NEWCOMB, SIMON, astronome, né le 12 mars 1835 à Wallace Bridge, Nouvelle-Écosse, aîné des sept enfants de John Burton Newcomb et d’Emily Prince ; le 4 août 1863, il épousa à Washington Mary Caroline (Mollie) Hassler, et ils eurent trois filles ; décédé au même endroit le 11 juillet 1909.

Les familles Newcomb et Prince avaient de profondes racines en Nouvelle-Angleterre. Le père de Simon Newcomb était un instituteur innovateur, mais désespérément pauvre, qui déplaça sa famille en divers endroits de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. Sa mère, qui enseigna elle aussi avant la naissance de ses enfants, mourut quand il était adolescent. Simon manifesta une grande précocité en mathématiques et un intérêt pour l’astronomie dans sa jeunesse, mais il souffrit d’une dépression nerveuse vers l’âge de sept ans et ne fréquenta plus l’école de façon régulière par la suite. Quand la famille vécut à Clements (Clementsport, Nouvelle-Écosse), de 1848 à 1850, son père loua ses services comme ouvrier agricole afin d’améliorer sa constitution et sa dextérité manuelle ; il détesta ce travail. En 1851, pendant une visite à son grand-père maternel, le « squire » Thomas Prince, à Bend of Petitcodiac (Moncton, Nouveau-Brunswick), Simon fut mis en apprentissage chez un herboriste. Après deux ans, il se rendit compte que le docteur était un charlatan qui ne lui enseignerait rien, et en septembre 1853, il s’enfuit à pied à Calais, dans le Maine, et gagna son passage jusqu’à Salem, au Massachusetts. Plus tard, il considérerait son enfance comme une époque malheureuse passée dans un trou perdu. Néanmoins, il garda le contact avec des cousins de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, et leur rendit visite à plusieurs reprises.

À son arrivée à Salem, Newcomb rejoignit son père qui était venu y chercher une place d’instituteur. Bien qu’il ait surtout été autodidacte, il enseigna lui aussi au Maryland en 1854 et 1855. Dans ses loisirs, il entreprit l’étude des mathématiques et des sciences avec détermination. Sa rencontre avec Joseph Henry, secrétaire de la Smithsonian Institution et le plus grand physicien américain, lui permit de se faire des relations dans la communauté scientifique.

Henry fut impressionné par l’intelligence de Newcomb et le recommanda pour le poste de calculateur au bureau responsable de la publication de l’American ephemeris and nautical almanac, division de la marine située à Cambridge, au Massachusetts. Il fut engagé à l’essai en janvier 1857. Cette année-là, il s’inscrivit à la Lawrence Scientific School de la Harvard University, où il rencontra le réputé astronome Benjamin Peirce. Il obtint la licence ès sciences avec très grande distinction le 16 juillet 1858. Les trois années qui suivirent, il travailla au bureau de l’Almanac et conserva son lien avec Harvard. En juillet 1860, il se rendit à Cumberland House (Saskatchewan) pour tenter, mais sans succès, d’observer une éclipse solaire totale.

Dans les premiers jours de la guerre de Sécession, le United States Naval Observatory à Washington eut besoin de nouveau personnel, et Benjamin Apthorp Gould de la United States Coast and Geodetic Survey proposa que Newcomb aille à Washington. Il fut nommé professeur de mathématiques le 27 septembre 1861 et resterait à l’observatoire jusqu’à sa retraite en mars 1897. Les idées de Newcomb eurent une énorme influence sur les activités de l’observatoire. Malgré son peu d’expérience dans le domaine, il réorganisa les méthodes d’observation alors en vigueur. En outre, en 1873 et 1874, il supervisa la construction et l’installation d’un réfracteur de 26 pouces, exploit qui impressionna ses contemporains et mena à sa participation directe à la construction de grands télescopes à l’observatoire de Pulkovo, en Russie, et au Lick Observatory, en Californie.

La plus grande contribution de Newcomb à la science, toutefois, fut la restructuration de la théorie et des moyens de calculer les tables lunaires et planétaires du Nautical almanac. Les valeurs de base employées par les scientifiques pour calculer les positions lunaires et planétaires variaient beaucoup, et Newcomb se mit à l’œuvre afin de les systématiser. Son désir de réformer la manière de calculer les positions avait pris forme avant son arrivée à Washington, et il n’avait pas tardé à manifester sa maîtrise de la question une fois à l’observatoire. Pour faire avancer son programme, il tenta d’obtenir la direction du bureau de l’Almanac ou la surintendance de l’observatoire. Sa nomination le 15 septembre 1877 au poste de directeur du bureau de l’Almanac – qui avait été transféré à Washington – lui permit d’effectuer les changements qu’il estimait nécessaires. Lorsqu’il prit sa retraite, le 12 mars 1897, son travail avait eu une portée internationale.

De 1884 à 1894 et de 1898 à 1900, Newcomb eut une charge à mi-temps de professeur de mathématiques à la Johns Hopkins University de Baltimore, au Maryland. Durant ses années à Washington, il publia régulièrement des communications techniques sur la mécanique céleste, des livres de vulgarisation scientifique, des romans ainsi que des livres et des articles sur la main-d’œuvre et l’économie. La diversité de ses centres d’intérêt en fit aussi, de 1885 à 1887, le premier président de l’American Society for Psychical Research, où il tenta d’introduire la méthode et le doute scientifiques dans ces études à la mode. Même s’il avait été au départ un protestant fondamentaliste, Newcomb adopta par la suite un christianisme détaché et philosophique ; à titre d’exemple, les attaques religieuses irraisonnées contre le darwinisme l’indisposèrent.

Newcomb occupa une place importante dans les organismes scientifiques les plus en vue. Élu à la National Academy of Sciences en 1869, il en fut le vice-président en 1883, puis fut président de l’American Association for the Advancement of Science entre 1876 et 1878. Il devint membre honoraire de plusieurs académies étrangères et reçut de nombreuses récompenses prestigieuses, comme la médaille Copley de la Royal Society de Londres, la médaille d’or de la Royal Astronomical Society, la médaille Huygens, attribuée par les Pays-Bas, et la médaille Bruce de l’Astronomical Society of the Pacific. En outre, un certain nombre d’universités d’Amérique du Nord et d’Europe lui décernèrent des doctorats honorifiques. Reconnu de son vivant comme le plus grand astronome américain du xixe siècle, il fut aussi l’un des scientifiques les plus en vue au monde.

À l’observatoire naval, Simon Newcomb avait eu le rang de capitaine, et en 1906, il fut promu contre-amiral (retraité). Il continua à travailler aux tables lunaires durant sa retraite et fut président de la Conférence internationale des arts et des sciences qui eut lieu en 1904 à l’Exposition universelle de Saint Louis, au Missouri.

Richard A. Jarrell

Une bibliographie exhaustive comprenant plus de 500 publications de Simon Newcomb a été préparée par Raymond Clare Archibald et publiée sous le titre « Simon Newcomb, 1835–1909 : bibliography of his life and work », dans National Academy of Sciences, Memoirs (Washington), 17 (1924) : 19–69.

Un grand nombre des plus importants travaux techniques de Newcomb figurent dans É.-U., Nautical Almanac Office series, Astronomical papers prepared for the use of the « American ephemeris and nautical almanac » (Washington), 1 (1882)–9, partie 1 (1912). Newcomb a aussi écrit des articles pour Smithsonian Contributions to Knowledge (Washington), pour l’Astronomical Journal (Cambridge, Mass., etc.), et pour United States Naval Observatory, Astronomical and meterological observations (Washington), publication plus connue sous le titre Washington observations, pour 1865 et 1875.

Les ouvrages de Newcomb destinés au grand public comprennent Popular astronomy (New York, 1878), The stars : a study of the universe (New York, 1901), et Astronomy for everybody ; a popular exposition of the wonders of the heavens (New York, 1902), publications qui ont toutes faites l’objet de nombreuses éditions. Newcomb a aussi rédigé divers manuels de mathématiques et d’astronomie. Parmi ses guides populaires en économique, on trouve The ABC of finance ; or, the money and labor questions familiarly explained to common people, in short and easy lessons (New York, 1877 ; autre éd., 1878), Principles of political economy (New York, 1886), et A plain man’s talk on the labor question (New York, 1886).

L’autobiographie de Newcomb, The reminiscences of an astronomer, a été publiée à Boston et à New York en 1903. Ses papiers sont conservés à la Manuscript Div. de la Library of Congress, Washington.

W. W. Campbell, « Biographical memoir : Simon Newcomb, 1835–1909 », National Academy of Sciences, Memoirs, 17 : 1–18.— DAB.— Dictionary of scientific biography, C. G. Gillispie et al., édit. (14 vol., New York, 1970–1976), 10 : 33–36.— L. M. Dunphy, « Simon Newcomb : his contribution to economic thought » (thèse de ph.d., Catholic Univ. of America, Washington, 1956).— A. L. Norberg, « Simon Newcomb and nineteenth-century positional astronomy » (thèse de ph.d., Univ. of Wis., Madison, 1974) ; « Simon Newcomb’s early astronomical career », Isis (Washington), 69 (1978) : 209–225.— Standard dict. of Canadian biog., 2.

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Richard A. Jarrell, « NEWCOMB, SIMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/newcomb_simon_13F.html.

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Auteur de l'article:    Richard A. Jarrell
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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