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Titre original :  Eliza (Elsie) McAlister Cassels. Detail from City of Red Deer Archives image P7611 (https://reddeer.access.preservica.com/uncategorized/IO_8fd0e225-fda8-473d-853d-90492524504a/).

Provenance : Lien

McALISTER (Macalister), ELIZA (Elsie) (Cassels), naturaliste, cultivatrice et fonctionnaire, née le 16 février 1864 à Megget, dans la paroisse de Lyne and Megget, Écosse, fille d’Archibald McAlister et de Janet Reid ; le 5 avril 1889, elle épousa à Cappercleuch, Écosse, William Anderson Cassels (1864–1941), et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 12 novembre 1938 à Red Deer, Alberta.

Eliza McAlister, surnommée Elsie, reçut, vraisemblablement de son père, instituteur de l’Église libre d’Écosse, une éducation classique. La cérémonie de son mariage se déroula dans la maison familiale, qui servait également d’école pour l’Église libre. L’officiant, pensionnaire des McAlister, célébra l’union muni d’un simple certificat d’enregistrement du shérif. William Anderson Cassels, mari d’Eliza, né de parents écossais dans le Yorkshire, en Angleterre, avait étudié à l’Edinburgh Academy, école secondaire privée. Son père était vicaire de l’Église d’Angleterre. Certaines connaissances croyaient que ce mariage avait tellement déplu aux parents de William Anderson, peut-être pour des raisons religieuses, que les jeunes époux avaient dû s’exiler au Canada et vivre aux dépens de leurs familles pour le restant de leurs jours. La vérité était tout autre. Au moment de sa rencontre avec Eliza, William Anderson habitait dans l’Ouest américain depuis de nombreuses années et était retourné en Écosse dans un but précis : trouver une femme qui pratiquerait l’agriculture avec lui dans les plaines de l’Amérique du Nord. Il ne correspondait pas non plus au stéréotype du résident étranger qui vivait aux crochets de sa famille. Au contraire, il amassa peu à peu une petite fortune en biens immobiliers en Alberta et se porta même garant d’hypothèques contractées par d’autres personnes. Il fit cependant preuve d’avarice envers sa propre femme.

Eliza et William Anderson commencèrent par exploiter une concession de terre en 1889, près de Penhold, en Alberta. Après l’échec de cette tentative, à cause d’un manque d’eau, ils s’installèrent dans le district de Clearview. En 1895, ils avaient défriché 11 acres de prairie, construit deux milles de clôtures pour le bétail et converti leur maison de tourbe en maison de briques. Ils reçurent enfin les titres de propriété de leur terre en 1897. Certains de leurs voisins les croyaient dans la misère – on disait qu’ils avaient l’air « à moitié affamés » la plupart du temps, malgré leurs « bons chevaux » et leurs « bons fusils ». Selon une entrevue de Mme Cassels publiée dans le journal local, « leurs maigres provisions et le manque de vêtements chauds pour l’hiver » les exténuèrent. Heureusement pour elle, ils ne passeraient pas toute leur existence isolés, à pratiquer une agriculture de subsistance. En 1902, ils s’établirent à Red Deer. Leur décision d’abandonner l’agriculture s’expliquait peut-être, en partie, par le fait qu’ils n’avaient pas de progéniture, handicap sérieux pour l’expansion d’une ferme, qui nécessitait le travail des enfants.

Pendant la jeunesse d’Eliza, l’intérêt pour l’histoire naturelle était répandu en Écosse, où on considérait l’étude de la nature comme un moyen de progresser individuellement et d’améliorer la société dans son ensemble. Le sujet capta très tôt son attention et, animée d’une passion qui ne déclinerait pas avec le temps, elle resta une fervente naturaliste toute sa vie. Une fois installée à Red Deer, elle commença à collaborer avec d’autres naturalistes de la région, comme Francis (Frank) La Grange Farley, Thomas Edmund Randall et Charles Snell. À 42 ans, elle devint membre de l’Alberta Natural History Society (ANHS) dès sa fondation en 1906 et y prit part activement. Elle fit simultanément campagne pour la création d’un parc provincial qui inclurait le canyon de la rivière Red Deer. Cette entreprise échoua, mais, en 1924, elle réussit à faire reconnaître le Gaetz Lake Sanctuary comme un refuge faunique du dominion ; elle y travaillerait comme agente de conservation de gibier pour le Canada Bird Protection Service sous la Direction des parcs du dominion. De 1916 à 1922, elle dirigea l’ANHS en collaboration avec Henry George, président fondateur de l’organisme et médecin britannique passionné des oiseaux. Première femme à détenir un poste officiel dans une société d’histoire naturelle au Canada, elle en fut la vice-présidente de 1917 à 1924.

À une époque où le gouvernement avait très peu de compétences et de capacités institutionnelles en matière d’affaires environnementales, les scientifiques amateurs et les sociétés comme l’ANHS jouaient un rôle essentiel pour protéger la flore et la faune du Canada et les paysages naturels, et pour sensibiliser le public à la nécessité d’un tel travail. Malgré tout, des dissensions existaient entre les naturalistes. Par exemple, il était bien connu que Mme Cassels et George entretenaient un désaccord au sujet de la taxonomie et de l’identification. Contrairement aux naturalistes plus traditionnels, comme George et James Henry Fleming, Mme Cassels s’opposait fermement à ce que l’on tue des oiseaux pour constituer des collections d’histoire naturelle ; elle donnait plutôt des conférences à des membres d’autres groupes naturalistes sur l’importance de l’observation patiente avec des jumelles et l’art de reconnaître les différents chants d’oiseaux. En revanche, George ne voyait pas de mal à abattre des oiseaux rares et à leur enlever leurs œufs pour enrichir ses propres collections, car il croyait que la véritable identification des spécimens passait par l’examen et la dissection. Mme Cassels prônait l’observation sur le terrain plutôt que la collection, ce qui préfigurait l’orientation des études ornithologiques. Son influence dans les cercles naturalistes d’Alberta ne se fit cependant pas sentir avant la retraite de George, en 1922.

Mme Cassels effectua ses études de terrain depuis la rivière Red Deer jusqu’au lac Sylvan, où son mari avait acquis 33 acres de terres riveraines. Elle y établit, à partir d’une maison appelée The Ark, des colonies d’hirondelles noires et entreprit des recherches sur plusieurs espèces, dont la sittelle pygmée, la mésange à tête brune, le labbe, le faucon gerfaut blanc, le colibri roux et la sittelle à poitrine rousse. De plus en plus reconnue pour son exactitude, elle commença à correspondre avec quelques ornithologues notoires, tels que William Robert Rowan et Percy Algernon Taverner, qui l’encouragèrent à soumettre ses observations au Canadian Field-Naturalist, ce qu’elle fit de 1920 à 1937. La correspondance entre Mme Cassels et Rowan, Taverner, Farley, Randall et Snell montre une femme très respectée pour ses opinions et ses méthodes. Elle agissait comme principale responsable du décompte des oiseaux migratoires de l’ANHS, document à grande diffusion qui aidait Rowan dans son travail scientifique à la University of Alberta.

Pleine de ressources – elle disait souvent qu’elle aurait aimé exercer le métier de menuisière –, Mme Cassels ne se laissait nullement intimider par les défis de l’agriculture dans les Prairies. Elle avait aussi un penchant anticonformiste ; par exemple, elle fumait la cigarette, habitude quelque peu scandaleuse pour une femme à son époque. Renommée pour son « charme et sa culture », elle chantait adorablement et était une violoniste autodidacte. Par-dessus tout, les oiseaux qu’elle étudiait lui tenaient à cœur. En 1921, elle écrivit dans le Red Deer Advocate : « Je ne connais rien de plus ravissant qu’une nuée de carouges à épaulettes, allant et venant au-dessus de leur aire de nidification dans la lumière du matin, trillant leur joli chant d’appel et déployant leurs ailes écarlates pour montrer la magnifique tache rougeoyante bordée de crème sur leurs épaules, tout en planant au-dessus du nid. » Vers la fin de la vie de Mme Cassels, un de ses amis nota : « Depuis bon nombre d’années, elle est très sollicitée pour donner des conférences sur les oiseaux, et tandis qu’elle explique leurs habitudes et leurs particularités, son visage s’éclaire avec enthousiasme et son auditoire, transporté loin des réalités du présent par l’imaginaire, vit parmi les oiseaux et les beautés de la nature. »

Eliza Cassels souffrait depuis longtemps de problèmes cardiaques, dit-on, et mourut en 1938, vraisemblablement d’un accident vasculaire cérébral, trois ans avant son mari. À Red Deer, elle était très admirée et participait à nombre d’activités sociales. William Anderson demeurait, pour sa part, distant et réservé ; selon la rumeur, il connut plusieurs épisodes de dépression durant lesquels il ne parlait à personne pendant des semaines. Après sa mort, le journal local rapporta que la valeur de sa succession s’élevait à 90 000 $, somme envoyée à un parent lointain en Écosse. Paradoxalement, le couple vivait très modestement, économisant sur le bois de chauffage, la nourriture et les vêtements ; à l’occasion, ils ne payaient pas leurs cotisations à l’ANHS ou à leur église. La communauté était très étonnée qu’une femme aussi talentueuse et joyeuse que Mme Cassels, défricheuse d’une concession de terre dans les Prairies et naturaliste très active, ait pu accomplir autant de choses avec si peu de soutien. Si elle n’avait pas étudié l’histoire naturelle de façon aussi énergique et enthousiaste, en s’appuyant sur une nouvelle approche de travail sur le terrain, Mme Cassels serait demeurée dans l’anonymat.

Ernestina Crossfield

Eliza McAlister (Cassels) a collaboré à la section « Notes and observations » de la revue Canadian Field-Naturalist (Ottawa). Parmi ses contributions figurent celles-ci : « Hudsonian chickadee », 34 (1920) : 99 ; « The jaeger at Sylvan Lake, Alta », 34 (1920) : 159 ; « White gyrfalcon in Alberta », 36 (1922) : 58 ; « Rufous hummingbird », 42 (1928) : 150 ; « Red-breasted nuthatch », 49 (1935) : 140 ; et « Unusual nesting of eastern redwings », 51 (1937) : 12. Elle a également écrit l’article « Our familiar birds », Red Deer Advocate (Red Deer, Alberta), 15 juill. 1921 : 7, et une lettre à la rédaction du Canadian Field-Naturalist, 38 (1924) : 34.

Ancestry.com, « Recensement de l’Écosse de 1861 » ; « Recensement de l’Écosse de 1871 » ; « Recensement de l’Écosse de 1881 » : www.ancestry.ca (consulté le 9 nov. 2016).— BAC, R233-36-4, Territoires du Nord-Ouest, dist. Alberta (197), sous-dist. Calgary et Red Deer (A) : 2, 3 ; R233-37-6, Territoires, dist. Alberta (202), sous-dist. Red Deer (Y3) : 4 ; R233-46-7, Alberta, dist. Strathcona (21), sous-dist. ville de Red Deer (44) : 21.— NRS, SR Marriages, Megget (Peeblesshire), 5 avril 1889.— Red Deer & Dist. Arch. (Alberta), MG31/184 (Red Deer River Naturalist fonds), minutes (1908–1921) ; annual reports (1910–1921).— M. P. Cole, « History of Springvale : Mr. and Mrs. Cassels », Red Deer Advocate, 13 févr. 1959 : sect. 2, p.1.— A. L. Gaetz, « Woman provides sanctuary for feathered folk », Calgary Daily Herald, 13 avril 1935 : 31.— « Many attend services for Mrs Cassels », Albertan (Calgary), 18 nov. 1938 : 11.— « Many brave women pioneers of the Red Deer district », Red Deer Advocate, 18 juill. 1934 : sect. 3, p.1.— « Pioneers of central Alberta », Red Deer Advocate, 18 mars 1967 : 5.— M. G. Ainley, Restless energy : a biography of William Rowan, 1891–1957 (Montréal, 1992).— J. L. Cranmer-Byng, « A life with birds : Percy A. Taverner, Canadian ornithologist, 1875–1947 », Canadian Field-Naturalist, 110 (1996) : 1–254.— Ernestine Crossfield, « A natural adaptation : Elsie (McAlister) Cassels : Scottish immigrant and naturalist on the Albertan prairie, 1889–1938 » (mémoire de m.a., univ. Concordia, Montréal, 1997).— D. A. Finnegan, « Natural history societies in late Victorian Scotland and the pursuit of local civic science », British Journal for the Hist. of Science (Cambridge, Angleterre), 38 (2005) : 53–72.— J. M. MacKenzie, Museums and empire : natural history, human cultures and colonial identities (Manchester, Angleterre, et New York, 2009).— « Obituary notice », Canadian Field-Naturalist, 53 (1939) : 29.

Bibliographie générale

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Ernestina Crossfield, « McALISTER (Macalister), ELIZA (Elsie) (Cassels) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/mcalister_eliza_16F.html.

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Auteur de l'article:    Ernestina Crossfield
Titre de l'article:    McALISTER (Macalister), ELIZA (Elsie) (Cassels)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    28 mars 2024