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Titre original :  Lillian Frances Massey Treble, c.1895

Provenance : Lien

MASSEY, LILLIAN FRANCES (Treble), philanthrope et éducatrice, née le 2 mars 1854 à Newcastle, Haut-Canada, fille unique de Hart Almerrin Massey* et d’Eliza Ann Phelps ; le 26 janvier 1897, elle épousa à Toronto John Mill Treble, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédée le 3 novembre 1915 à Santa Barbara, Californie, et inhumée à Toronto.

Lillian Frances Massey fit d’abord des études à Newcastle et au Wesleyan Female College de Hamilton. En 1871, elle s’installa avec ses parents à Cleveland, dans l’Ohio, où elle fréquenta le Cleveland Female Seminary. Dès 1876, elle œuvrait à l’école du dimanche, à la société missionnaire et à la société d’assistance aux femmes de la First Methodist Episcopal Church. En outre, elle participait avec sa famille aux réunions de la Chautauqua Assembly, mouvement éducatif et religieux installé au lac Chautauqua, dans l’État de New York. En 1882, les Massey se fixèrent à Toronto, où Hart Almerrin Massey reprit bientôt la direction de l’entreprise familiale de fabrication d’instruments aratoires. Bien que fragile, Lillian Frances voyageait beaucoup : elle fit le tour du monde en 1877–1878 et en 1887–1888. Longtemps sous la tutelle de son père et de ses frères, elle ne commença à sortir de l’ombre que vers 1895, lorsqu’elle eut plus de 40 ans.

Comme son père était riche et participait à des œuvres de bienfaisance, Lillian Frances Massey, qui était d’un tempérament réservé, put choisir comme vocation la philanthropie, cet « art difficile ». Le fait qu’elle avait travaillé tôt dans une société d’aide aux femmes, avait des lectures axées sur la rédemption et se passionnait (notamment sous l’influence du mouvement de Chautauqua) pour l’économie domestique, discipline alors nouvelle, laissait entrevoir qu’elle se dévouerait pour les femmes. Les initiatives avant-gardistes de méthodistes de Toronto en faveur des réformes sociales l’encouragèrent dans cette voie. Lillian Frances Massey souscrivit dès 1888 aux œuvres urbaines de l’église Metropolitan et elle soutenait la Toronto City Missionary Society. En 1894, elle aida son père à mettre sur pied la Fred Victor Mission, qui entendait faire un « travail direct d’évangélisation » auprès des pauvres et des débauchés. À la mort de Hart Almerrin Massey, en 1896, Lillian Frances et ses frères survivants, Chester Daniel et Walter Edward Hart*, reçurent des héritages généreux et devinrent en plus administrateurs de la succession paternelle. À ce titre, ils géraient un fonds destiné à des œuvres philanthropiques qui s’élevait à plus de un million de dollars. Jusqu’en 1899, par exemple, ils continuèrent à financer l’administration et l’expansion de la Deaconess Home and Training School de Toronto.

En 1896, « convaincue que la réforme sociale [devait] tenir compte des conditions domestiques », Lillian Frances Massey inaugura à la Fred Victor Mission un « potager », ainsi que des cours de couture et de cuisine pour les jeunes femmes et jeunes filles des quartiers défavorisés avoisinants. Elle était dans une situation privilégiée : peu de Canadiennes avaient les moyens de réaliser un tel projet dans le cadre d’une organisation à prédominance masculine. Bien qu’elle ait contribué à l’élaboration des cours et à l’équipement des classes, ce furent d’abord des diaconesses résolument bourgeoises qui donnèrent les cours et firent les démonstrations dans les foyers. Un certain nombre de ces diaconesses étaient diplômées de la Chicago Methodist Episcopal Training School et du Drexel Institute of Technology de Philadelphie.

Les cours de la mission ne durent pas avoir les effets escomptés par Lillian Frances Massey. En 1900, après avoir visité des écoles d’économie domestique à l’étranger, elle ouvrit son propre établissement, la Lillian Massey School of Household Science and Art. Puis, presque tout de suite, elle entreprit d’élargir les appuis dont bénéficiait l’économie domestique. Plus tard la même année, elle s’adressa au département de l’Éducation de l’Ontario pour qu’il autorise son école à lancer un programme de pédagogie. L’idée fut acceptée l’année suivante, l’école fut rebaptisée Lillian Massey Normal Training School of Household Science et les inscriptions commencèrent en février 1902. En outre, Lillian Frances Massey fit des démarches pour que l’économie domestique soit enseignée au niveau universitaire. Membre de la section torontoise du National Council of Women of Canada, elle se fit aider de la section de Winnipeg pour qu’un programme soit mis en place à l’université de Manitoba en 1902. L’année suivante, elle accepta de financer un programme au Mount Allison College de Sackville, au Nouveau-Brunswick, à la condition que le collège crée un département permanent d’économie domestique, ce qui fut accepté au début de 1904. Elle soutint également un département au Columbian Methodist College de New Westminster, en Colombie-Britannique.

Ce fut à la University of Toronto que Lillian Frances Massey obtint le plus de succès. Par l’entremise d’un ami de sa famille, Nathanael Burwash, elle réussit à faire instituer en 1902 le premier programme d’économie domestique du pays qui donnait droit à un diplôme universitaire ; ce programme durait quatre ans. La formation en pédagogie fut transférée de l’école Massey à la University of Toronto en 1905. Un an plus tard, l’université créa une faculté, qui fut placée sous l’autorité de l’ancienne directrice de l’école, Annie Lewisa Laird*, et Lillian Frances Massey accepta de financer la construction d’un édifice. Mis en chantier en 1908 et ouvert en 1913, il était considéré comme la meilleure installation du continent et contribua beaucoup à lever les doutes encore persistants sur l’utilité de l’économie domestique. La structure de l’édifice fut dessinée par George Martell Miller, l’architecte de la famille, mais Annie Lewisa Laird et Lillian Frances Massey conçurent une grande partie de l’intérieur. En outre, cette dernière fonda une école d’économie domestique à la mission méthodiste Azabu à Tokyo et, si son frère Chester décida de financer une « cuisine diététique » au Toronto General Hospital, ce fut probablement en partie à cause d’elle.

Les vues de Lillian Frances Massey sur la réforme sociale par l’économie domestique se dégagent en partie des programmes qu’elle parrainait, mais elle ne les a pas exposées clairement. Les femmes qui assistaient aux cours de la Fred Victor Mission étaient, bien entendu, des « pauvres qui se respect[aient] ». On affirmait remporter quelque succès auprès d’elles, mais dans leurs rapports, les diaconesses manifestaient du mépris pour nombre de mères de la classe ouvrière ou de mères immigrantes. Ces femmes, disaient les diaconesses, s’occupaient mal de leur famille ; elles étaient donc à l’origine de certains problèmes domestiques. En outre, les normaliennes de l’école Massey, en enseignant aux mères et aux filles à n’apprêter que des céréales, des fèves et des viandes coriaces, étaient sans doute réalistes, mais elles maintenaient tout de même les distinctions de classe. Des préjugés transparaissaient également dans le programme d’assistance aux voyageuses que Lillian Frances Massey lança en 1903 par l’intermédiaire de l’Union chrétienne de tempérance des femmes. Les diaconesses qui appliquaient ce programme recherchaient des femmes déchues.

Lillian Frances Massey n’était pas la seule à prendre des initiatives dans le domaine de l’économie domestique. Il existait au moins une autre école à Toronto dans les années 1890. Adelaide Sophia Hoodless [Hunter*], de Hamilton, prônait ce genre de formation. Elle remportait beaucoup de succès, même si elle n’eut jamais ces deux atouts sur lesquels pouvait compter Lillian Frances Massey (qui agissait rarement en public) : l’indépendance financière et le soutien d’une confession religieuse. Les deux femmes n’entretenaient pas de relations cordiales, mais elles appartenaient toutes deux au courant conservateur du mouvement de l’économie domestique, selon lequel la place des femmes était à la maison. Cette position contrastait vivement avec celle d’Alice Amelia Chown*, que Lillian Frances Massey connaissait par l’entremise de la Canadian Household Economic Association, dont elle fut présidente honoraire dans les années 1900. Non seulement Alice Amelia Chown se servirait-elle du mouvement pour contester le rôle traditionnel des femmes, mais elle en viendrait aussi à promouvoir une conception laïque et scientifique du travail social qui menacerait le bénévolat que Lillian Frances Massey prônait et pratiquait.

Lillian Frances Massey bénéficiait d’un appui inconditionnel de la part de sa famille, et surtout de Chester, son unique frère survivant après 1901. En 1897, à l’âge de 43 ans, elle avait épousé John Mill Treble ; c’était un marchand de vêtements pour hommes et il avait des enfants. Administrateur ou trésorier d’organisations méthodistes torontoises telle la Fred Victor Mission, Treble connaissait bien les Massey. Après leur mariage, Lillian Frances et John Mill habitèrent la maison de Mme Massey mère, Euclid Hall, où Lillian Frances fit faire des travaux. Comme son père, elle était douée pour l’aménagement. Elle rassembla une collection de robes de cérémonie chinoises et de broderies méditerranéennes qu’elle céda au Musée royal de l’Ontario « pour donner aux Canadiennes un exemple de ce qu’il est possible de faire dans l’art du tissage et de la broderie ».

On a toujours dit que Lillian Frances Massey était de constitution délicate. Raymond Hart Massey* rappellerait, non sans exagération, que sa tante était une « hypocondriaque confirmée et une adepte inconditionnelle des régimes ». À compter des années 1900, elle souffrit durant de longues périodes d’un mal non diagnostiqué. Son état empira à cause de la mort de son mari en 1909 et du « lourd fardeau » que représentait l’établissement de la faculté d’économie domestique à Toronto. Dans l’espoir de prendre du mieux, elle se rendit à Atlantic City, au New Jersey, dans le New Hampshire, en Arizona et finalement en Californie. Lorsqu’elle était au loin, elle écrivait à Chester des lettres pathétiques dans lesquelles elle se tourmentait au sujet de son cher édifice d’économie domestique et lui demandait d’aller lui rendre visite. Seule et « percluse de névrite », elle mourut en 1915. Elle laissait une fortune de plus de 2 millions de dollars, dont un legs de 100 000 $ pour le maintien de la faculté d’économie domestique, et 300 000 $ pour la formation du clergé méthodiste.

Dans leurs éloges, les méthodistes de sexe masculin rappelèrent, sans y voir de paradoxe, ce que Lillian Frances Massey avait accompli tout en évoquant sa conformité à un modèle conventionnel. Ainsi, on put lire : « Retirée dans la sphère étroite de la vie domestique, elle incarnait les plus belles caractéristiques de la féminité chrétienne. Patiente devant la souffrance, elle mena une calme vie d’invalide sans se plaindre, dans la soumission à la volonté de Dieu. »

David Roberts

AN, MG 32, A1.— AO, RG 2-29, 3, domestic science files, 1882–1905 ; RG 2-103 ; RG 22-305, nos 22009, 30966.— EUC-C, Church records, Toronto Conference, Fred Victor Methodist/United Mission records.— UTA, A73-0026/312(03) ; A75-0008 ; A85-0020.— Christian Guardian (Toronto), 10, 17 nov., 29 déc. 1915.— Allisonia (Sackville, N.-B.), 1 (1903–1904)–11 (1913–1914).— Mollie Gillen, The Masseys : founding family (Toronto, 1965).— In memory of Lillian Massey Treble ([Toronto, 1915 ?] ; exemplaire aux EUC-C).— R. [H.] Massey, When I was young (Toronto, 1976).— Alison Prentice et al, Canadian women : a history (Toronto, 1988).— E. C. Rowles, Home economics in Canada ; the early history of six college programs : prologue to change (Saskatoon, Saskatchewan, [1964]).— Patricia Saidak, « The inception of the home economics movement in English Canada, 1890–1910 : in defence of the cultural importance of the home » (mémoire de m.a., Carleton Univ., Ottawa, 1987).— Judith St John, Firm foundations : a chronicle of Toronto’s Metropolitan United Church and her Methodist origins, 1795–1984 (Winfield, C.-B., 1988).— C. B. Sissons, A history of Victoria University (Toronto, 1952).— R. M. Stamp, « Teaching girls their « God given place in life », Atlantis (Wolfville, N.-É.), 2 (1976–1977), n2, 1re partie : 18–34.— J. D. Thomas, « Servants of the church : Canadian Methodist deaconess work, 1890–1926 », CHR, 65 (1984) : 371–395.— Types of Canadian women [...], H. J. Morgan, édit. (Toronto, 1903).— Mariana Valverde, The age of light, soap, and water : moral reform in English Canada, 1885–1925 (Toronto, 1991).

Bibliographie générale

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David Roberts, « MASSEY, LILLIAN FRANCES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/massey_lillian_frances_14F.html.

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Auteur de l'article:    David Roberts
Titre de l'article:    MASSEY, LILLIAN FRANCES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    28 mars 2024