Titre original :  Description Joseph Obalski, mining engineer, civil servant, professor, and author Date 1902-1903 Source This image is available from the Bibliothèque et Archives nationales du Québec under the reference number P1000,S4,D3,P12

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OBALSKI, JOSEPH (à sa naissance, il reçut les prénoms de Joseph-François-Jacques-Victor), ingénieur minier, fonctionnaire, professeur et auteur né le 14 septembre 1852 à Châteaubriant, France, fils de Joseph Obalski, agent voyer d’origine polonaise, et de Sophie Lhénoret, de Nantes ; le 5 juillet 1882, il épousa à Québec Joséphine Gosselin (décédée le 1er février 1934), et ils eurent deux filles ; décédé le 25 mars 1915 à Montréal.

Vraisemblablement l’aîné d’une famille d’au moins six enfants, Joseph Obalski grandit dans une région de l’est de la Bretagne, réputée pour ses mines de fer et son industrie métallurgique. Cette situation explique peut-être pourquoi il s’oriente vers la carrière d’ingénieur minier. Il obtient un diplôme de l’École nationale supérieure des mines de Paris en 1877 et complète sa formation par des cours en génie. Quelques années plus tard, il rencontre le premier ministre de la province de Québec, Joseph-Adolphe Chapleau*, en voyage de repos en France au cours des mois de juillet à septembre 1881. Ce dernier lui offre alors un emploi comme ingénieur des mines de la province avec un salaire annuel de 2 000 $ et le remboursement de ses frais de voyage de la France au Québec. Obalski accepte et, dès le mois de novembre, il est en poste au département des Chemins de fer, dont Chapleau est le titulaire, malgré le fait que les activités minières relèvent du département des Terres de la couronne.

La venue d’Obalski s’inscrit dans le contexte d’un renouveau des relations économiques et politiques entre la France et le Québec, dont Chapleau a été l’artisan, et de l’adoption, en 1880, d’une première loi générale sur les mines, à la suite du développement majeur de l’industrie minière à la fin des années 1870, surtout dans les secteurs de l’amiante et des phosphates. Le gouvernement a besoin d’au moins un fonctionnaire professionnel pour veiller à l’application de cette loi, et c’est Obalski qui en aura la tâche.

Obalski est d’abord chargé par Chapleau de préparer un projet d’organisation d’un service des mines. Il soumet, en janvier 1882, un plan qui contient, selon lui, les éléments essentiels d’une bonne gestion des mines : un ingénieur et chef du service, responsable de la surveillance générale des mines, en particulier des gîtes minéraux à concéder ; des interventions lorsque le mauvais état des travaux met en danger la vie des ouvriers ; la cueillette, auprès des exploitants, d’information sur la production, le nombre d’ouvriers et de jours de travail, le nombre et la nature des accidents ; les services d’un laboratoire d’analyses, qui pourrait être celui de l’École polytechnique de Montréal ; un assistant pour le bureau et les explorations sur le terrain ; le développement de l’enseignement du génie minier. Il recommande aussi que le département des Terres de la couronne continue de s’occuper de l’administration des permis et concessions. Après le départ de Chapleau en 1882, Obalski sera rattaché à ce département, tout en conservant une grande autonomie.

Chef du Service des mines, Obalski est amené à faire plusieurs explorations sur le terrain et à examiner des échantillons et les résultats de leur analyse en laboratoire afin de vérifier la possibilité d’exploiter commercialement des gîtes et à en faire rapport, soit au ministre, soit à des intérêts privés. Obalski dresse aussi des rapports plus généraux et systématiques, dont plusieurs se retrouvent dans le rapport annuel du commissaire des Terres de la couronne ou dans des publications. Ainsi, en 1889, il fait paraître Mines et Minéraux de la province de Québec, ouvrage fortement inspiré d’une publication fédérale analogue de Robert Wheelock Ells. Il fournit aussi des études sur le fer chromé (1898), l’or (1898) et le mica (1901), et finalement des brochures préparées pour des expositions internationales, comme celles de Chicago en 1893, de Paris en 1900 et de Liège en 1905.

Dès le début de 1882, Obalski a visité l’École polytechnique de Montréal et s’est rendu compte de l’intérêt de développer dans cet établissement l’enseignement de la géologie, de la minéralogie et de l’exploitation des mines. À la demande du directeur de l’école, Urgel-Eugène Archambeault*, Chapleau fait nommer Obalski professeur en juillet 1882. À compter de l’automne de 1882, Obalski offre chaque semaine plusieurs cours mais, à l’automne de 1884, il doit y renoncer parce que l’école se déclare incapable d’assumer ses frais de déplacement de Québec à Montréal. Ces frais ont été payés par le gouvernement jusqu’à la fin de 1883, mais à compter de ce moment ce dernier se montre réticent à les rembourser. En difficulté financière, l’école ne parvient pas à prendre la relève. Toutefois, en 1885, Obalski s’installe à Montréal avec sa famille et sa belle-mère, et il peut alors reprendre son enseignement à l’automne de la même année. Même s’il n’enseigne plus à partir de 1888, Obalski maintiendra des liens étroits avec l’école, ses professeurs et ses étudiants, notamment avec son laboratoire. Plus tard, Obalski sera nommé professeur honoraire et l’on espérera qu’il revienne enseigner à l’école, mais cet espoir ne se matérialisera pas.

En 1886, Obalski a vu aussi sa situation au gouvernement remise en question. On modifie alors ses conditions d’engagement et il devient un employé occasionnel payé par jour d’emploi (10 $/jour) avec remboursement de ses frais de voyage. Dans les faits, ces conditions se révèlent nettement moins avantageuses pour Obalski. Il cherche donc à obtenir du gouvernement d’Honoré Mercier*, qui prend le pouvoir en janvier 1887, un retour à une situation permanente et à plein temps. Le 18 avril 1888, un arrêté en conseil le rétablit sur la liste des « officiers permanents » avec salaire rétroactif au 1er juillet 1887 (moins les honoraires reçus) et l’oblige à établir sa résidence à Québec ou dans les environs. À la même époque, le gouvernement ajoute à ses fonctions celle d’inspecteur des mines d’or.

En 1891, le gouvernement Mercier réorganise le Service des mines en un Bureau des mines avec des ressources humaines et budgétaires fortement accrues et un réseau d’inspecteurs régionaux. Obalski participe à la formulation des modalités de cette nouvelle organisation. Dans le remue-ménage, il obtient enfin un commis et un chargé de correspondance pour l’aider à la gestion du bureau. Toutefois, peu après le retour des conservateurs au pouvoir à la fin de 1891, on revient à la situation antérieure pour des raisons budgétaires, et Obalski se retrouve seul inspecteur pour la province avec, cependant, l’aide d’un secrétaire pour les questions administratives. Obalski poursuit ainsi sa carrière jusqu’en 1905, au moment où il devient surintendant des mines. C’est le début d’une période de croissance importante du service qui sera marquée par l’engagement de commis, d’un ingénieur civil, d’un messager et d’un nouveau secrétaire administratif. Obalski se fait le promoteur du développement minier de plusieurs régions de la province de Québec, en particulier celles du lac Chibougamau, qu’il visite en 1904, et du Nord-Ouest, où il se rend à quelques reprises entre 1906 et 1909.

Fatigué des voyages et des explorations sur le terrain, Joseph Obalski prend sa retraite en 1909, après plus de 27 ans de service (on lui en reconnaît 35 aux fins de sa pension) et après avoir apporté une contribution déterminante au développement des mines et du génie minier au Québec. Il poursuit quelque temps, à Montréal, une carrière d’ingénieur conseil en association avec Émile Dulieux, jeune professeur à l’École polytechnique et directeur de son laboratoire de chimie, lui aussi d’origine française. Obalski joue également un rôle important dans la communauté française de Montréal comme président de la Chambre de commerce française et membre de l’Union nationale française. Il meurt le 25 mars 1915 à Montréal après une courte maladie. Il est inhumé le 29, après des obsèques auxquelles assistent de nombreux hommes politiques et hommes d’affaires. Pour souligner son apport au développement de la région du lac Chibougamau, on donnera son nom, notamment, au canton où baigne le lac.

Marc Vallières

ANQ-Q, CE1-1, 5 juill. 1882, 29 mars 1915 ; E5/79, 1881, n423 ; 1882, n274 ; 1888, no 231 ; 1909, n421 ; E20/385, Joseph Obalski à J.-A. Chapleau, 25 janv. 1882 ; Obalski à Pierre Garneau, 3, 31 mars, 2, 14 avril 1888 ; Obalski à E.-E. Taché, 12 mai, 25 juill. 1888.— Arch. de l’École polytechnique de Montréal, Dossier Joseph Obalski.— Arch. départementales, Loire-Atlantique (Nantes, France), Châteaubriant, 14 sept. 1852.— Montreal Daily Star, 26 mars 1915.— La Patrie, 26 mars 1915.— La Presse, 26, 29 mars 1915.— Le Soleil, 27 mars 1915.— Robert Gagnon et A. J. Ross, Histoire de l’École polytechnique de Montréal, 1873–1990 ; la montée des ingénieurs francophones (Montréal, 1991).— [J.-L.-O. Maurault], l’École polytechnique de Montréal, 1873–1948 (Montréal, 1948).— Marc Vallières, Des mines et des hommes ; histoire de l’industrie minérale québécoise ; des origines au début des années 1980 (Québec, 1989).

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Marc Vallières, « OBALSKI, JOSEPH (Joseph-François-Jacques-Victor) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/obalski_joseph_14F.html.

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Auteur de l'article:    Marc Vallières
Titre de l'article:    OBALSKI, JOSEPH (Joseph-François-Jacques-Victor)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
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