PARKS, JOHN HEGAN, ingénieur civil et manufacturier, né le 9 septembre 1836 à Portland (Saint-Jean, Nouveau-Brunswick), deuxième fils de William Parks* et d’Ann Hegan ; le 29 janvier 1863, il épousa Margaret Ketchum, et ils eurent neuf enfants ; décédé le 7 septembre 1903 à Saint-Jean.

John Hegan Parks naquit, étudia, travailla et mourut dans la ville de Saint-Jean. Au sortir de la Saint John Grammar School, il fit un stage de quatre ans auprès d’Alexander Luders Light*, l’ingénieur en chef des chemins de fer gouvernementaux du Nouveau-Brunswick. En 1861, après avoir terminé sa formation en génie civil, au cours de laquelle il avait travaillé à la construction du chemin de fer Intercolonial, il entra dans la florissante entreprise de transport maritime de son père, à un moment décisif de son histoire.

William Parks avait quitté l’Irlande pour s’établir à Saint-Jean en 1822 et, dès 1828, il y avait créé une société avec son beau-frère John Hegan. Au fil des ans, cette société avait fait le commerce des produits d’épicerie et des marchandises sèches de même que du transport maritime. Elle avait été dissoute en 1846. William, avec son fils aîné, Samuel (1823–1863), était resté dans le transport maritime sous la raison sociale de William Parks and Son et était devenu l’un des grands marchands de Saint-Jean. Lorsque John se joignit à l’entreprise, sa première mission consista à aller acheter de la machinerie en Angleterre pour une petite filature à vapeur. Cette filature de coton se trouvait dans la rue Wall, à Portland, et son père espérait qu’elle se taillerait une place sur le marché intérieur, alors dominé par les importations britanniques. La New Brunswick Cotton Mill (ou Mills) était une entreprise audacieuse. Bien sûr, il y avait eu des filatures de coton en Amérique du Nord britannique dès les années 1840, et peut-être au moins une dans les Maritimes avant celle de la rue Wall, mais la filature des Parks fut l’une des premières filatures de coton du pays à connaître le succès.

Bien qu’on dise souvent que l’industrie du coton se développa en Amérique du Nord britannique à cause de la guerre de Sécession, l’ascension de cette industrie s’explique de manière plus satisfaisante par la hausse, dans les années 1850, des droits protecteurs sur les cotonnades du Nouveau-Brunswick et du Canada. Le blocus imposé aux ports cotonniers du sud des États-Unis et les conséquences de ce blocus, à savoir la « rareté et [la] cherté de la matière première », placèrent certainement la nouvelle filature des Parks dans une position difficile. Son succès ne fut assuré qu’à la fin de la guerre de Sécession et à l’avènement de la Confédération. Grâce à l’élimination des tarifs sur le commerce interprovincial des produits manufacturés, les filés de qualité produits par l’usine des Parks trouvèrent des débouchés à Montréal. Toutefois, William Parks n’eut guère la chance de profiter de cette réussite. Il mourut dans un naufrage au large de l’île de Sable et son fils John Hegan assuma la direction de l’affaire en 1870.

L’entreprise prit rapidement de l’expansion sous la direction de John Hegan Parks. En 1870, la capacité de la filature, évaluée en fuseaux, tripla ; dès 1881, elle avait encore triplé. La Politique nationale encouragea aussi bien Parks à agrandir la filature de la rue Wall qu’à fonder une société à responsabilité limitée afin de construire et d’exploiter une deuxième filature, à la baie de Courtenay cette fois, la Saint John Cotton Company Limited. La société était dotée d’un capital de 200 000 $ et Parks en était président. La construction de l’usine fut terminée en juin 1882, mais le boom engendré par la politique protectionniste tirait alors à sa fin. En 1883, une grave dépression frappa toute l’industrie. Le bénéfice annuel de la filature de la rue Wall passa de 45 000 $ à 1 350 $ ; la compagnie de la baie de Courtenay ne versa aucun dividende.

En 1884, la William Parks and Son suspendit ses opérations et une autre société à responsabilité limitée fut formée en vue de sauver l’entreprise. Parks en fut nommé président et son fils William entra au conseil d’administration de la William Parks and Son Limited. Cependant, l’entreprise connaissait toujours des difficultés financières. Un créancier, John Ferris, de Boston, en devint temporairement propriétaire en 1885. La Saint John Cotton Company Limited fut mise en liquidation, puis vendue au beau-frère de Parks, Ezekiel Barlow Ketchum. En 1887, par l’intermédiaire de la William Parks and Son Limited, Parks réussit à racheter la plus grande part de l’usine de la baie de Courtenay. Toutefois, il ne parvint jamais à libérer complètement les deux filatures de l’emprise des créanciers locaux ni du danger que des intérêts de l’extérieur en fassent l’acquisition. En 1889, l’entreprise connut une nouvelle crise. À Montréal, des cartels se constituaient en trusts [V. Andrew Frederick Gault], et on murmurait que les capitalistes montréalais ou un syndicat anglais cherchaient à s’approprier les filatures de Saint-Jean. Parks aurait déclaré en 1891 « qu’aucun syndicat ne mettra[it] la main sur ses usines s’il [pouvait] l’empêcher ». Cette prise de position était lourde de conséquences et, deux ans plus tard, il dut abandonner la direction financière de l’entreprise à George A. Schofield, un de ses concitoyens banquiers, en échange d’une hypothèque de 200 000 $ consentie par Simeon Jones et W. W. Turnbull, de Saint-Jean.

Les filatures fermèrent leurs portes pendant l’hiver de 1899. En 1901, Jones et Turnbull manifestèrent leur impatience. Il restait à rembourser 130 000 $ sur l’hypothèque ; les autres dettes s’élevaient à 85 000 $ et les liquidités, à 40 000 $ seulement. Jones et Turnbull menacèrent de procéder à une saisie pour récupérer leur investissement. Fait extraordinaire, Parks et les autres administrateurs de la compagnie réussirent à les convaincre de refinancer leur première hypothèque à l’aide d’une deuxième de 100 000 $. Mais, dès la fin de l’année, les filatures avaient été vendues aux enchères à un groupe d’hommes d’affaires de Saint-Jean dirigé par James F. Robertson. Après avoir passé 40 ans dans l’industrie du coton, John Hegan Parks cessa de participer à la direction des filatures. Cependant, il continua de diriger la William Parks and Son jusqu’à sa mort.

Parks était loin de s’intéresser uniquement à l’industrie du coton. Ainsi, il avait fait partie du conseil d’administration de la Saint John Gas Light Company et d’« autres organisations à caractère public ». En outre, il avait été membre du conseil municipal de Portland et s’était porté candidat à l’Assemblée de la province en 1890. Il portait un « vif intérêt » à la milice : il servit dans la New Brunswick Engineer Company et atteignit le grade de major. De plus, il fut président de la New Brunswick Provincial Rifle Association durant de nombreuses années. De foi protestante comme son père, il fréquentait l’église presbytérienne St Stephen à Saint-Jean.

John Hegan Parks mourut au matin du 7 septembre 1903 après une année de « mauvaise santé ». Le St. John Daily Sun nota que Saint-Jean n’avait pas eu de « meilleur citoyen » que lui. « Quel que fût le domaine auquel il s’intéressait, poursuivait le journal, il avait à cœur le bien-être de la ville et de ses concitoyens » ; son sens civique et son « énergie remarquable » expliquaient qu’« il se soit tant efforcé d’assurer le succès des filatures de coton ». Il laissait dans le deuil sa femme, Margaret Ketchum, et leurs neuf enfants.

Michael Hinton

Daily Telegraph (Saint-Jean, N.-B.), 8 sept. 1903.— Monetary Times, 29 août 1867 : 4 ; 5 mai 1876 : 1262 ; 17 oct. 1879 : 465 ; 3 juin 1881 : 1417 ; 24 mars 1882 :1538 ; 22 févr. 1884 : 937 ; 18 juill. 1884 : 64 ; 31 juill. 1885 : 121 ; 25 févr. 1887 : 992 ; 10 avril 1891 : 1235 ; 24 avril 1891 : 1306.— Morning News (Saint-Jean), 26 juin 1867.— St. John Daily Sun (Saint-Jean), 8 sept. 1903.— Michael Bliss, Northern enterprise : five centuries of Canadian business (Toronto, 1987).— Bureau de commerce de Montréal, Report of the council, 1870 : 98.— Canada, Commission royale d’enquête sur l’industrie du textile, Rapport (Ottawa, 1938).— Canadian biog. dict.— Paula Chegwidden Felt et L. F. Felt, « Capital accumulation and industrial development in nineteenth century New Brunswick : some preliminary comments », The enterprising Canadians : entrepreneurs and economic development in eastern Canada, L. R. Fischer et E. W. Sager, édit. (St John’s, 1979), 62s.— Dominion Dry Goods Report (Montréal), 1 (1883–1884) : 265 ; 2 (1884–1885) : 281, 315, 351 (exemplaires à la HPL) ; publié par la suite sous le titre Canadian Journal of Fabrics (Toronto et Montréal), 19 (1901) : 44, 332.— Michael Hinton, « The growth of the Canadian cotton textile industry, 1844–1873 : « a new industrial career » (mémoire présenté à l’occasion d’un ateleir en histoire économique à la Univ. of Toronto, 1981).— D. R. Jack, Centennial prize essay on the history of the city and county of St. John (Saint-Jean, 1883).— Naylor, Hist. of Canadian business.— N.-B., Comptroller of Customs, Annual returns of trade and navigation (Fredericton), 1861 : 4 ; 1862 : 7 ; 1864 : 11.— St. John and its business : a history of St. John (Saint-Jean, 1875).

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Michael Hinton, « PARKS, JOHN HEGAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 22 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/parks_john_hegan_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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