ROBBINS, ABEL CUTLER, homme d’affaires, né le 19 octobre 1819 à Chebogue Point, Nouvelle-Écosse, neuvième des treize enfants de Joseph Robbins et de Hannah Raymond ; en septembre 1848, il épousa à Yarmouth, Nouvelle-Écosse, Sarah Jane Porter, et ils eurent trois fils et cinq filles ; décédé le 5 septembre 1901 à Yarmouth.

Abel Cutler Robbins était un descendant d’Abigail Robbins, une des premières concessionnaires du canton de Yarmouth. Jeune, il aida à exploiter la ferme familiale de Chebogue Point. En 1840, après un an en mer et un an d’enseignement, il s’associa à William H. Townsend*. La Townsend and Robbins vendit des marchandises sèches et de la quincaillerie dans un local de la grand-rue de Yarmouth jusqu’en 1847, après quoi Robbins ouvrit son propre magasin général. De 1857 à 1860, il tint aussi le bureau de poste dans le même immeuble.

Robbins s’était lancé en affaires au moment même où Yarmouth entrait dans sa période de croissance économique la plus forte. En 1850, son commerce était bien implanté. Au fil des 20 années suivantes, il devint copropriétaire puis unique propriétaire de bon nombre des navires que l’on construisait alors pour une activité fort lucrative : le transport vers l’Europe et les États-Unis. Dans les années 1860 et 1870, il était l’un des principaux armateurs de Yarmouth ; on a dit en 1871 que personne dans le comté ne possédait plus de voiliers que lui. Dans la période qui se termina en 1885, les navires qu’il immatricula jaugeaient, en tout, 28 320 tonneaux. Les registres maritimes révèlent une augmentation constante du tonnage. Au début, Robbins n’avait que des petits bricks ; par la suite, il eut des bâtiments de 1 000 tonneaux au moins.

À la différence de la plupart des armateurs de Yarmouth, ce ne sont pas ses relations familiales mais ses relations d’affaires avec Townsend et George Stayley Brown, eux-mêmes importants armateurs, qui amenèrent Robbins à faire du transport maritime. Toutefois, comme la plupart d’entre eux, il ne s’y cantonna pas. Ayant fermé son magasin en 1873, il fonda l’année suivante, avec Edward F. Parker et Arthur Eakins, la Parker, Eakins and Company. D’abord maison de commission et grossiste de produits d’épicerie, elle ajouta bientôt à ses activités la conservation du poisson et l’exportation. Elle exploitait deux grands quais sur le front de mer et un troisième de l’autre côté du port. Pour que les chargements de bois et d’autres marchandises se rendent jusqu’aux navires amarrés à l’un de ses quais, elle posa des rails qui rejoignaient ceux du Dominion Atlantic Railway. Il y eut des années où elle négocia plus de 500 000 $ de marchandises. Robbins y fut associé jusqu’à sa mort.

La plus grande partie de la richesse que le transport maritime apportait à Yarmouth restait dans la région et était investie dans une multitude de commerces et d’industries. Robbins s’intéressa à bon nombre d’entreprises qui furent profitables pour Yarmouth et sa population. Il figura parmi les premiers actionnaires des compagnies d’assurance Commercial, Atlantic, Pacific, et Oriental, détint des actions de l’Acadian Insurance Company et appartint au conseil d’administration de la Yarmouth Marine Insurance Association. En outre, il fut en 1881 président fondateur de la Mutual Relief Society of Nova Scotia, qui s’annonçait comme la « toute première société d’assurance-vie établie dans la province sur une base parfaitement équitable ».

Président de l’Exchange Bank de Yarmouth de 1874 jusque dans les années 1880, Robbins fut aussi administrateur de la Bank of Yarmouth de 1866 à 1875. Parmi les entreprises qu’il fit bénéficier de son expérience à titre de membre de leur conseil d’administration, il y eut la Yarmouth Duck and Yarn Company, la Yarmouth Gas Light Company, la Western Counties Railway Company, la Yarmouth Woollen Mill Company, la Power Knitting Company et la Burrell-Johnson Iron Company. En outre, il contribua en 1842 à la fondation de la Yarmouth County Agricultural Society.

Membre des deux congrégations baptistes Zion de la ville, dont il soutenait généreusement tous les programmes, Robbins appartint au conseil d’administration de l’Acadia College de Wolfville, auquel il fit de nombreux dons, et fut à un moment donné président du Baptist Home Missions Board.

Né dans une famille d’agriculteurs, Abel Cutler Robbins se tourna très jeune vers le transport maritime. Grâce à son labeur et à son esprit d’initiative, il devint un armateur en vue, et il investit ses bénéfices dans des entreprises locales. En cela, il est représentatif des hommes qui, au milieu du xixe siècle, firent de Yarmouth un port en eau profonde de renommée mondiale.

Helen J. Hall

AN, RG 42, E1, 1186–1192, 1196–1198, 1200, 1439–1441 (mfm au Yarmouth County Museum and Hist. Research Library, Yarmouth, N.-É.).— V. S. Sweeney Limited (Yarmouth), Sweeney’s funeral records (photocopies de transcriptions au Yarmouth County Museum and Hist. Research Library).— Yarmouth County Museum and Hist. Research Library, Arch. files, YMS 4-6 (Bank of Yarmouth) ; 4-7 (Exchange Bank of Yarmouth) ; 4-9 (Burrell-Johnson Iron Company) ; 4-88 (Yarmouth Woollen Mill) ; Clement Doane, cemetery records ; Grantees’ map of Yarmouth Township ; Robbins geneal., G. S. Brown, compil.— Progress (Saint-Jean, N.-B.), 14 oct. 1893.— Times (Yarmouth), 6 sept. 1901.— Yarmouth Light, 12 sept. 1901.— Yarmouth Telegram, 6 sept. 1901.— R. M. Aitken, « Localism and national identity in Yarmouth, N.S., 1830–1870 » (thèse de m.a., Trent Univ., Peterborough, Ontario, 1975).— David Alexander, « The port of Yarmouth, Nova Scotia, 1840–1889 », Ships and shipbuilding in the North Atlantic region, Keith Matthews et G. [E.] Panting, édit. ([St John’s], 1978), 77–103.— Annuaire, Yarmouth, 1890, 1895.— G. S. Brown, Yarmouth, Nova Scotia : a sequel to Campbell’s « History » (Boston, 1888).— Busy East of Canada (Sackville, N.-B.), 7 (1916–1917), n° 11/12.— J. R. Campbell, A history of the county of Yarmouth, in Nova Scotia (Saint-Jean ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972).— Canadian biog. dict.— Haley, Robbins, Cook, J. L. Haley, édit. (St Stephen [St Stephen-Miltown], N.-B., 1939 ; exemplaire au Yarmouth County Museum)— J. M. Lawson, Record of the shipping of Yarmouth, N.S., containing a list of vessels owned in the county of Yarmouth since its settlement in 1761 [...] (Yarmouth, 1876) ; Yarmouth past and present : a book of reminiscences (Yarmouth, 1902).— G. [E.] Panting, « Cradle of enterprise : Yarmouth, Nova Scotia, 1840–1889 », The enterprising Canadians : entrepreneurs and economic development in eastern Canada, 1820–1914, L. R. Fischer et E. W. Sager, édit. ([St John’s], 1979), 253–271.— Marguerite Woodworth, History of the Dominion Atlantic Railway ([Kentville, N.-É.], 1936).« Yarmouth shipping-related businesses and industries », Randy Saulnier, compil. (rapport d’une recherche subventionnée par Jeunesse Canada au travail, Yarmouth, 1977 ; exemplaire au Yarmouth County Museum).

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Helen J. Hall, « ROBBINS, ABEL CUTLER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/robbins_abel_cutler_13F.html.

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Auteur de l'article:    Helen J. Hall
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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