Titre original :  Doctor Elson Irving Rexford, secretary of the Department of Education, 1882-1891

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REXFORD, Elson Irving, enseignant, ministre anglican, administrateur scolaire et fonctionnaire, né le 17 juin 1851 dans le canton de Bolton, Bas-Canada, fils d’Orrin Rexford et d’Eliza Dimond ; le 13 septembre 1882, il épousa à Montréal Louisa Norris, et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 21 octobre 1936 à Westmount, Québec.

Originaires de la Nouvelle-Angleterre, les Rexford s’installèrent dans les Cantons-de-l’Est du Bas-Canada en 1794. Elson Irving Rexford grandit à la ferme familiale de South Bolton (Bolton-Est). À cause de l’invalidité partielle de son père, qui souffrait de problèmes à un genou, Elson Irving dut très tôt assumer progressivement la responsabilité des travaux de la ferme. L’Église d’Angleterre au Canada fonda un lieu de culte au village dans les années 1860 ; la famille y adhéra alors officiellement.

Elson Irving entama ses études à l’école locale, située sur la propriété des Rexford. Sa mère, qui avait reçu une certaine formation d’institutrice, remplaçait parfois le titulaire de classe. Il fréquenta ensuite les écoles de West Brome (Lac-Brome), Mansonville (Potton) et Knowlton (Lac-Brome), puis, en 1866, entra à la McGill Normal School de Montréal. Il obtint un diplôme d’enseignement pour l’école primaire et un diplôme d’enseignement pour l’école modèle respectivement en 1867 et 1868 ; il termina premier de sa promotion.

En 1868–1869, Rexford travailla comme enseignant adjoint dans une école de la rue Panet à Montréal, dirigée par le Bureau des commissaires des écoles protestantes. L’année scolaire suivante, on le nomma enseignant en chef, avec un salaire annuel de 900 $.

Rexford démissionna pour s’inscrire au programme d’arts du McGill College en 1871, mais continuerait d’enseigner à l’école du dimanche pendant ses études. En 1876, il obtint une licence ès arts avec mention très bien en philosophie intellectuelle et morale. La même année, il reçut une licence en théologie du Montreal Diocesan Theological College, alors sous la direction de Joseph Albert Lobley*. Rexford compta parmi les premiers étudiants de ce collège fondé en 1873. Ordonné diacre en 1876, il se vit affecté à l’église St Luke de Montréal en janvier de l’année suivante. Après moins de deux ans de service auprès de cette église, Rexford développa des problèmes inexpliqués à un genou, qui le forcèrent à marcher avec des béquilles durant les deux années subséquentes. Il éprouva des difficultés à se déplacer dans sa paroisse et laissa vite tomber le ministère actif pour entreprendre une carrière en éducation. Il resterait toutefois affilié à l’Église d’Angleterre au Canada toute sa vie, et l’importance qu’il accordait à l’enseignement moral et religieux, synonymes à ses yeux, en viendrait à caractériser son travail d’enseignant.

En 1878, Rexford devint assistant-professeur de la High School of Montreal, où il enseigna principalement les mathématiques. L’année suivante, on le promut directeur adjoint, fonction qu’il occuperait jusqu’en 1882. Durant cette période, il se forgea une réputation d’orateur éloquent et passionné sur l’éducation. Il présenta des exposés aux réunions d’une association locale d’instituteurs et de la Provincial Association of Protestant Teachers, dont il demeurerait membre actif pour le reste de ses jours.

Rexford s’installa à Québec en 1882 pour succéder à Henry Hopper Miles* comme secrétaire anglais du département de l’Instruction publique. Il figurait alors déjà parmi les éducateurs de langue anglaise les plus connus de la province. Ainsi débuta sa carrière administrative, qu’il passa à réaliser des activités de fondation, d’organisation et de systématisation. À l’époque où il entra en fonction, les normes qui régissaient la formation des enseignants étaient peu élevées, les examens externes n’existaient pas et il n’y avait pas de lectures obligatoires ou suggérées. En 1884, Rexford établit un programme d’études pour l’ensemble des écoles protestantes et une liste de livres recommandés (dont l’enseignement moral faisait partie). Il instaura des inspections régulières et des examens provinciaux dans les écoles supérieures dès 1887. Selon lui, si les enseignants n’avaient pas une bonne formation, les efforts d’organisation demeureraient vains. Grâce à des bourses et à l’amélioration de leur apprentissage, on haussa graduellement leur qualification ; des cours d’été de cinq jours dans les écoles normales s’avérèrent fort efficaces à cet égard. Rexford s’inquiétait particulièrement de l’éducation en milieu rural. Il croyait que les enfants des fermiers devaient non seulement recevoir une instruction adéquate, mais aussi apprendre la place qu’occupait l’agriculture dans la vie communautaire. Il entreprit de regrouper de petites écoles de campagne pour en créer de plus grosses, car il craignait qu’une école de taille modeste ne puisse offrir les cours de français facultatifs. Il contribua également à l’établissement de salaires de base pour les instituteurs en zone rurale. En 1888, il supervisa la révision et la systématisation des lois en éducation et la codification des règlements élaborés par le comité protestant du Conseil de l’instruction publique. Deux ans plus tard, une modification obligea les écoles protestantes à fournir une demi-heure d’enseignement non confessionnel par jour en morale et en histoire des Écritures. Rexford démissionna de son poste de secrétaire anglais en 1891 ; l’uniformisation de l’instruction protestante au Québec était alors chose faite.

En 1891, Rexford quitta ses fonctions à Québec pour assumer la direction de la High School of Montreal, qui accueillait quelque 300 garçons, pour un salaire annuel de 3 000 $. Il garda un lien avec le département de l’Instruction publique à titre de membre du comité protestant. L’école secondaire traversait une période particulièrement difficile : le 28 novembre 1890, un incendie avait détruit le bâtiment, et la controverse autour du type d’enseignement à offrir – classique, scientifique ou commercial – battait son plein. Rexford préférait donner toutes ces options aux classes avancées. Dans un discours prononcé devant la Dominion Educational Association le 8 juillet 1892, il déclara : « Le but premier de l’éducation est de produire des hommes et des femmes […] Nous sommes éducateurs pour façonner des hommes capables d’incarner tout ce qu’ils peuvent être appelés à devenir. » Sa préoccupation principale demeurait cependant l’enseignement moral et religieux, qui, selon lui, devait exercer un rôle central. Au cours de son directorat, il fit de l’établissement une école des plus modernes, à l’image de ses idéaux. Rexford veilla à ce que les élèves reçoivent obligatoirement une demi-heure quotidienne d’enseignement moral et religieux. Croyant que le bien-être du corps contribuait à la santé morale et mentale, il mit sur pied un programme d’éducation physique et des équipes de sport. Il fonda également un orchestre. Rexford laissait très peu de choses au hasard. Son approche méthodique lui permettait de s’assurer qu’on apporte l’attention nécessaire à tous les aspects de la vie scolaire, notamment la discipline et l’esprit d’école, qui figuraient parmi ses préoccupations principales. Il faisait imprimer des programmes pour les assemblées et donnait des instructions précises aux élèves, aux parents et aux enseignants (celles-ci portaient parfois sur des questions aussi mineures que la mise au rebut des bouts de craie, par exemple). Même si le poste de Rexford ne le contraignait aucunement à enseigner sur une base régulière, il assistait souvent à des cours et remplaçait à l’occasion les titulaires de classe, ce qui l’aidait à tâter continuellement le pouls de l’école. Grâce à son succès, en 1896, on le plaça également à la tête de la High School for Girls ; il y demeura jusqu’à ce qu’il quitte ses fonctions de directeur en 1903.

Rexford poursuivit ses propres études religieuses tout en assumant ses tâches de direction. En 1894, il reçut son ordination à la prêtrise de l’Église d’Angleterre au Canada. Il se rendit à Boston deux ans plus tard pour participer au congrès de l’International Sunday School Association ; il siégerait à son comité des leçons pendant 29 ans. Il trouva aussi le temps d’obtenir une maîtrise ès arts, que lui décerna la McGill University au printemps de 1903.

Rexford quitta l’école secondaire en 1903 pour prendre la direction du Montreal Diocesan Theological College, responsabilité qu’il assumerait de 1904 à 1928. Il joua un rôle prépondérant dans deux changements d’une importance particulière. Le premier fut l’établissement, en 1912, du Joint Board of the Theological Colleges Affiliated with McGill University, qui regroupait anglicans, congrégationalistes, méthodistes et presbytériens. Cette expérience innovatrice donna un caractère distinctif à l’enseignement théologique à Montréal et à la McGill University, même si la faculté de théologie ne serait créée qu’en 1948. Au Canada et dans la plus grande partie du monde anglophone, une telle coopération œcuménique entre les écoles de théologie ne se répandrait pas avant les années 1970. Malgré la nature et la fonction universitaires de ce conseil d’administration commun, les instigateurs de sa fondation et de ses activités courantes étaient surtout des laïcs. Le deuxième survint en 1925, quand l’Assemblée législative de la province de Québec accorda au collège le pouvoir de délivrer des diplômes (pouvoir que détenait le synode de la province ecclésiastique du Canada depuis 1891). Avec l’évêque anglican de Montréal, John Cragg Farthing*, Rexford avait défendu cette mesure avec vigueur. Grâce à sa longue expérience en éducation, il conduisit le projet de loi jusqu’à son adoption.

Vers la fin de la Première Guerre mondiale, le gouvernement canadien et la Young Men’s Christian Association fondèrent la Khaki University en Grande-Bretagne, dans le but d’aider les soldats à reprendre leurs études. Dans le cadre du projet, on établit un collège de théologie à Ripon et on chargea le conseil d’administration commun de constituer le corps professoral nécessaire. Rexford se vit nommé doyen ; cinq autres professeurs, dont deux du conseil, se joignirent à lui. Autorisé à s’absenter de son collège à Montréal, Rexford travailla en Angleterre de novembre 1918 à l’été de 1919.

À son retour au Canada, Rexford lutta sans relâche, mais en vain, au sein du comité protestant en vue d’étendre le rôle de l’éducation religieuse. Ses efforts prirent fin avec le rejet, en 1922, du manuel qu’il avait écrit sur le sujet ; des problèmes pratiques que posait l’enseignement de la religion motivèrent principalement la décision du comité à cet égard. Si le programme officiel des écoles protestantes de la province de Québec prévoyait toujours une demi-heure quotidienne d’instruction morale et religieuse, les enseignants disposaient toutefois d’une grande liberté quant à l’utilisation de ce temps. Nombre d’entre eux estimaient ne pas posséder les compétences nécessaires pour enseigner cette matière, surtout à des groupes d’élèves de confessions, ou même parfois de croyances, diverses. Ainsi, au début des années 1920, l’enseignement religieux avait presque entièrement disparu du système des écoles protestantes.

De 1916 à 1930, Rexford s’opposa avec succès à la nomination de commissaires juifs au Bureau des commissaires des écoles protestantes de Montréal [V. Maxwell Goldstein]. Même s’il se réjouissait de voir des élèves juifs fréquenter les écoles, il craignait que l’inclusion de Juifs au bureau n’en affaiblisse la nature protestante.

Rexford prit sa retraite du Montreal Diocesan Theological College en 1928 avec le titre de directeur émérite. Il continuerait de siéger au comité protestant jusqu’à l’année de sa mort. Il devint l’un des premiers protestants nommés à l’ordre du Mérite scolaire de la province, et en reçut en 1931 la décoration du troisième et plus haut degré ainsi que le diplôme de très méritant. Il poursuivit sa longue affiliation avec des conseils de l’Église d’Angleterre au Canada, et agit comme délégué des synodes provincial et général. Il remplit les fonctions de premier président du General Board of Religious Education de l’Église d’Angleterre au Canada de 1918 à 1925, et y demeura par la suite en tant que conseiller spécial. Il reçut des doctorats honorifiques de plusieurs établissements : en droit de la McGill University en 1904, en droit civil du Bishop’s College de Lennoxville (Sherbrooke) en 1910, et en théologie du collège presbytérien de Montréal en 1917. En 1913, Mgr Farthing le désigna chanoine honoraire de la cathédrale Christ Church de Montréal.

Elson Irving Rexford mourut dans sa résidence de Westmount à l’âge de 85 ans, après 68 ans d’engagement dans le domaine de l’éducation au Québec. Même si ses efforts de promotion de l’enseignement moral et religieux dans le système des écoles protestantes ne produisirent pas les effets escomptés, ils constituèrent sans contredit sa plus grande source de fierté.

Richard Virr

Elson Irving Rexford est l’auteur de : Manual of the school law and regulations of the province of Quebec […] (Montréal, 1890) ; « Our educational past and present », Educational Record of the Province of Quebec (Québec), 10 (1890) : 311–329 ; et Our educational problem : the Jewish population and Protestant schools (Montréal, [1923 ?]). Il a aussi écrit, en collaboration avec Isaac Gammell et A. R. McBain, The history of the High School of Montreal ([Montréal, 1950]).

Ancestry.com, « Web : Index des mariages non catholiques à Montréal, Canada, 1766 à 1899 » : www.ancestry.ca (consulté le 20 mars 2019).— FD, Anglican Church (Knowlton, Québec), 21 oct. 1936 ; Methodist Church (Bolton, Québec), 17 juin 1851.— J. I. Cooper, The blessed communion : the origins and history of the diocese of Montreal, 1760–1960 ([Montréal], 1960).— G. E. Flower, « A study of the contributions of Dr. E. I. Rexford to education in the province of Quebec » (mémoire de m.a., McGill Univ., Montréal, 1949).— Oswald Howard, The Montreal Diocesan Theological College : a history from 1873 to 1963 (Montréal, 1963).

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Richard Virr, « REXFORD, ELSON IRVING », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/rexford_elson_irving_16F.html.

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Auteur de l'article:    Richard Virr
Titre de l'article:    REXFORD, ELSON IRVING
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2023
Année de la révision:    2023
Date de consultation:    20 déc. 2024