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ROBINAU DE PORTNEUF, PHILIPPE-RENÉ (mieux connu sous le nom de René Portneuf), prêtre, curé, baptisé à Montréal le 13 août 1707, fils de René Robinau* de Portneuf et de Marguerite Daneau de Muy, tué par les Anglais à Saint-Joachim, près de Québec, avec un groupe de ses paroissiens le 23 août 1759.

N’eût été sa participation à la guerre de la Conquête, le curé Philippe-René Robinau de Portneuf serait sans doute passé inaperçu. Ordonné prêtre à Québec le 21 octobre 1731, il fut nommé l’année suivante curé à Saint-Jean, île d’Orléans. Il y exerça cette charge jusqu’en 1735. Les registres de la paroisse, à part les actes routiniers du ministère, ne nous ont laissé à son sujet que cet épisode pour le moins savoureux où il déclare le 12 avril 1734 « s’être nommé parrain après avoir refusé Simon Campagna, à cause de son ignorance crasse et manifeste » alors qu’il l’avait « interrogé sur le petit catéchisme ». Puis, au cours des 24 années suivantes, il est curé à Saint-Joachim, à quelques lieues en aval de Québec, sur la rive nord du Saint-Laurent, en face de l’extrémité nord-est de l’île d’Orléans. Il va sans dire que l’endroit était bien situé pour observer les mouvements des navires anglais, à l’approche de la campagne finale qui allait décider du sort de Québec.

Au printemps de 1759, les Anglais remontèrent le Saint-Laurent, avec le dessein bien arrêté de s’emparer de Québec. Il se rendirent facilement maîtres du fleuve jusqu’aux abords de la ville, détruisant au passage bon nombre de fermes et quelques églises. Sur ce dernier point cependant, les ordres étaient stricts : ils devaient respecter les églises, à condition que les Français ne s’en servent point pour des opérations de défense. Du côté français, il faut distinguer, à l’égard de la population, entre l’attitude des autorités civiles et militaires et celle des autorités religieuses. Pour les premières, cette guerre prenait l’allure d’une résistance générale à laquelle toute la population était invitée à participer. La coopération avec les forces militaires, d’où qu’elle vînt, était bien accueillie, voire même encouragée, et ce nonobstant les lois de la guerre qui défendaient aux civils de se mêler aux opérations militaires.

James Wolfe le savait bien et il ne manqua pas de rappeler aux habitants le danger qu’ils couraient d’être pris les armes à la main ; des menaces, il passa aux représailles à plusieurs reprises, chaque fois qu’on avait fait fi des avertissements. Quant aux autorités religieuses, elles se cantonnaient dans une prudente réserve, se contentant de donner des directives aux pasteurs en leur rappelant la défense de porter les armes sous peine d’excommunication et le devoir de veiller avant tout aux intérêts spirituels de leurs ouailles. « Si par hasard l’ennemi descendait dans une paroisse, écrit Mgr de Pontbriand [Dubreil] dans un mandement en date du 5 juin 1759, le curé lui fera toutes les politesses possibles, le priant d’épargner le sang et les églises. » On peut dire que dans une très forte majorité le clergé s’en tint à cette ligne de conduite. Sur les 194 prêtres que comptait alors l’Église canadienne, l’historien Marcel Trudel a pu en dénombrer à peine une quinzaine « plus ou moins engagés dans le conflit », à part, bien entendu, les aumôniers militaires. De ce nombre, deux seulement périrent victimes de leur zèle intempestif : l’ecclésiastique Joseph Couillard, qui servit sous les ordres de Bougainville* et se fit tuer au cours d’une escarmouche en revenant chez lui après la défaite des Plaines d’Abraham, et aussi le curé Portneuf.

Ce n’est qu’en août 1759, quelques semaines seulement avant sa mort, qu’il est question d’une participation de l’abbé Portneuf aux opérations de la guerre. Au cours de ce mois, il envoie trois lettres au gouverneur Rigaud* de Vaudreuil, l’informant des mouvements de la flotte anglaise. Le gouverneur répond le 20 août, recommandant au curé de faire en sorte que « les habitants se réunissent qu’ils soient toujours surveillans et en état d’opposer la plus vive résistance aux anglais ». C’est le temps où ces derniers se livrent à des raids dévastateurs sur la côte de Beaupré et ailleurs aux alentours de Québec, en guise de représailles et aussi pour détourner les habitants de harceler leurs troupes ou de se porter à l’aide des troupes françaises.

Il est difficile de préciser exactement les circonstances de la mort du curé Portneuf, les récits tant anglais que français étant contradictoires ou parsemés d’invraisemblances. Du côté anglais, on a tendance à exagérer l’importance de la participation du curé aux opérations militaires : le nombre de ses partisans oscille de 20 à 150. On nous décrit ces gens retranchés dans une maison imposante, défiant les troupes anglaises ; ils se déguisent même en Indiens. Du côté français, les chiffres sont beaucoup moins élevés. Le nombre des participants ne dépasse pas la cinquantaine et celui des victimes, la vingtaine. En revanche, on ne ménage pas les mots pour décrire l’inhumanité des Anglais vis-à-vis du « pauvre » curé et de ses habitants. De sang froid, ces « cruels ennemis », après avoir eu raison du curé et de ses paroissiens, lui font « couper le col [...] dans son église même ». Un autre récit parle du curé qui a eu « la tête ouverte en quatre et toute la chevelure faite », sans expliquer comment les deux opérations puissent se concilier. Ailleurs, l’abbé, après avoir été tué, se voit reprocher par les Anglais « d’être sorti de son état et d’avoir excité [des] habitants à les insulter ». Histoire d’ajouter du piquant, un auteur précise que le curé et ses paroissiens étaient « à genoux demandant quartier [...] sans doute trop faible ». De là à faire du curé Portneuf un martyr, il n’y avait qu’un pas. L’abbé Auguste-Honoré Gosselin* l’a aisément franchi, lorsqu’il écrit que le curé « s’étant retiré dans les bois avec des paroissiens, conformément à l’ordonnance de l’évêque [...] pour leur administrer, au besoin, les secours de son ministère », est cerné et massacré.

Il y a de quoi rester perplexe devant cette accumulation de renseignements, provenant tous, notons-le, de gens informés par ouï-dire. Un seul document peut nous aider à faire de la lumière. C’est l’acte de sépulture où il est dit que le curé fut « massacré par les Anglois le 23 etant à la tete de sa paroisse pour la déffendre des incursions et hostilités qu’y faisoit lennemis ». Suivent les noms de sept paroissiens tués en même temps que lui. Ce document, écrit par Jean-Louis-Laurent Parent, curé de la paroisse Sainte-Anne-du-Petit-Cap (Sainte-Anne-de-Beaupré), trois jours après l’incident, ramène l’affaire à de plus justes proportions. Le curé a bel et bien participé à la résistance avec un groupe de paroissiens, justifiant ainsi l’action des Anglais. Est-il mort sous les balles ou « hâché à coups de sabre » ? Les deux choses sont également possibles. Quant à l’endroit, il semble bien que l’incident eut lieu non loin de l’église et du presbytère de Saint-Joachim, puisque les deux édifices furent détruits à la même occasion. C’est pour cette raison d’ailleurs que les cadavres furent inhumés dans la paroisse voisine.

L’affaire du curé Portneuf se réduit en somme à un incident mineur comme il en arrive dans toutes les guerres, mais qui a frappé les imaginations, probablement parce qu’il était inusité à l’époque de voir un curé mourir alors qu’il participait à une opération militaire. Le geste du curé Portneuf, bien que voué d’avance à l’échec, peut à la rigueur être envisagé comme une courageuse tentative d’opposer à l’envahisseur une digne résistance avant la défaite finale.

Jean-Pierre Asselin

Archives paroissiales de Sainte-Anne (Beaupré, Québec), Registres des baptêmes, mariages et sépultures, 26 août 1759.— Gosselin, LÉglise du Canada jusquà la conquête, III : 511.— Trudel, LÉglise canadienne, II : 1–65 (dans cet ouvrage, l’auteur donne une abondante bibliographie sur la vie de ce personnage qu’il a étudié de façon .]).

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Jean-Pierre Asselin, « ROBINAU DE PORTNEUF, PHILIPPE-RENÉ », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/robinau_de_portneuf_philippe_rene_3F.html.

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Auteur de l'article:    Jean-Pierre Asselin
Titre de l'article:    ROBINAU DE PORTNEUF, PHILIPPE-RENÉ
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    19 mars 2024