McGRAY, ASA, charron, ministre baptiste et fermier, né le 18 septembre 1780 à North Yarmouth (Maine), fils de William McGray ; le 7 mars 1801, il épousa à Durham (Maine), Susanna Stoddard, et ils eurent au moins cinq fils et deux filles ; décédé le 28 décembre 1843 à Centreville, Nouvelle-Écosse.

Asa McGray, fils d’un aubergiste de Durham et charron de métier, se convertit au méthodisme dans ce village en 1805 et fut baptisé par immersion. Il commença à prêcher en 1813. Cependant, de plus en plus intéressé par le mouvement baptiste Free Will, il fut ordonné par la congrégation baptiste de Fairfax (Albion) le 26 septembre 1814. Il prêcha pendant deux ans puis partit s’installer à Windsor, en Nouvelle-Écosse, attiré par cette colonie comme nombre d’autres adeptes du mouvement Free Will du district du Maine. Il y gagna sa vie en tant que charron et prêcha à l’occasion.

En 1820 ou 1821, McGray s’installa à Centreville, dans l’île du Cap-de-Sable, où existait peut-être déjà une congrégation baptiste de caractère calviniste. Le 22 mars 1821, assisté du ministre Thomas Crowell, il organisa la première congrégation baptiste Free Will de la Nouvelle-Écosse, à partir, peut-être, d’une ancienne congrégation. Ce groupe différait des baptistes traditionnels de la colonie, principalement en ce qu’il rejetait le calvinisme et défendait le principe de la communion accessible à tous. Comme l’indiquent les comptes rendus des réunions de la congrégation, ses membres étaient déterminés à considérer les « Écritures comme [la] règle unique et tout à fait suffisante [en matière] de foi et de pratique ». Dans cette question comme dans bien d’autres, ils étaient encore très influencés par l’héritage de Henry Alline* et du Grand Réveil. Soumise à bien peu de rivalités, la congrégation de McGray s’accrut rapidement, alimentée par des revivals périodiques.

McGray joua un rôle déterminant dans la fondation d’autres congrégations baptistes Free Will dans les villages environnants de l’île et dans l’ordination de ministres pour les desservir. En 1834, ces congrégations se constituèrent en assemblée ou conférence, sorte d’association peu structurée de congrégations indépendantes qui se réunissaient tous les trois mois. Le 17 juin 1837, les baptistes Free Will conclurent une union partielle avec un groupe semblable, les baptistes Free Christian, qui avaient à leur tête le révérend Joseph Norton. En 1839, rempli d’amertume par suite des différends qui l’opposaient à Norton, McGray se retira avec la majorité des membres de sa congrégation. Ils reprirent leur ancien nom et, en 1840, se joignirent au Farmington Quarterly Meeting du Maine. Ce n’est qu’en 1867 que les congrégations baptistes Free Will et Free Christian de la Nouvelle-Écosse s’unirent de nouveau sous le nom de Free Baptist Conférence. En 1906, leur association fusionna avec les baptistes calvinistes pour former la United Baptist Convention of the Maritime Provinces.

McGray servit sa congrégation et sa communauté avec désintéressement, notamment en aidant à la construction d’écoles et de ponts. Il fit souvent fonction de médecin et sa femme, de sage-femme. En 1827, il fonda la première école du dimanche de l’île. Suivant la tradition de sa congrégation, il ne reçut pas de salaire pour son travail pastoral et alla même jusqu’à fournir à ses frais le premier lieu de culte en agrandissant et transformant sa maison. Il vivait des produits de sa ferme et des cadeaux que ses fidèles lui offraient à l’occasion. Ce n’est qu’en 1838 que la congrégation accepta de contribuer à son soutien matériel.

La querelle avec Norton n’est qu’un exemple des divisions graves et nombreuses qui ont déchiré le mouvement baptiste et marqué les dernières années d’Asa McGray, à une époque où les évangéliques de la Nouvelle-Écosse essayaient de faire leur choix parmi la prolifération déconcertante des sectes qui prévalait à certains moments. La doctrine Free Will de McGray et son insistance pour que l’eucharistie soit offerte à tous jouèrent finalement un rôle important dans la formation de l’opinion des baptistes aux Maritimes. Ironie du sort, il a fallu un prédicateur du Maine pour réintroduire la doctrine de Henry Alline en Nouvelle-Écosse et l’y maintenir à une époque où la plupart des disciples de ce dernier, y compris Edward Manning* et Joseph Dimock, adoptaient des voies plus « orthodoxes ».

Barry M. Moody

Atlantic Baptist Hist. Coll., Acadia Univ. (Wolfville, N.-É.), Centreville, Shelbume County, N.-É., United Baptist Church records, records of Cape Sable Island Free Baptist Church ; Edward Manning, journals.— A treatise on the faith of the Free Baptists of Nova Scotia (s.l.n.d. ; copie à l’Atlantic Baptist Hist. Coll.).— Christian Messenger, 25 août 1837.— S. B. Atwood, The length and breath of Maine (Orono, Maine, 1973).— Free Baptist cyclopædia, G. A. Burgess et J. T. Ward, édit. (Chicago, 1889).— Bill, Fifty years with Baptist ministers.— Edwin Crowell, A history of Barrington Township and vicinity [...] 1604–1870 (Yarmouth, N.-É., [1923] ; réimpr., Belleville, Ontario, 1973), 253256, 519520.— Levy, Baptists of Maritime prov.— Saunders, Hist. of Baptists.— I. D. Stewart, The history of the Freewill Baptists for half a century (Dover, N.H., 1862).

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Barry M. Moody, « McGRAY, ASA », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcgray_asa_7F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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