PURVIS, NANCY, marchande et institutrice, née vers 1790 ; décédée le 9 avril 1839 à Bridgetown, Nouvelle-Écosse.

On ignore où Nancy Purvis naquit, comment s’appelaient ses parents et comment se passa son enfance. On sait qu’elle épousa James Purvis, employé des douanes à Halifax dont les origines sont également inconnues. Il mourut intestat le 15 avril 1830 à l’âge de 57 ans, et laissa Nancy avec trois filles mineures. En juin, sûrement en raison des difficultés financières dans lesquelles l’avait plongée la mort de son mari, elle ouvrit chez elle, en face de la résidence du lieutenant-gouverneur, un magasin de modes et de mercerie. De toute évidence, son entreprise ne dura pas car Mme Purvis cessa de faire de la réclame en septembre. L’année suivante, elle publiait dans le Novascotian, or Colonial Herald un avis où elle annonçait son intention d’ouvrir une école à Halifax, avec l’assistance de ses filles. Ses conditions étaient les suivantes : « lecture, écriture, arithmétique, grammaire, géographie, couture simple et broderie, 30 shillings par trimestre. Pour les jeunes enfants, qui peuvent n’avoir à apprendre qu’à lire et à manier l’aiguille, 20 shillings. Français et musique, si désiré, par des maîtres compétents, aux conditions habituelles. » On ne sait pas au juste si cette école eut du succès ou non, mais l’avis parut jusqu’en janvier 1832. En 1834, Mme Purvis et ses filles n’habitaient plus au même endroit, mais s’occupaient encore de l’éducation des jeunes femmes. Les demoiselles Purvis déclaraient dans le Novascotian du 18 septembre que leur école était alors prête à recevoir des élèves dont l’« esprit et les manières fer[aient] l’objet de la plus scrupuleuse attention ». Par la suite, il n’est plus fait mention de cette école ; on ignore s’il s’agit d’un nouvel établissement ou du même que précédemment mais situé à un autre endroit.

En 1836, Mme Purvis et ses filles vivaient à Bridgetown. Apparemment, elles y ouvrirent un pensionnat pour jeunes filles, et ce, dit-on, en grande partie grâce à l’appui d’un hôtelier de l’endroit, John Quirk*, et d’autres citoyens désireux de parfaire l’instruction de leurs filles. L’école se trouvait probablement dans une maison qu’avait construite le révérend William Elder en face de l’école ou du pensionnat public. En fait, l’une des demoiselles Purvis commença à enseigner dans ce dernier établissement le 11 mai 1836, « pour dix shillings par trimestre », et y travailla au moins jusqu’en 1840.

La « Purvis School », comme on l’appelait souvent, passait pour un établissement modèle et offrait aux femmes une formation plus avancée que celle qui se donnait ailleurs dans la région de Bridgetown. Cependant, il semble qu’elle ferma ses portes au bout de trois ans, à la mort de Mme Purvis, le 9 avril 1839. Ce furent sans doute sa fermeture et l’insuffisance des établissements scolaires de la région qui poussèrent les résidents de Bridgetown à demander à l’Assemblée, en 1840, une subvention pour ouvrir une école secondaire ou une école supérieure vouée à l’enseignement des disciplines avancées. La pétition notait qu’à l’aide de leurs seules ressources les habitants ne pouvaient ni embaucher ni conserver des instituteurs « jugés aptes à enseigner ces disciplines ».

À l’époque, les besoins des filles et des jeunes femmes en matière d’éducation étaient très négligés. Du xviiie siècle au milieu du xixe, les écoles destinées aux filles des classes supérieure et moyenne étaient généralement des pensionnats privés, installés dans des maisons ou des résidences, comme celles de Mme Purvis et de ses filles. Dans les grands centres, Halifax par exemple, les établissements de ce genre étaient nombreux et souvent tenus par des particuliers (fréquemment des veuves et leurs filles) [V. Ann Cuthbert Rae*], mais ils n’avaient pas une longue existence. En général, on y enseignait moins les matières scolaires que les ouvrages de dames et la bienséance. Leur but, comme le disait une institutrice de l’époque, était de « former les manières des dames [...] afin qu’elles deviennent les gracieux et élégants ornements d’esprits riches et bien disciplinés ».

Dans les années 1830, d’autres éducateurs firent davantage pour les jeunes Néo-Écossaises, mais Nancy Purvis et ses filles méritent l’attention parce qu’elles furent de celles qui se battirent pour subvenir à leurs besoins après la mort de leur mari ou de leur père. Les femmes de l’époque n’étaient pas toutes étrangères aux affaires ou, comme le croyait Alexis de Tocqueville, confinées dans le « petit cercle des intérêts et des devoirs domestiques ».

Wendy L. Thorpe et Julie M. Morris

Halifax County Court of Probate (Halifax), Estate papers, P94 (James Purvis) (mfm aux PANS).— PANS, MG 4, 2, reg. of burials in Bridgetown and Wilmot : 4 (copie dactylographiée) ; RG 1, 449 : 15.— Novascotian, or Colonial Herald, 1830–1839.— Elizabeth Ruggles Coward, Bridgetown, Nova Scotia : its history to 1900 ([Bridgetown], 1955).

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Wendy L. Thorpe et Julie M. Morris, « PURVIS, NANCY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/purvis_nancy_7F.html.

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Auteur de l'article:    Wendy L. Thorpe et Julie M. Morris
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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