RUTTAN, HENRY, soldat, homme d’affaires, membre de l’Assemblée, auteur et inventeur, né le 12 juin 1792 à Adolphustown dans le Haut-Canada, fils de William Ruttan, loyaliste d’ascendance française, et de Margaret Steele, décédé le 31 juillet 1871 à Cobourg, Ont.

Henry Ruttan fit ses études à Adolphustown ; toutefois, dès l’âge de 14 ans, il quitta la maison paternelle pour aller travailler comme vendeur dans un magasin à Kingston. Il écrivit plus tard que d’avoir passé son enfance dans une ferme de pionnier avait été pour lui une source remarquable de bonne santé et l’avait pourvu d’une robuste constitution. Pendant la guerre de 1812, Ruttan s’engagea dans la milice, reçut un grade d’officier et servit dans le Haut-Canada. En 1814, il fut grièvement blessé dans le violent engagement de Lundy’s Lane, mais il reprit le service actif avant la fin de la guerre. Il demeura par la suite dans la milice avec le 1er bataillon de Northumberland et, en 1825, il fut promu colonel et passa au 3e bataillon. Il quitta le service actif en 1846 mais en 1860 on le rappela pour lui confier le commandement du 4e district militaire, poste qu’il assuma jusqu’en 1862.

Ruttan se lança en affaires en 1815 à Cobourg. Il fut élu à l’Assemblée en 1820 où il représenta Northumberland jusqu’en 1824. Au cours de son deuxième mandat, soit de 1836 à 1840, il usa avec succès de son influence pour faire commencer les travaux de creusage du canal de Trent ; il remplaça Allan Napier MacNab* comme orateur (président) de la chambre du 28 décembre 1837 au 24 janvier 1838. Nommé en 1827 shérif du district de Newcastle (à partir de 1849 les comtés unis de Northumberland et de Durham), il conserva ce poste pendant 30 ans. Il fit également partie de la chambre d’Agriculture du Haut-Canada.

Son autobiographie, rédigée en 1861, porte sur l’histoire de sa famille et sur les expériences qu’il vécut pendant la guerre et sur la scène politique. Chose étonnante, Ruttan n’y fait aucunement mention des recherches qu’il fit sur les problèmes du chauffage et de la ventilation des bâtiments et de ses inventions s’y rattachant ; ces études furent peut-être les plus complètes qui eussent été entreprises jusqu’alors dans ce domaine.

L’économie du combustible et la ventilation adéquate des maisons étaient chose impossible à l’époque en raison de l’inefficacité des foyers et des poêles. Ruttan se mit à dessiner des appareils de chauffage et des ventilateurs pour lesquels il obtint sept brevets d’invention de 1846 à 1858. D’un usage très répandu par la suite, son système de chauffage et de ventilation combinés consistait à amener l’air du dehors à l’intérieur par un conduit ; cet air passait ensuite dans un réchauffeur puis circulait, grâce au phénomène de convection, dans les diverses pièces pour finalement s’échapper par un conduit jusqu’à une cheminée d’appel qui évacuait l’air vicié à l’extérieur.

Ruttan inventa aussi un système pour le chauffage et la ventilation des wagons de chemin de fer. L’air du dehors que le mouvement du train faisait s’engouffrer à l’intérieur des wagons par des conduits, passait dans un réservoir nettoyant qui le purifiait, l’humidifiait et le rafraîchissait. En hiver, le système était modifié de manière à réchauffer l’air qui pénétrait dans les wagons. Le système mis au point par Ruttan, probablement le premier à fournir aux wagons un air climatisé, fut utilisé par plusieurs lignes de chemin de fer au Canada et aux États-Unis.

En 1816, Ruttan épousa Mary Jones. Il eurent neuf enfants, dont Henry Jones qui suivit les traces de son père et s’occupa de ventilation et qui fut aussi rédacteur en chef du Star de Cobourg de 1846 à 1855. Alors qu’il était âgé de 67 ans, Henry Ruttan fut projeté hors d’une voiture en marche et subit des blessures dont il ne se remit jamais tout à fait. Six ans plus tard, il ressentait les premières atteintes d’une maladie qui mina sa santé et il mourut à l’âge de 79 ans. Ainsi arriva à son terme l’existence utile, aux multiples facettes, d’un homme intelligent et de bonne réputation.

T. Ritchie

APC, FM 24, K2 (Papiers Coventry), 11, Reminiscences of the Hon. Henry Ruttan of Cobourg, pp.361382.— Les autres versions de cette autobiographie sont : Autobiography of the Honorable Henry Ruttan of Cobourg, Upper Canada, copié par C. E. Thomson, Trans. of the United Empire Loyalists Assoc. of Ont., II (1899) : 7584 ; Loyalist narratives from Upper Canada (Talman), 296311.— Henry Ruttan, Lectures on the ventilation of buildings, delivered at the Cobourg Mechanics’ Institute (Cobourg, C.-O., 1848) ; Lecture on ventilation, delivered before the Cobourg Mechanics’ Institute [...] Feby 22, 1858 (Cobourg, C.-O., 1858) ; Ventilation and warming of buildings [...] (New York, 1862).— Cobourg Sentinel, 12 août 1871.— Armstrong, Handbook of Upper Canadian chronology.— Can. Biog. dict., I : 729s.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 329.— Patents of Canada, I, nos 210, 222, 225, 244 ; II, no 311.— Wallace, Macmillan dictionary, 659.— E. C. Guillet, Cobourg, 1798–1948 (Oshawa, Ont., 1948), 2325, 56.

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T. Ritchie, « RUTTAN, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 16 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/ruttan_henry_10F.html.

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Auteur de l'article:    T. Ritchie
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    1972
Date de consultation:    16 nov. 2024