ROSEBOOM (Rooseboom), JOHANNES, commerçant, né vers 1661 à Albany, New York, fils de Hendrick Roseboom et de Gysbertje Lansing ; il épousa Gerritje Coster le 18 novembre 1688 ; inhumé le 25 janvier 1745 à Albany.
Johannes Roseboom commença tôt à pratiquer le métier de son père, lequel s’était fait commerçant de fourrures à Albany avant 1660. Johannes se montra à l’occasion trop entreprenant dans sa chasse aux clients et il fut mis à l’amende en 1678 et en 1685 pour avoir enfreint la loi qui interdisait de proposer des affaires aux Indiens dans la ville. Son commerce devint assez prospère.
Jusqu’à 1723, une loi stipulait que tout le commerce des fourrures de la colonie de New York devait se faire à l’intérieur des murs d’Albany. En 1685, les marchands voulurent resserrer leurs liens commerciaux avec les Hurons et les Outaouais des lacs Huron, Michigan et Supérieur, lesquels venaient commercer à l’occasion. Le gouverneur Thomas Dongan de New York acquiesça à leurs demandes et, en août 1685, il accorda à Johannes Roseboom un laisser-passer pour aller vivre parmi les Indiens et, plus tard, un permis pour voyager, commercer et chasser chez les Hurons et les Outaouais. Guidé par un déserteur français, Roseboom dirigea une expédition, comprenant 11 canots, qui le conduisit jusqu’à Michillimakinac, où il arriva aux environs de juin 1686. Les Indiens furent fort satisfaits des prix élevés qu’ils reçurent de ces premiers commerçants anglais à venir dans cette région des Grands Lacs, et, de leur côté, les commerçants d’Albany furent enivrés du succès de l’expédition, lorsque celle-ci fut de retour à la fin de cet été. Les Français, qui n’avaient pu empêcher cette intrusion, déplorèrent le fait que « Missilimakinac [était] à eux ».
Désireux de renouveler son succès précédent, Roseboom réussit à obtenir un nouveau mandat du gouverneur Dongan. Roseboom et ses hommes partirent à l’automne de 1686, passèrent l’hiver chez les Tsonnontouans et, au printemps de 1687, ils allèrent joindre leurs effectifs à un second groupe dirigé par le major Patrick Magregory. Cependant, ambitionnant d’être les premiers à atteindre Michillimakinac, Roseboom et son groupe prirent les devants. Quand ils furent à moins d’une journée et demie du détroit de Mackinac, ils se heurtèrent à un groupe armé composé de 120 Français et Indiens à la tête desquels se trouvait Olivier Morel* de La Durantaye. Dépassés en nombre, les hommes de Roseboom furent faits prisonniers et amenés en direction de l’est. L’expédition française, à laquelle se joignirent des centaines d’Indiens, rencontra le groupe de Magregory sur le lac Érié, eut facilement raison des Anglais et pilla leurs canots.
Roseboom et les autres prisonniers furent amenés à Niagara (près de Youngstown, N.Y.) où Abel Marion, dit Lafontaine, un de leurs guides, fut exécuté. Ils furent alors conduits à Montréal, puis à Québec où ils furent gardés jusqu’en octobre, alors que le gouverneur Dongan négocia leur mise en liberté. La faillite de l’expédition de Roseboom et de Magregory démontra que les Français continuaient de maintenir leur hégémonie sur les lacs Huron, Michigan et Supérieur et qu’ils ne toléreraient aucun rival. Les commerçants anglais ne purent s’aventurer dans cette région avant 1760. L’occasion de se venger des Français fut donnée à Johannes Roseboom en 1711, durant la guerre de la Succession d’Espagne, alors qu’il accompagna Peter Schuyler* dans une expédition qui entraîna la destruction du poste de traite que Charles Le Moyne* de Longueuil était en train d’ériger à Onondaga (près de Syracuse, N.Y.).
Roseboom continua toute sa vie à s’occuper activement du commerce de la fourrure, achetant les pelleteries que les Indiens lui apportaient à Albany, pour les vendre ensuite en Europe. Il jura en 1723 qu’il n’avait pas vendu de marchandises indiennes directement aux Français. Ses activités s’étendirent aussi à la chose publique. À plusieurs reprises, il occupa le poste d’échevin ; il fut également lieutenant dans la milice et juge de paix. De 1710 à 1712, et de 1728 à 1730, il occupa le poste de commissaire aux affaires indiennes. Les dernières années de sa vie furent plutôt paisibles ; à sa mort survenue en 1745, l’Église hollandaise réformée d’Albany, au sein de laquelle il avait servi comme conseiller presbytéral, lui fit l’honneur d’une sépulture dans la crypte de son temple.
Charlevoix, History (Shea).— The Livingston Indian records 1666–1723, L. H. Leder, édit. (Gettysburg, Penn., 1956), 106s., 146.— Minutes of the court of Albany, Rensselaerswyck, and Schenectady, 1668–1685, traduit et édité par A. J. F. Van Laer (3 vol., Albany, 1926–1932), II : 345, 396 ; III : 327, 418, 538, 545.— Joel Munsell, The annals of Albany (10 vol., Albany, 1850–1859), I : 108, 138, 302 ; II : 18 ; III : 24, 33–34 ; IV : 104, 119, 130, 137, 144, 162, 184, 195 ; V : 125, 141, 173, 187, 288 ; VII : 21, 37, 59, 68, 81, 238.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), III, IV, V, IX.— D. A. Armour, The merchants of Albany, New York : 1686–1760 (thèse de
David A. Armour, « ROSEBOOM (Rooseboom), JOHANNES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/roseboom_johannes_3F.html.
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Auteur de l'article: | David A. Armour |
Titre de l'article: | ROSEBOOM (Rooseboom), JOHANNES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |