maintiendrait jusque dans les années 1890. En 1879, au moment où la banque était sur le point de s’effondrer, on lui demanda tout naturellement, en tant que principal investisseur, d’en accepter la présidence après la démission de Louis Tourville. Saint-Charles héritait d’une situation fort peu prometteuse. La Banque d’Hochelaga avait eu le malheur de commencer ses activités pendant la crise économique des années 1870, crise qui avait ébranlé bien d’autres banques canadiennes et au plus fort de laquelle, en 1879, quatre banques firent faillite. Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, Saint-Charles devait aussi faire face à une autre crise, attribuable celle-là à un détournement de fonds de 85 000 $ par le caissier (directeur général) de la banque, Jean-S. Paquet. En raison tant des problèmes généraux que connaissait le secteur bancaire que du manque de confiance suscité par l’affaire Paquet, la banque réduisit constamment ses activités pendant toute l’année et envisagea même sérieusement la fusion avec un autre établissement.

Au début des années 1880, la banque avait toutefois réussi à se rétablir, sous la direction de Saint-Charles, et elle devint, pour longtemps, la plus stable des banques canadiennes-françaises. Alors que les autres banques canadiennes-françaises étaient portées à prendre trop rapidement de l’expansion et à immobiliser leurs ressources dans des placements qui n’étaient pas immédiatement convertibles en espèces, la Banque d’Hochelaga fut, sous l’autorité de Saint-Charles, un modèle de conservatisme, car elle n’élargit que lentement son champ d’activité et garda toujours une portion importante de son actif liquide. Cette ligne de conduite lui permit de faire des profits considérables tout au long des années 1880 et 1890 et de verser des dividendes fort appréciables à ses actionnaires. En outre, sa solide réputation la mit à l’abri de la ruée vers les autres banques canadiennes-françaises de Montréal après l’effondrement de la Banque Ville-Marie en 1899 [V. William Weir]. La Banque d’Hochelaga maintint avec succès cette ligne de conduite pendant la première décennie du xxe siècle. Ainsi, à la mort de Saint-Charles, le conseil d’administration déclara que son président avait « dévoué toute son énergie et tout son temps pour promouvoir les intérêts de l’institution ».

Saint-Charles ne se distingua pas seulement dans sa vie professionnelle. Conseiller du quartier Saint-Jacques de Montréal de 1866 et à 1872, il fit partie durant toute cette période du comité des finances du conseil municipal. Membre du conseil d’administration de la succursale de l’université Laval à Montréal, de la création de celle-ci en 1876 jusqu’à sa mort, et trésorier entre 1893 et 1910, il fut si étroitement lié à cet établissement que la Presse décrivit sa mort comme une perte tout autant pour l’université que pour la banque.

L’attachement de Saint-Charles à l’université tenait, en partie du moins, à sa foi catholique bien ancrée ; de fait, tous les documents indiquent que le surmenage au Congrès eucharistique tenu à Montréal du 7 au 11 septembre 1910 avait hâté sa mort. Son testament témoigne aussi de sa nature profondément religieuse : il légua une fortune considérable à divers ordres religieux et à des institutions catholiques.

François-Xavier Saint-Charles était si renommé que des dignitaires canadiens-français de tous les milieux assistèrent à ses obsèques. Peu d’anglophones s’y présentèrent toutefois, et même les quotidiens anglophones de Montréal passèrent son décès presque sous silence. En revanche, les journaux francophones traitèrent de sa mort et de ses funérailles en première page. La Patrie fit une évaluation enthousiaste de sa carrière, déclarant qu’il avait démenti l’idée que « les canadiens-français manquent du génie des affaires ».

Il n’est guère surprenant que les rédacteurs des quotidiens anglophones de Montréal aient vu, dans cet homme qui était à la fois un francophone et un fervent catholique, un personnage assez peu intéressant pour leurs lecteurs, un personnage assez peu important aussi parce que ses activités commerciales avaient rarement eu de l’influence sur la vie des anglophones. La Banque d’Hochelaga comptait peu de clients et d’actionnaires anglophones. Même son grand succès, largement annoncé dans la presse francophone, était vu d’un autre œil par les journaux anglophones : la banque de Saint-Charles, qui n’avait en 1910 que le dixième de l’actif de la Banque de Montréal, était un établissement sans importance. Pour les quotidiens francophones, par contre, ce bienfaiteur des œuvres catholiques qui avait également réussi dans le monde prétendument anglo-protestant des affaires, était un homme digne de louange.

Ronald Rudin

ANQ-M, CE1-51, 8 mars 1833, 24 nov. 1852.— Arch. de la Banque nationale du Canada (Montréal), Banque d’Hochelaga, reg. des procès-verbaux, 1874–1910.— Gazette (Montréal), 7 mars 1879, sept. 1910.— La Patrie, 23 sept. 1910.— La Presse, 20 sept. 1910.— Annuaire, Montréal, 1850–1910.— Canada, Parl., Doc. de la session, 1874–1910, listes des actionnaires des banques autorisées du Canada.— Ronald Rudin, Banking en français : the French banks of Quebec, 1835–1925 (Toronto, 1985).— G. J. J. Tulchinsky, The river barons : Montreal businessmen and the growth of industry and transportation, 1837–53 (Toronto et Buffalo, N.Y., 1977).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Ronald Rudin, « SAINT-CHARLES, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 18 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/saint_charles_francois_xavier_13F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/saint_charles_francois_xavier_13F.html
Auteur de l'article:    Ronald Rudin
Titre de l'article:    SAINT-CHARLES, FRANÇOIS-XAVIER
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    18 mars 2024