PENHALLOW, DAVID PEARCE, botaniste, paléobotaniste, professeur, auteur et rédacteur en chef, né le 25 mai 1854 à Kittery Point, Maine, fils d’Andrew Jackson Penhallow et de Mary Ann Pickering ; en mai 1876, il épousa Sarah A. Dunlop, d’Amherst, Massachusetts, et ils eurent un fils ; décédé le 20 octobre 1910 à bord du Lake Manitoba en allant de Montréal à Liverpool.

David Pearce Penhallow appartenait à une vénérable famille de Portsmouth, dans le New Hampshire. En 1873, il obtint une licence ès sciences du Massachusetts Agricultural College d’Amherst. C’est dans ce collège que son mentor, William Smith Clark, lui communiqua ce qui allait être la passion de sa vie : la recherche en botanique. Clark et Penhallow étaient tous deux des disciples de la « nouvelle école de botanique », qui, expliquait Penhallow, mettait l’accent sur l’anatomie et la physiologie, dans la foulée de la théorie darwinienne de l’évolution par la sélection naturelle. Il admirait en particulier les travaux du botaniste allemand Julius von Sachs, qui, d’après lui, avait ouvert aux botanistes de sa génération « des perspectives entièrement nouvelles » quant aux possibilités de recherche et aux méthodes d’étude en matière de physiologie végétale. Dans cette tradition, Penhallow collabora avec Clark à reconstituer les expériences classiques du physiologiste anglais Stephen Hales sur la circulation de la sève.

Penhallow reconnaissait la botanique, telle que l’enseignait Clark, comme une discipline utile qui constituait « le véritable fondement » de l’agriculture scientifique. En 1876, il accompagna Clark au Japon afin d’aider à établir le Collège impérial d’agriculture à Sapporo. Engagé comme professeur de botanique et de chimie, il fut directeur intérimaire du collège en 1879–1880 ; Clark était parti en 1877. Penhallow fut comblé d’éloges pour les activités scientifiques qu’il organisa au Japon ; tout au long de sa carrière, il allait entretenir des liens avec des savants nippons. En outre, il rapporta en Amérique du Nord d’importantes données scientifiques. Il avait parcouru l’archipel du Japon et avait été le premier Occidental à vivre parmi les Aïnus, qui étaient encore tout à fait isolés. Il se constitua une imposante collection de photographies et publia ses observations ethnologiques dans divers périodiques nord-américains. Les arbres rares du Japon n’avaient pas échappé à son oeil de botaniste. De retour en Amérique du Nord en 1880, il fut l’un des assistants d’Asa Gray, botaniste de la Harvard University ; ce dernier appliqua les connaissances de Penhallow sur les plantes du Japon à ses propres théories sur la répartition géographique des végétaux nordiques. Penhallow poursuivit les expériences qu’il avait déjà entreprises avec Clark et, en 1881, il prononça une conférence sur le « phénomène de la croissance des plantes » devant l’American Association for the Advancement of Science. Emballé, tout comme Clark, par la création de stations expérimentales d’agriculture inspirées du modèle allemand, il quitta la Harvard University en 1882 pour devenir botaniste et chimiste à la Houghton Farm Experiment Station de Houghton, dans l’État de New York.

L’existence de Penhallow prit à nouveau un tournant inattendu l’année suivante. Au moment même où la station expérimentale fermait ses portes, John William Dawson*, directeur du McGill College de Montréal, demandait à Gray s’il connaissait des candidats susceptibles d’occuper la chaire de botanique, vacante depuis la mort de James Barnston* en 1858. Penhallow fut engagé comme maître de conférences sur la recommandation de Gray. Il poursuivit ses recherches sur la physiologie et la pathologie végétales, et fut promu professeur en 1885. En prenant connaissance des travaux de Dawson en géologie et paléontologie, il se mit à s’intéresser à une discipline relativement nouvelle, la paléobotanique, ou étude des plantes fossiles. Il analysa au microscope des plantes du dévonien trouvées en Gaspésie par la Commission géologique du Canada. Ses analyses mirent un terme à un long débat scientifique et donnèrent lieu en 1889 à la reclassification des nématophytons ; ces fossiles, que Dawson avait appelés prototaxites en 1856 et qu’il avait pris pour les ancêtres de la végétation forestière, étaient en fait les ancêtres des algues modernes. Penhallow devint une autorité sur les plantes fossiles du crétacé et du tertiaire, y compris celles qui formaient la lignite de l’Ouest canadien. Dans ces travaux sur les plantes carbonifères, il suivait les méthodes exposées par le paléobotaniste allemand Heinrich Robert Goeppert dans un ouvrage publié à Düsseldorf en 1848, Uber die Entstehung der Steinkohlen aus Bslanzen. Non seulement Penhallow décrivait-il minutieusement les spécimens fossiles, mais il était capable de retracer les liens génétiques qui unissaient ces plantes aux types modernes. En 1897, la British Association for the Advancement of Science le chargea, avec Dawson, de former un comité d’étude permanent sur la flore et la faune des formations du pléistocène au Canada. Le comité produisit un rapport chaque année jusqu’en 1901.

L’application minutieuse des méthodes de Goeppert à l’analyse microscopique des conifères fossiles fut la contribution la plus originale de Penhallow à la paléobotanique. Dans les années 1880, il publia quelques conclusions préliminaires de ses études dans les Mémoires de la Société royale du Canada et dans l’American Naturalist de Boston. Son importante monographie sur le sujet, A manual of the North American gymnosperms, parut en 1907. Comme Goeppert, Penhallow étudiait la paléobotanique à la fois dans un but théorique et pratique. Il cherchait aussi bien à prouver les affinités génétiques entre les formes fossiles et modernes de conifères qu’à déterminer les variantes structurelles qui aideraient à expliquer pourquoi les bois de résineux utilisés comme matériaux de construction ne présentaient pas tous la même résistance. Fidèle à la formation reçue dans sa jeunesse, il s’attarda toujours davantage, dans ses analyses, aux structures internes qu’à la morphologie externe. Il est reconnu comme l’un des premiers à avoir interprété la séquence d’évolution des conifères sur le plan physiologique. Cette perspective anatomique permettait de vérifier des choix taxonomiques qui, traditionnellement, se fondaient sur des critères morphologiques moins rigoureux.

Administrateur hors pair, Penhallow prêta son concours à tout un éventail d’organisations. Il appartint à de nombreuses sociétés de botanique, d’agriculture et d’histoire naturelle. Il fut président de la Botanical Society of America de 1888 à 1892, de la section iv de la Société royale du Canada en 1896–1897, de la Society of Plant Morphology and Physiology en 1899, de la Société d’histoire naturelle de Montréal en 1902 et de l’American Society of Naturalists en 1908–1909. Il occupa la vice-présidence de la section de botanique de la British Association for the Advancement of Science en 1897 et de la section G de l’American Association for the Advancement of Science en 1908–1909. En outre, comme il avait aidé à fonder la branche montréalaise de l’American Folk-Lore Society, la British Association le nomma en 1897 à son comité d’ethnologie canadienne, dont il fut président après la mort de George Mercer Dawson en 1901. Ce comité collaborait avec un comité parallèle que la Société royale du Canada parraina jusqu’en 1904 et dont il était également président.

Tout en faisant la promotion de la recherche scientifique, Penhallow trouva le temps de publier des exposés sur l’histoire de la botanique au Canada. En outre, il fut rédacteur en chef du Canadian Record of Science de Montréal de 1888 à 1900, et corédacteur en chef de l’American Naturalist de 1897 à 1907 ; de plus, il dirigea, de 1902 à 1907, la section de paléobotanique d’un périodique de Cassel et Iéna, en Allemagne, le Botanisches Centralblatt. Il compta parmi les principaux initiateurs du jardin botanique établi à Montréal en 1897. Étant l’un des administrateurs du Marine Biological Laboratory de Woods Hole, dans le Massachusetts, il s’employa, par l’entremise de la Société royale du Canada et de la British Association for the Advancement of Science, à convaincre le département de la Marine et des Pêcheries du Canada de créer des stations semblables, et dirigea, à compter de 1907, l’Atlantic Biological Station de St Andrews, au Nouveau-Brunswick. La même année, il publia un document important sur la récession constante des marais de la Nouvelle-Angleterre. En 1908–1909, il fut président de l’Association of American Biological Research Stations. Penhallow était membre du conseil d’administration et secrétaire des Stations biologiques marines du Canada quand il mourut de mort naturelle en 1910. Un an plus tôt, dit-on, il avait fait une dépression pour cause de surmenage.

David Pearce Penhallow avait refusé des offres d’emploi afin de rester à la McGill University. En 1888, il avait obtenu une licence ès sciences de la Boston University. La McGill University lui décerna une licence et une maîtrise ès sciences en 1896, puis, en 1904, le fit docteur ès sciences et lui confia la chaire Macdonald de botanique. La carrière de cet éminent spécialiste nord-américain de la physiologie végétale et de la paléobotanique des premières décennies de l’époque post-darwinienne est remarquable. Il fit couvre de pionnier en appliquant aux sciences naturelles des méthodes de recherche nouvelles et plus raffinées en un temps où la plupart des universités canadiennes restaient accrochées aux méthodes fondées sur la morphologie.

Suzanne Zeller

Une liste chronologique de plusieurs travaux publiés de David Pearce Penhallow apparaît dans Science and technology biblio. (Richardson et MacDonald). Parmi les plus importants qui ne sont pas mentionnés dans cet ouvrage, il faut souligner ceux parus dans SRC Mémoires ; d’abord deux articles liés : « A review of Canadian botany from the first seulement of New France to the nineteenth century », 1re sér., 5 (1887), sect. iv : 45–61, et « A review of Canadian botany from 1800 to 1895 », 2e sér., 3 (1897), sect. iv : 3–56 ; puis deux autres : « On Nematophyton and allied forms from the Devonian (Erian) of Gaspé and Bay des Chaleurs », introd. de J. W. Dawson, 1re sér., 6 (1888), sect. iv : 27–17 et « Observations upon some structural variations in certain Canadian Coniferæ », 12 (1894), sect. iii : 19–41. De plus, dans son article, « William Smith Clark ; his place as a scientist and his relation to the development of scientific agriculture », paru dans Science (New York), nouv. sér., 27 (janv. juin 1908) : 172–180, Penhallow explique sa façon d’aborder la botanique.

Une partie de sa correspondance personnelle est conservée dans les papiers J. W. Dawson aux MUA, MG 1022. Les meilleurs comptes rendus de sa carrière se trouvent dans SRC Mémoires, 3e sér., 5 (1911), proc. : vii-x (notice nécrologique) et dans Botanical Gazette (Chicago), 51 (janv. juin 1911) : 142–144 (notice nécrologique rédigée par E. C. Jeffrey, avec portrait) ; on peut aussi consulter les articles parus dans Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), Globe, 27 oct. 1910 et Times (Londres), 27 oct. 1910 : 11.

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Suzanne Zeller, « PENHALLOW, DAVID PEARCE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/penhallow_david_pearce_13F.html.

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Auteur de l'article:    Suzanne Zeller
Titre de l'article:    PENHALLOW, DAVID PEARCE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    2 oct. 2024