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ROBINSON, ELIZA ARDEN (Redfern), maîtresse de maison et réformatrice sociale, née vers 1852 à St Neots, Angleterre, fille de William Augustus Robinson ; le 5 octobre 1877, elle épousa à Victoria Charles Edward Redfern, et ils eurent six filles et trois fils ; décédée le 19 mars 1906 au même endroit.
Le jour de la mort d’Eliza Arden Redfern, on mit les drapeaux des édifices publics en berne à Victoria. Le journal du soir, le Victoria Daily Times, publia la triste nouvelle au centre de sa première page. Militante pour la protection de l’enfance et épouse d’un homme d’affaires en vue qui avait fait de la politique, Mme Redfern avait vécu sous le feu des projecteurs durant plus d’un quart de siècle.
À bien des égards, Eliza Arden Robinson avait mené une vie conventionnelle, organisée en fonction de son double rôle d’épouse et de mère, comme la plupart des femmes de sa génération. Fille d’un ministre anglican irlandais, elle était arrivée à Victoria en 1875 et y avait rencontré Charles Redfern, qu’elle avait épousé en octobre 1877 à l’église St John the Divine. Rapidement, elle avait été absorbée par ses obligations maternelles : ayant donné naissance à son premier enfant 11 mois seulement après son mariage, elle en eut, dans les 12 années suivantes, huit autres, qui atteignirent tous l’âge adulte.
Ce qui n’est pas conventionnel dans la vie d’Eliza Arden Redfern, c’est son dévouement à la chose publique. Au début, on ne la vit dans le monde qu’en tant qu’épouse de Charles Redfern. Celui-ci occupait déjà au moment de leur mariage une position enviable à Victoria, car il était conseiller municipal du quartier James Bay, et propriétaire d’une bijouterie et horlogerie. Grâce à lui, Eliza Arden Redfern entra dans l’élite sociale plutôt élastique de la ville, et fréquenta les familles d’hommes d’affaires, d’hommes politiques, de membres des professions libérales, d’ecclésiastiques de haut rang et de membres de la gentry anglaise qui la composaient. Sa position sociale s’était d’ailleurs améliorée fort rapidement. Le soir même de leur mariage, les Redfern étaient au nombre des invités à un bal de la marine tenu à Esquimalt par le commandant en chef de l’armée de mer de Sa Majesté dans le Pacifique. Le compte rendu du bal et le nom de tous les invités avaient paru comme il se devait dans le journal du lendemain matin. Ce passage sous les feux de la rampe fut très utile à Eliza Arden Redfern, car son mari continua son ascension sociale : il prit une part de plus en plus active à des projets d’amélioration communautaire et fut maire de Victoria en 1883, 1897, 1898 et 1899.
Cependant, Eliza Arden Redfern s’accommodait mal de son lot de mère et de maîtresse de maison à plein temps. Elle commença donc à offrir ses services pour améliorer la situation des plus démunis de la ville chaque fois que ses obligations et ses forces le lui permettaient. Comme certaines de ses contemporaines de Victoria et d’ailleurs au Canada, elle estimait souhaitable que les femmes ne se confinent pas à la famille et donnent à leur rôle maternel un sens qui lui permette de l’exercer dans l’ensemble de la collectivité. Elle porta son choix vers le mouvement de réforme sociale touchant la protection de l’enfance. Au nom de son mari, elle fournit nourriture et argent au British Columbia Protestant Orphans’ Home. La Friendly Help Society, reliée au Local Council of Women of Victoria and Vancouver Island, bénéficia elle aussi de ses largesses pour la distribution d’aliments, de lait, de combustible et de meubles aux nécessiteux. Mais c’est à la Children’s Aid Society de Victoria, créée en 1901 par le Children’s Protection Act of British Columbia, qu’elle consacra toute son attention. S’employant avec un zèle soutenu à la prévention de la cruauté et de la négligence, la Children’s Aid Society cherchait, par l’information et le secours, à améliorer les conditions de vie des enfants dans leur propre foyer, s’appuyant en cela sur le caractère sacré de la cellule familiale. Cependant, lorsqu’il s’agissait d’orphelins, d’enfants abandonnés ou encore d’enfants maltraités par des adultes récalcitrants, elle intervenait pour placer les enfants dans des familles d’accueil.
Eliza Arden Robinson Redfern était particulièrement douée pour trouver des familles désireuses d’accueillir des enfants abandonnés. Selon ses collègues, elle se dépensa sans relâche pour la Children’s Aid Society, ce qui lui valut d’en occuper la vice-présidence de 1904 jusqu’à sa mort en 1906. Le travail considérable qu’elle y a accompli la place au premier rang des femmes qui ont cherché à améliorer la qualité de la vie au Canada à la fin du xixe et au début du xxe siècle.
BCARS, Add. mss 431, 1901–1906.— EEC, Diocese of British Columbia Arch. (Victoria), Church of St John the Divine (Victoria), RBMS, 5 oct. 1877, 1878–1890.— Daily Colonist (Victoria), 1877–1906, 20 mars 1906, 27 mars 1929, 8 mai 1949, supplément : 10.— Victoria Daily Times, 1901–1906, 19 mars 1906, 27 mars 1929.— British Columbia Protestant Orphans’ Home, Constitution and by-laws ; incorporated under the Benevolent Societies Act ([Victoria ?, 1892 ?]) ; Report (Victoria), 1888–1895.— Kerr, Biog. dict. of British Columbians.— NCWC, Year book, 1898.— Scholefield et Howay, British Columbia, 4.— Who’s who in western Canada [...], C. W. Parker, édit. (2 vol., [Vancouver ?], 1911–1912), 1.
Linda L. Hale, « ROBINSON, ELIZA ARDEN (Redfern) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robinson_eliza_arden_13F.html.
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Auteur de l'article: | Linda L. Hale |
Titre de l'article: | ROBINSON, ELIZA ARDEN (Redfern) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |