POOLE, HENRY SKEFFINGTON, ingénieur minier, fonctionnaire et auteur, né le 1er août 1844 à Albion Mines (Stellarton, Nouvelle-Écosse), fils de Henry Poole, directeur des houillères de la Général Mining Association dans le comté de Pictou, et d’Elizabeth Noad Leonard ; le 15 juin 1876, il épousa à Charlottetown Florence Hope Gibson Gray, fille de John Hamilton Gray*, et ils eurent au moins un fils et une fille ; décédé le 31 mars 1917 à Guildford, Angleterre.

Henry Skeffington Poole fit ses études au King’s College de Windsor, en Nouvelle-Écosse, où il obtint une licence ès arts en 1865 (maîtrise ès arts en 1874 ; doctorat ès sciences en 1903). Il reçut par la suite une formation à la Royal School of Mines de Londres, ce qui était sans aucun doute attribuable à ses relations familiales (son père était diplômé de cette école), tout comme un apprentissage de contremaître de fond sous les ordres de son père, devenu directeur à la houillère de Caledonia au Cap-Breton, et un séjour dans les mines de plomb argentifère de l’Utah.

En 1872, Poole fut nommé inspecteur des mines de la Nouvelle-Écosse. Bien que les gisements houillers aient appartenu à la couronne, aucune réglementation gouvernementale ne protégeait les mines et les mineurs contre les accidents, et les inspecteurs n’avaient aucun pouvoir de coercition en matière de sécurité minière. Dans les sept dernières années, les accidents avaient provoqué la mort d’un homme sur 40. Poole attribuait ces décès principalement à « l’imprudence ou [à] l’ignorance » des ouvriers, mais il admettait aussi la responsabilité des directeurs de mines. En avril 1873, le corps législatif de la Nouvelle-Écosse réagit à ses vigoureuses pressions en adoptant le Mines Regulation Act. Cette loi d’une grande portée – la deuxième sur la sécurité minière en Amérique du Nord – réglementait par exemple la ventilation, l’inspection quotidienne des travaux et de l’équipement, l’utilisation de lampes de sécurité et l’emploi d’explosifs dans les endroits contenant des gaz inflammables. En outre, elle habilitait Poole à porter des accusations en cas d’infraction et à imposer des exigences spéciales aux mines où l’on trouvait des conditions d’exploitation inhabituelles. Selon son prédécesseur John Rutherford, ce fut surtout grâce à Poole si l’Assemblée adopta cette loi.

Cependant, Poole ne déploya pas longtemps autant de zèle. Dans son rapport sur l’explosion de mai 1873 à la mine Drummond qui causa 60 morts, il concéda que la direction de la mine avait pris un « trop grand risque » en faisant utiliser de la poudre à canon dans un secteur où il pouvait y avoir des gaz, mais il excusa la chose en disant que l’entreprise avait dû engager beaucoup de frais à cause de la concurrence et de l’« agitation » déclenchée par les mineurs pour obtenir une hausse de salaire. En fait, selon Poole, « l’ignorance ou la négligence » des ouvriers était la « cause directe » de l’accident. Tout au long de son mandat, il refusa obstinément de s’immiscer dans les opérations minières en alléguant que, s’il le faisait, il serait personnellement responsable en cas d’accident. Malgré son ardeur à promouvoir les innovations techniques et à diagnostiquer les causes matérielles des désastres (il aida à faire accepter la découverte du rôle primordial du poussier dans les explosions minières), son principal apport à la réforme demeure la loi de 1873.

Vers la fin de 1878, Poole annonça sa démission (Edwin Gilpin* le remplacerait au début de l’année suivante). Il assuma ensuite la direction générale de l’Acadia Coal Company à Stellarton. En 1879, donc pendant sa première année dans l’entreprise, celle-ci comptait 215 employés, ce qui était quand même un nombre respectable. Après sa fusion avec la Halifax Company Limited et la Vale Coal, Iron and Manufacturing Company, en 1886, elle employait 1 069 personnes et vendit dans l’année près de 275 000 tonnes de charbon. Réactionnaire en politique, Poole était progressiste en matière de technique. Son entreprise adopta en 1880 des lampes de sécurité plus perfectionnées et installa en 1881 un ventilateur actionné à la vapeur. En 1883, Pole mérita une mention spéciale dans le rapport du département provincial des Mines en raison des tests rigoureux auxquels il avait soumis les câbles de levage et les joints. Une puissante pompe fut installée en 1885 aux mines de l’Acadia pour déclasser « le plus robuste monte-charge d’Amérique ». De plus, Poole serait, dans les années 1890, l’un des initiateurs de l’emploi de l’air comprimé pour le pompage dans les mines en Nouvelle-Écosse.

Toutefois, l’entreprise connut bientôt des difficultés. Le 31 décembre 1886, comme Poole voulait diminuer les salaires, 345 mineurs des Albion Mines se mirent en grève. Quatre semaines plus tard, 724 ouvriers de la Vale Colliery et de l’Acadia Colliery firent de même. Le Canada ne connut peut-être pas de plus gros conflit de travail à la fin du xixe siècle. Lorsque Poole et un comité de négociation issu de la Gladstone Lodge de la Provincial Workmen’s Association parvinrent enfin à une entente, en mai 1887, le nombre de jours-personnes perdus dépassait 107 000. Toujours en 1887, un feu souterrain que l’on croyait éteint depuis longtemps provoqua dans le filon Third des Albion Mines une explosion qui détruisit le carreau. Par bonheur, le drame se produisit un dimanche, de sorte qu’il n’y eut aucune perte de vie, mais le puits resta fermé durant une bonne partie de l’année. En 1889, un incendie survenu à la mine Vale entraîna la fermeture du filon McBean. Trois ans après, encore une fois à cause d’un incendie, il s’avéra impossible de pénétrer à nouveau dans le puits Foord (où 44 personnes avaient péri en 1880). En 1895, une commission provinciale d’enquête sur l’origine des incendies survenus dans les mines de Pictou condamna la compagnie parce qu’elle avait décidé de relier les ouvertures de quatre gisements houillers présentant des risques d’incendie et d’accumulation de gaz. Les commissaires reprochèrent en particulier à Poole de ne pas avoir su empêcher un nouvel incendie au puits Foord. Poole riposta avec colère dans la Canadian Mining Review.

Peu après avoir démissionné du poste d’inspecteur des mines, Poole était devenu un porte-parole des propriétaires miniers. En 1881, après que les syndicats eurent obtenu des modifications au Mines Regulation Act qui promettait le resserrement des inspections et consacraient la participation des mineurs aux inspections et aux enquêtes, il rassembla les directeurs de mines pour combattre ces changements, sans succès. Plus tard la même année, il se fit nommer au nouveau bureau gouvernemental d’examinateurs qui allait décerner aux administrateurs miniers des certificats obligatoires de qualification et qui se composait exclusivement de directeurs de mines. Durant les années 1880 et une bonne partie des années 1890, lui-même et ses collègues du bureau veillèrent à ce que certains administrateurs échappent aux examens techniques. Sa position sur l’intervention gouvernementale apparut clairement en 1893 quand il accusa l’Assemblée de traiter les simples propositions de changement « comme une preuve de [la] nécessité » d’un changement et de considérer « l’opposition des entrepreneurs miniers » comme une preuve de la nécessité d’une réglementation.

En 1901, Henry Skeffington Poole démissionna de l’Acadia Coal Company et devint géologue à temps partiel à la Commission géologique du Canada. Il prit une part essentielle à l’étude des gisements de charbon du Nouveau-Brunswick et du bassin houiller de Nanaimo-Comox dans l’île de Vancouver. Ses articles dans les Proceedings and Transactions du Nova Scotian Institute of Science, dans le Quarterly Journal de la Geological Society of London et dans d’autres publications témoignent qu’il s’intéressait depuis longtemps à l’histoire naturelle (notamment à l’entomologie, à la météorologie, à la botanique et à l’ornithologie). Président du Nova Scotian Institute of Science de 1902 à 1905, il fut chargé de cours à la School of Mining and Metallurgy de la Dalhousie University de Halifax. Retiré en Angleterre, il mourut à son domicile de Guildford le 31 mars 1917.

Donald Macleod

On trouve 41 titres d’ouvrages de Henry Skeffington Poole dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Il faut ajouter à ces titres Report on the Goal prospects of New Brunswick (Ottawa, 1903), attribué à tort à son père.

Développement des ressources humaines, Canada, Bibliothèque (Ottawa), Provincial Workmen’s Association of Nova Scotia and New Brunswick papers, grand council, minutes of the 12th yearly meeting, 283.— PANS, RG 21, A, 12, Poole et al. à Samuel Creelman, 18 janv. 1881.— J. M. Cameron, The Pictonian colliers (Halifax, 1974).— Canadian Mining Journal (Toronto), 38 (1917) : 242.— Canadian Mining Rev. (Ottawa), 9 (1890) : 64–65 ; 10 (1891) : 147.— Ian McKay, « By wisdom, wile or war » : the Provincial Workmen’s Association and the struggle for working-class independence in Nova Scotia, 1879–97 », le Travail (St John’s), 18 (1986) : 13–62.— Donald Macleod, « Colliers, colliery safety and workplace control : the Nova Scotian experience, 1873 to 1910 », SHC, Communications hist., 1983 : 226–253.— Maritime Mining Record (Stellarton, N.-É.), 10 avril 1899 : 10.— Mining Soc. of Nova Scotia, Journal (Halifax), 8 (1903–1904) : 9.— N.-É., Dept. of Mines, Report, 1866–1890 ; House of Assembly, Journal and proc., 1896, app. 12 : 1, 7, 9 ; The revised statutes of Nova Scotia, A. J. White et al., compil. (Halifax, 1873), 59–83.— Nova Scotian Institute of Science, Proc. and Trans. (Halifax), 14 (1915–1918) : lxviii–lxix.— John Rutherford, « The early history and progress of coal mining in Nova Scotia », Canadian Mining Rev., 10 : 201–203, « Reminiscences of mines in Nova Scotia », Novascotian (Halifax), oct. 1903) : 12.— Morris Zaslow, Reading the rocks : the story of the Geological Survey of Canada, 1842–1972 (Toronto et Ottawa, 1975).

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Donald Macleod, « POOLE, HENRY SKEFFINGTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/poole_henry_skeffington_14F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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