NODOGAWERRIMET (Noodogawirramet, Nov dogg aw wer imet), sachem et orateur caniba de la confédération abénaquise, décédé en novembre 1765 au lac Cobbosseecontee, Massachusetts (aujourd’hui Maine).
Le renouvellement du traité de Dummer de 1727 par les Canibas, les Pentagouets et les Abénaquis du Canada, le 16 octobre 1749, mettait fin à cinq ans d’hostilités entre les Indiens et le Massachusetts. Peu après cependant, un Caniba fut tué et deux autres furent blessés par des Anglais à Wiscasset, Massachusetts (aujourd’hui Maine). En dépit des promesses qu’elle avait faites aux Indiens, la colonie différa le procès des présumés meurtriers. Indignés par cette manière d’agir, mécontents de l’empiétement de leur territoire par les chasseurs anglais et du projet de fonder des établissements anglais sur les bords de la rivière Kennebec, les Abénaquis usèrent de représailles en se livrant à des raids dans les avant-postes anglais.
Contrairement aux Abénaquis du Canada qui repoussèrent les ouvertures de paix des Anglais, fortement encouragés en cela par le gouverneur La Jonquière [Taffanel], les Canibas eux souhaitaient sincèrement mettre fin à ces nouveaux combats. Nodogawerrimet fut l’un des sachems qui firent des efforts soutenus pour en venir à une entente avec le Massachusetts. En novembre 1751, de concert avec deux autres chefs, il demanda à parlementer avec des représentants du Massachusetts dans l’espoir de sortir de l’impasse mais on les informa que la saison était trop avancée. En septembre de l’année suivante, Nodogawerrimet fut au nombre de ceux qui, de nouveau, recommandèrent fortement la tenue d’une rencontre.
Lors de la conférence qui eut enfin lieu au fort St George (aujourd’hui Thomaston, Maine), en octobre 1752, les Indiens manifestèrent leur opposition à l’établissement de colons anglais sur les bords de la rivière Kennebec et à la présence de chasseurs anglais en territoire indien. Les commissaires répondirent de façon plutôt vague mais, en gage de leurs bonnes intentions, firent don à Nodogawerrimet de deux ceintures de porcelaine (wampum), une pour les Canibas, l’autre pour les Abénaquis de Saint-François et de Bécancour qui n’étaient pas présents à la rencontre.
Les Canibas emportèrent leur ceinture lors d’une autre conférence tenue en juin 1753. « Nous ne voulons pas la rompre », dirent-ils, mais ils firent savoir qu’ils ne tolèreraient aucun établissement anglais plus haut que le fort Richmond (l’actuel Richmond, Maine), sur la rivière Kennebec. Leur intransigeance sur ce point les entraîna dans une nouvelle guerre que déclara le Massachusetts, le 13 juin 1755.
La paix ne fut pas conclue formellement entre les Abénaquis et le Massachusetts après la guerre de Sept Ans, et les mêmes points litigieux continuèrent à indisposer les Indiens. Le gouverneur n’ayant pas tenu compte de leurs demandes réitérées, les Canibas finirent par déléguer Nodogawerrimet à Boston en août 1765. Le sachem expliqua que les Indiens étaient bouleversés parce que, lorsqu’ils étaient revenus dans leur village après la guerre, ils avaient « constaté que presque tout le castor avait été tué ». Mais les sujets de plainte des Canibas étaient relativement peu nombreux. Nodogawerrimet fit remarquer avec insistance que la loi qui interdisait leur territoire aux trappeurs anglais n’était pas appliquée avec assez de rigueur. Il demanda que les membres de sa tribu soient payés en argent pour leurs fourrures afin qu’ils puissent s’acquitter des dettes qu’ils avaient à Québec. En dernier lieu, il supplia le gouverneur de remplacer le missionnaire jésuite de Bécancour qui était décédé.
La mort de Nodogawerrimet, survenue en novembre 1765, mit en évidence l’équilibre instable des rapports entre Abénaquis et Anglais et les difficultés que suscitait le nombre croissant des colons anglais. Nodogawerrimet ne savait pas en août que c’est en faveur de sa propre vie qu’il plaidait. Lui et sa femme ne furent ni les premiers ni les derniers Indiens volés et tués par des chasseurs anglais en maraude. Ce crime bouleversa les Canibas. L’officier en charge du commerce à Ticonic (fort Halifax, aujourd’hui Winslow, Maine) fit remarquer que « si les chasseurs anglais étaient résolus à les tuer l’un après l’autre pour pouvoir chasser, ils disaient que c’était mieux pour eux de mourir comme des hommes plutôt que d’être tués comme des chiens ». Néanmoins, pour le Massachusetts, les Canibas n’étaient pas dignes d’égards. Une récompense de £100 fut offerte pour la capture des meurtriers mais ceux-ci ne furent jamais appréhendés et les revendications de Nodogawerrimet restèrent lettre morte.
Mass., Archives, Council records, XII.— Documentary history of Maine, XII, XIII, XXIII, XXIV.— Indian treaties, Coll. of the Maine Hist. Soc., 1re sér., IV (1854) : 168–184.— Materials for a history of Fort Halifax : being copies and abridgements of documents [...], Coll. of the Maine Hist. Soc., 1re sér., VII (1876) : 165–198.— NYCD (O’Callaghan et Fernow), X.— R. H. Lord et al., History of the archdiocese of Boston in the various stages of its development, 1604 to 1943 [...] (3 vol., New York, 1944), II.— H. O. Thayer, The Indian’s administration of justice : the sequel to the Wiscasset tragedy, Coll. of the Maine Hist. Soc., 2e sér., X (1899) : 185–211 ; A page of Indian history : the Wiscasset tragedy, Coll. of the Maine Hist. Soc., 2e sér., X (1899) : 81–103.
Kenneth M. Morrison, « NODOGAWERRIMET (Noodogawirramet, Nov dogg aw wer imet) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/nodogawerrimet_3F.html.
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Auteur de l'article: | Kenneth M. Morrison |
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Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 17 déc. 2024 |