ROLLO, JAMES, ébéniste, tapissier et importateur de meubles, né vers 1788, probablement en Écosse ; il épousa Frances McCaulay ; décédé le 30 juin 1820 à Montréal.
James Rollo était établi comme ébéniste, à Montréal, en 1816. Son commerce, situé à ce moment-là au numéro 1 de la rue Saint-Vincent, fut transporté, deux ans plus tard, rue Notre-Dame, près de Saint-Laurent. L’endroit était plus prestigieux. À l’instar de quelques autres ébénistes en vue de Montréal à l’époque, Rollo importait des meubles d’Angleterre. En 1816, il vendait du mobilier « élégant » d’acajou, de fabrication anglaise : lits, tables, chaises, sofas et tabourets de piano. Les meubles importés représentaient, pour les ébénistes de la colonie, une marchandise très en demande, de même que les modèles à la mode, qu’ils reproduisaient dans leurs ateliers. En 1819, par exemple, Rollo annonçait ses produits anglais habituels, « conçus pour répondre aux goûts du jour », et, dans le même texte, offrait de fabriquer « dans les plus courts délais » toute pièce de mobilier qu’on lui commanderait, « d’après les modèles les plus nouveaux ». Parmi les meubles qu’il faisait, il y avait des tables de jeu et des tables dites de Pembroke, avec pieds à griffes, des bureaux, des commodes, des garde-robes, des tables et des chaises de salle à manger, le tout en acajou, et des tables de travail et de toilette pour les dames ; tous ces meubles étaient « fabriqués sous sa direction immédiate ». On trouvait aussi, dans ses salons d’exposition, de beaux lits d’acajou avec ou sans draperies et des tables à café en bois de rose. Il utilisait également des bois indigènes, comme le cerisier, l’érable, le bouleau et le frêne.
Suivant la pratique de son temps, Rollo vendait diverses sortes de bois à de plus petits ébénistes. Il avait en magasin de grandes quantités d’acajou du Honduras et de ce qu’on appelait alors l’acajou espagnol, ce dernier provenant soit de Cuba, soit de Saint-Domingue (île d’Haïti). La plupart des ébénistes de la période de la Régence anglaise vendaient aussi des articles qui n’étaient pas nécessairement liés au commerce du meuble, et Rollo ne faisait pas exception à la règle. Il avait un stock de fusils de chasse et de papiers peints, de même que la gamme complète de tissus pour recouvrir les meubles et pour fabriquer les rideaux (crin, chintz ou moreen), et des objets de laiton.
Le fait que, parmi les clients de Rollo, se trouvaient John et Thomas* McCord indique qu’il avait fait en sorte, pendant le court temps où il exploita son commerce, de s’attirer la clientèle des Montréalais les plus éminents. John McCord lui paya £5 en 1818 pour deux « chaises à bras », et, en mars 1820, Thomas acheta, au prix de £14, un canapé d’acajou couvert d’un tissu de crin. À l’intention de Thomas, Rollo remit aussi à neuf un banc dans la Christ Church, y posant un nouveau tapis et faisant le rembourrage des coussins.
En plus d’occuper une position éminente dans le commerce du meuble à Montréal, Rollo participa activement aux affaires de l’église Scotch Presbyterian, connue plus tard sous le nom de St Gabriel Street ; il y fut nommé chef du chœur en 1817 et ordonné conseiller presbytéral deux ans plus tard. En 1818, il y faisait baptiser un fils, et, en 1820, une fille.
À la fin du printemps de 1820, Rollo s’associa avec un autre ébéniste, George Gray, qui était peut-être son beau-frère. La nouvelle société, dont Rollo était le principal associé, ne pécha pas par timidité, annonçant qu’elle pouvait fabriquer « dans le style le plus moderne », et d’un acajou séché à point, des meubles à la mode comme des canapés à la grecque, des guéridons et des tables à thé. Toutefois, moins d’un mois plus tard, Rollo était mort, à l’âge d’environ 32 ans. Lors de la vente de son propre mobilier et d’autres articles ménagers, on mit également aux enchères des chevaux, une calèche, une charrette et des carrioles, ce qui indique le degré assez remarquable de sa réussite.
Un des anciens employés de James Rollo, Charles Forrest, avait ouvert à son compte une boutique en 1817 pour rembourrer et recouvrir les meubles ; dans sa publicité, il faisait état de l’expérience acquise chez Rollo. Gray, qui obtint la clientèle d’un membre au moins de la famille Molson, continua seul, se maintenant en affaires jusqu’à une époque avancée de l’ère victorienne.
Musée McCord, McCord papers, facture payée de John McCord, 10 oct. 1818 ; facture partiellement payée de Thomas McCord, 30 mars 1820.— PCA, St Gabriel Street Church (Montréal), Reg. of baptisms, marriages, and burials, 26 févr. 1818, 17 avril, 20 mai, 2 juill. 1820 (mfm aux ANQ-M).— Montreal Gazette, 5 juill. 1820.— Montreal Herald, 22 juin, 2 nov. 1816, 5, 31 mai 1817, 9 mai 1818, 24 juill. 1819, 17, 24 juin, 1er, 15 juill. 1820.— An alphabetical list of the merchants, traders, and housekeepers, residing in Montreal ; to which is prefixed a descriptive sketch of the town, Thomas Doige, compil. (Montréal, 1819), 162, 192.— R. Campbell, Hist. of Scotch Presbyterian Church, 320.— Elizabeth Collard, « Montreal cabinetmakers and chairmakers, 1800–1850 : a check list », Antiques (New York), 105 (janv.-juin 1974) : 1145.
Elizabeth Collard, « ROLLO, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rollo_james_5F.html.
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Auteur de l'article: | Elizabeth Collard |
Titre de l'article: | ROLLO, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |