Titre original :  Portrait, circa 1901

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McPhillips, Albert Edward, avocat, officier de milice, homme politique et juge, né le 21 mars 1861 à Richmond Hill, Haut-Canada, fils de George McPhillips et de Margaret Lavin ; le 3 septembre 1896, il épousa à Victoria Emily Sophie Davie, fille d’Alexander Edmund Batson Davie*, et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 24 janvier 1938 au même endroit.

Albert Edward McPhillips était le fils d’un ingénieur civil irlandais catholique arrivé dans le Haut-Canada en 1840. Quand ce dernier accepta un poste d’arpenteur au Manitoba, il s’y installa avec sa famille en 1873. Après des études au collège de Saint-Boniface et au Manitoba College de Winnipeg, Albert Edward décida d’entreprendre une carrière en droit ; il fut reçu au barreau de la province en 1882. Pendant les années 1880, il exerça dans cette ville avec son frère Lewis Griffith, de même qu’avec divers autres associés (dont Edmund Marter Wood) et au sein de plusieurs firmes. En 1890, il agit à titre de solicitor et de directeur du Crédit foncier franco-canadien.

McPhillips, membre de la milice durant cette période, obtint un certificat de deuxième classe de la School of Military Instruction de Toronto. Au cours de la rébellion du Nord-Ouest de 1885 [V. Louis Riel*], il interrompit momentanément sa carrière d’avocat afin de servir dans le 90th Winnipeg Rifles, sous les ordres du général Frederick Dobson Middleton*. Il reçut une médaille avec agrafe pour sa participation aux batailles du ruisseau Fish (Saskatchewan) et de Batoche, et quitterait la milice en 1890 avec le grade de capitaine.

Vers 1891, McPhillips s’établit à Victoria ; le barreau de la Colombie-Britannique l’admit l’année suivante. Peu de temps après, il cofonda l’entreprise McPhillips, Wootton and Barnard, qui se spécialisait dans le droit des sociétés et comptait parmi ses clients la Banque impériale du Canada et la British Columbia Electric Railway Company.

McPhillips montrait un vif intérêt pour la politique. En 1896, il publia une brochure adressée aux électeurs de Victoria sur la question des écoles du Manitoba [V. Thomas Greenway*], en réaction au discours d’Ernest Vining Bodwell, qui, à l’élection partielle fédérale de cette année-là, briguerait sans succès les suffrages comme candidat libéral dans la circonscription de Victoria City. McPhillips y dénonçait les propos tenus par Bodwell le 26 décembre 1895, ainsi que ceux du député Joseph Martin*, en faveur de l’abolition du système d’écoles confessionnelles de la province. Il défendait le droit des catholiques à un système d’éducation séparé d’un point de vue strictement juridique, tout en promettant à son lectorat que cela ne pouvait pas entraîner la Colombie-Britannique dans une bataille judiciaire sur la question, celle-ci n’étant pas régie par les mêmes dispositions légales.

Le 9 juillet 1898, McPhillips se présenta aux élections générales provinciales dans la circonscription de Victoria City et remporta un siège. Il se disait conservateur, même si l’on n’avait pas encore fixé les lignes du parti dans la province. Durant ses années à titre de député, McPhillips continua de pratiquer le droit dans sa firme. Il présida la Victoria Bar Association en 1898 et 1899, et devint conseiller de la reine en 1900, année où il fut réélu. En 1901, il déposa les projets de loi qui mèneraient à la sanction du Deserted Wives’ Maintenance Act, pour obliger les maris déserteurs à dédommager leur épouse, et du Children’s Protection Act, qui autorisait les policiers et les employés des organismes d’aide à l’enfance à appréhender les enfants errants et délinquants. Il parraina le Support for Illegitimate Children Act deux ans plus tard. Le 4 juin 1903, il accéda au poste de procureur général dans le nouveau gouvernement conservateur de Richard McBride*, première administration officiellement partisane de la province. L’attitude du chef avait sans doute plu à McPhillips, qui croyait en une loyauté absolue au parti.

Après avoir perdu son siège à l’Assemblée législative aux élections générales d’octobre, McPhillips fonda une autre firme, la McPhillips and Heisterman, dans laquelle son frère Lewis Griffith, venu s’installer à Victoria, figurait comme associé. En 1906, McPhillips envoya des articles et des lettres du Daily Colonist et du Victoria Daily Times au ministre fédéral de la Justice, Allen Bristol Aylesworth*. Inquiet de voir le Canada renoncer à ses droits de chasse au phoque dans un accord avec l’Angleterre, le Japon et les États-Unis, il déclara qu’il ne protestait pas pour ses clients ou ses intérêts commerciaux, mais à titre de citoyen préoccupé et de nationaliste convaincu.

Réélu en 1907, McPhillips représenta la circonscription The Islands dans le gouvernement conservateur de McBride. Il maintint son siège aux élections générales de 1909 et de 1912. De 1910 à 1913, il assuma la présidence du Conseil exécutif ; il fut de plus affecté à la commission d’enquête provinciale sur la taxation en 1911.

McPhillips demeura à l’Assemblée législative jusqu’au 1er septembre 1913 : ce jour-là, il devint le premier conservateur et le premier catholique à accéder à la Cour d’appel de la Colombie-Britannique [V. James Alexander Macdonald]. Au tribunal, ses collègues le félicitaient pour son zèle et son désir de transparence dans toutes les questions. McPhillips se démarquait de ses pairs par son indépendance. Ceux-ci respectaient généralement ses opinions, même s’il approuvait rarement leurs décisions. Dans les causes criminelles, il était reconnu pour user fréquemment de clémence. En 1924, dans un litige qui ne concernait pas directement les droits territoriaux des Premières Nations, il affirma qu’il n’y avait « aucune extinction expresse du titre d’Indien en Colombie-Britannique ». D’après l’historien Christopher Moore, il se passa 60 ans avant que les juges de la province n’expriment cette opinion. Cela n’empêchait toutefois pas McPhillips de partager les préjugés courants de l’époque. Quand la cour avait maintenu à l’unanimité la décision d’une commission d’enquête sur l’immigration de refuser l’entrée d’un sujet britannique sikh en 1914 [V. Edward Blake Robertson ; William Bruce Almon Ritchie*], ordonnance qui freinerait la venue de Sud-Asiatiques en Colombie-Britannique [V. La xénophobie] pendant plus de 30 ans, de nombreux journaux avaient cité ses propos, selon lesquels les Asiatiques étaient, « sans vouloir les rabaisser, indésirables au Canada ».

McPhillips s’impliqua dans plusieurs organisations sociales et philanthropiques dans la capitale provinciale. Il agit en qualité de vice-président de l’Union Club de Victoria de 1896 à 1901 et de président en 1902–1903. Il appartint de plus au Canadian Club et au Royal Colonial Institute. Sa nomination à titre d’avocat honoraire de la Children’s Aid Society of Victoria lui permit de mettre à profit son expertise juridique dans des causes humanitaires.

Passionné de plein air, McPhillips adorait par-dessus tout l’équitation. Il aimait également le saut en hauteur, la chasse et le camping. À l’occasion d’une sortie avec un groupe dont faisait partie Price Ellison, lui aussi politicien britanno-colombien, il entreprit un voyage exploratoire sur des terres que l’administration du premier ministre McBride avait décrétées gouvernementales. En 1911, on mit ces dernières en réserve pour former le Strathcona Provincial Park, le premier du genre en Colombie-Britannique.

Le matin du 24 janvier 1938, Albert Edward McPhillips s’exprimait en cour avec une telle agitation qu’un de ses collègues s’en inquiéta. Durant la pause de midi, il souffrit d’une crise d’apoplexie et ne reprit jamais connaissance. On parla beaucoup de sa mort dans les journaux provinciaux. Des juges et des hommes politiques firent l’éloge de son service à la Colombie-Britannique et de sa ferveur pour la justice. Ses électeurs honoreraient sa mémoire en nommant une avenue en son nom sur l’île Salt Spring. Officier de milice, homme politique et juriste canadien passionné, McPhillips, par son sens de l’équité et pour sa loyauté envers sa province, son parti et son pays, s’attira le respect d’un grand nombre de gens.

Hugh Avi Gordon

Albert Edward McPhillips est l’auteur d’une brochure intitulée The Manitoba question : true side of the case : Mr. Bodwell’s fallacies exposed : Mr. Joseph Martin and his methods (Victoria, 1896).

Ancestry.com, « Baptêmes, mariages et enterrements de l’Église catholique, Ontario, Canada, 1760 à 1923 », Albert Edward McPhillips, acte de baptême : www.ancestry.ca (consulté le 2 oct. 2018).— BAC, R233-34-0, Ontario, dist. Essex (1), sous-dist. Sandwich East (j) : 85 ; R233-35-2, Manitoba, dist. Selkirk (183), sous-dist. Winnipeg (C), div. 4 : 11 ; R233-36-4, Manitoba, dist. Winnipeg (10), sous-dist. Ward 2 (B), div. 1 : 66–67 ; R233-37-6, C.-B., dist. Victoria (4), sous-dist. Victoria (City) (D), div. 5 : 12 ; R233-114-9, C.-B., dist. Victoria (City) (24), sous-dist. (27) : 2 ; RG13-A-2, vol. 1911, dossier 1906-749 (A. E. McPhillips, K.C. – Victoria, British Columbia – Pelagic sealing) ; RG15-D-II-1, vol. 445, dossier 118091 (A. E. Phillips, Winnipeg, elects to take scrip).— BCA, GR-2951, no 1938-09-538375 ; GR-2962, no 1896-09-016530.— City of Victoria Arch., AC4-CL-07237 (Clipping files coll., McPhillips, Albert Edward, Capt., 1861–1938).— Daily Colonist, 21 sept. 1913, 25 janv. 1938.— Vancouver Daily Province, 25 janv. 1938.— Vancouver Sun, 25 janv. 1938.— Victoria Daily Times, 25 janv. 1938.— Annuaire, Winnipeg, 1880, 1882–1884, 1886, 1888, 1890.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— C. A. Clarkson, Domestic reforms : political visions and family regulation in British Columbia, 1862–1940 (Vancouver et Toronto, 2007).— CPG, 1898–1899.— Christopher Moore, The British Columbia Court of Appeal : the first hundred years (Vancouver, 2014).

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Hugh Avi Gordon, « McPHILLIPS, ALBERT EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcphillips_albert_edward_16F.html.

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Auteur de l'article:    Hugh Avi Gordon
Titre de l'article:    McPHILLIPS, ALBERT EDWARD
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2022
Année de la révision:    2022
Date de consultation:    20 déc. 2024