Provenance : Lien
MALLANDAINE, EDWARD, artiste, instituteur, éditeur, fonctionnaire, architecte et arpenteur, né le 6 août 1827 à Singapour, unique fils survivant de John Mallandaine, de l’East India Company, et de Mary Smith ; marié une première fois le 5 mai 1855 à Londres, il épousa le 1er septembre 1866, à Victoria, Louisa Townsend, et ils eurent deux filles et trois fils dont un, Edward, devint architecte ; décédé le 5 avril 1905 à Victoria.
Edward Mallandaine fit ses études à Dinan, en France, où son père s’était fixé. Pendant moins de trois mois, en 1844, il reçut à Camberwell (Londres) une formation en architecture. La mention d’un annuaire de 1892 selon laquelle il avait fait « cinq ans de stage chez un architecte à Londres » était donc bien loin de la vérité, même si ce renseignement avait sans nul doute été inséré avec son accord. Forcé de prendre de petits travaux de dessin et négligeant une occasion d’acquérir de solides compétences techniques, il jongla avec l’idée de se marier, puis accepta les 50 £ que son père lui offrait pour émigrer en Australie. De 1852 à 1854, il travailla là-bas dans les gisements d’or et en tant que dessinateur.
Une fois de retour à Londres, Mallandaine reprit son existence incertaine de dessinateur de plans et contracta un premier mariage. Sa femme mourut en donnant naissance à une fille qui survécut peu de temps. À cette tragédie s’ajouta en juillet 1856 la mort de son père, dont il hérita 100 £ et peut-être l’idée d’émigrer à Victoria. Cependant, il se rendit d’abord à Sacramento, en Californie, et ne débarqua à Victoria que le 12 octobre 1858. Succombant à la fièvre de l’or, il décida de « partir pour les mines », en l’occurrence pour Bridge River, sur le Fraser. Malgré l’intelligence, la détermination, voire l’élégance qu’il montre sur les photographies de l’époque, la malchance le poursuivait ; il se fit voler ses biens par des « Indiens » avant d’atteindre le fort Langley (près de Langley) en décembre. Dans le seul carnet d’esquisses qui subsiste de lui, on trouve des études au crayon dont les annotations prouvent qu’il resta au fort jusqu’à la mi-janvier 1859. Une autre esquisse, intitulée Miners hut on the Coquihalla Creek et datée « M 26 59 », indique qu’il se trouvait dans cette région aurifère au printemps.
En août, Mallandaine essaya d’établir une petite propriété dans l’île Salt Spring. Sa tentative se solda par un échec, mais cela ne l’empêcha pas de retourner dans la région en janvier suivant dans l’espoir de se faire élire à la Chambre d’assemblée de l’île de Vancouver. Entre-temps, il commença à enseigner le français à Victoria, à l’école d’un certain J. Silversmith. Fort peu judicieusement, vu la concurrence des écoles confessionnelles, il se porta acquéreur de l’établissement de Silversmith, à la Victoria Select School. Il tint le coup environ deux ans, tout en finançant la publication de son annuaire illustré, le First Victoria directory, qui parut en 1860.
Cet annuaire, dont la préface rappelait brièvement l’histoire de la province, est un document d’une valeur inestimable. On y trouve la liste des centres de peuplement, des fonctionnaires, des membres des professions, corps de métier et organisations locales. Fait significatif, il contient une section sur les commerces de San Francisco. De toute évidence, Mallandaine voulait, en le publiant, encourager la mise en valeur des « richesses de ces terres fertiles ». Il vantait en particulier l’île de Vancouver, qui lui semblait promise à devenir le « joyau du Pacifique », et Victoria, port franc situé sur le « trajet [par lequel] les capitaux et l’esprit d’entreprise anglais » gagnaient la région du Pacifique. Il reprendrait ces thèmes dans d’autres livraisons.
À compter de 1862, le travail appela souvent Mallandaine hors de Victoria. D’abord employé de la commission de voirie du district de Victoria, puis percepteur d’impôts pour la commission d’Esquimalt, il accepta, le 24 octobre 1864, d’exercer la « fonction passablement sinistre » de percepteur pour ces deux commissions. Il conserva ces responsabilités au moins jusqu’en 1868. Pendant cette période, le besoin d’argent le poussa néanmoins à aller chercher de l’emploi à Portland, dans l’Oregon. En avril 1870, il devint percepteur des taxes scolaires à Victoria. Du 27 avril 1874 au 1er juillet 1879, nanti du grade temporaire de capitaine, il fut officier payeur du district militaire no 11. Trois fois, soit en 1871, 1877 et 1882, il participa aux levés entrepris en prévision de la construction du chemin de fer qui devait relier le Canada au Pacifique. C’est de la deuxième de ces expéditions, qui dura de juillet à septembre 1877, que datent ses esquisses au crayon les plus représentatives et son aquarelle évoquant les grands espaces intitulée Mountain on Fraser R. 36m above Boston Bar. Le fait qu’il prit part aux levés, qu’il alla en août 1875 à la recherche d’or dans le district de Cassiar (en vain d’ailleurs), qu’il se rendit à San Francisco en 1876–1877 pour du travail d’architecte et que, pendant quelque temps en 1882, il fit du dessin à Portland pour la Northern Pacific Railroad Company, prouve l’insuccès du bureau d’architecte qu’il avait ouvert à Victoria en 1863.
Certes, Mallandaine avait construit en 1863–1864, rue Store, un édifice de brique et de pierre qui fut intégré par la suite à l’Albion Iron Works, mais après, sa pratique avait décliné, probablement à cause de la concurrence de John Wright et de John Teague. En 1873, il affirma qu’on avait retenu ses services pour la rénovation du Female Infirmary et pour l’aménagement d’une « salle des fiévreux », ainsi que pour la construction du bureau de poste de la rue Government. Il dressa pour le bureau de poste des plans de style « classique » et des plans plus simples, de style palladien ; dans les deux cas, son estimation était de 40 000 $. Cependant Mallandaine fut supplanté avant la mise en chantier, sauf à l’hôpital. Il mena à terme d’autres commandes : une sobre église-halle néo-gothique à Metchosin et des écoles de bois peu coûteuses à Cedar Hill (Saanich), Comox, Sooke et Nanaimo. Plusieurs plans résidentiels plus ambitieux furent rejetés ou abandonnés, de même que des projets d’hôtel à New Westminster et Victoria. À cette série d’échecs s’ajouta en 1875 sa défaite au concours de l’hôtel de ville de Victoria ; ce fut le projet de John Teague qui fut retenu. Mallandaine attribua sa déconvenue au fait que son évaluation était trop élevée, mais d’autres facteurs avaient probablement compté davantage : absence de réelle compétence en architecture et médiocrité de ses rapports avec autrui, motif qui lui avait coûté un poste au bureau des Terres et des Travaux publics en 1874.
On attribuait à Edward Mallandaine « plusieurs entrepôts », et le fait qu’au moins l’un d’eux s’avéra instable pourrait expliquer pourquoi, en 1884 et en 1885, plusieurs contrats passés avec lui pour la construction de gros immeubles commerciaux furent annulés. Le principal ouvrage qui subsiste de lui, l’église anglicane St Luke, se trouve en bordure du Cedar Hill Cross Road à Saanich. Érigé pendant l’hiver de 1887, ce bâtiment modeste était déjà, à l’époque, d’un néo-gothique démodé. L’amateurisme de Mallandaine est particulièrement manifeste dans le projet pompeux qu’il présenta en 1892 au concours du nouveau Parlement provincial. Ce fut Francis Mawson Rattenbury* qui remporta la victoire, et après, semble-t-il, Mallandaine abandonna le métier. Il continua d’écrire sur des questions d’actualité dans le Daily Colonist et compila des souvenirs en 1897 en puisant dans ses journaux personnels rédigés avec concision, mais des ennuis de santé assombrirent de plus en plus son séjour dans son dernier domicile, à la baie James. Il mourut là, sa longévité lui ayant enfin apporté la renommée qui lui avait échappé tout au long de sa carrière.
Les principaux documents sur la vie d’Edward Mallandaine sont conservés aux BCARS. Ses papiers, qui comprennent ses réminiscences, ses journaux personnels et ses calepins, sont classés sous la cote Add. mss 470 ; on peut aussi trouver de l’information additionnelle sur sa famille sous la cote D–19. Beaucoup de ses dessins au crayon et à la plume et de ses croquis d’aquarelles, ainsi que plusieurs caricatures à l’encre se trouvent dans le Visual Records Unit (pdp 1256–1287, pdp 1337–1344, pdp 3387–4306) ; parmi ces illustrations, les plus dignes de mention sont les vues du fort Langley et des endroits qui longent le Fraser. Les plans de la base navale d’Esquimalt ainsi que ceux du parlement provincial qu’il a dressés respectivement en 1873 et 1892 sont conservés dans la Map Coll., CM C382 et 14991B ; ces derniers sont reproduits dans The British Columbia Parliament Buildings, Martin Segger, édit. (Vancouver, 1979), 53. On trouve aussi de la correspondance de Mallandaine aux City of Victoria Arch., City clerk’s office, Ser.11 1, dossiers 3–4, 6, 9, et deux dessins au crayon représentant le Fraser à la Port Ellice House, à Victoria.
Mallandaine a rédigé le First Victoria directory ; comprising a general directory of citizens, also, an official list, list of voters, postal arrangements and notices of trades and professions, preceded by a synopsis of the commercial progress of the colonies of Vancouver Island and British Columbia (Victoria, 1860), et les quatre éditions subséquentes : First Victoria directory, second issue, and British Columbia guide [...] (1868) ; First Victoria directory, third issue [...] (1869) ; First Victoria directory, third [c.-à-d., quatrième] issue [...] (1871) ; First Victoria directory, fifth issue [...] (1874). Il a aussi préparé, et publié en collaboration avec l’éditeur Robert Taylor Williams, The British Columbia directory, containing a general directory of business men and householders in the principal cities and every important district, with provincial and dominion officials and general information about the province, 1887 (Victoria, 1887). À titre de directeur de la Victoria Select School, il a publié une brochure sur le programme de cet établissement : Private educational institute, established 1858 : prospectus ([Victoria, 1860]). On peut consulter tous ces ouvrages sur microfiches de l’ICMH (la liste figure dans son Répertoire).
Daily Colonist (Victoria), 23 mars, 26 sept. 1924, 29 sept. 1925.— Patricia Gregson, « Victoria’s first directory », Daily Colonist, 26 sept. 1971.— J. [K.] Nesbitt, « Old homes and families », Daily Colonist, 17 mai 1953.— Margaret Sharcott, « Frustrated architect », Daily Colonist, 29 mars 1964.— Annuaire, Colombie-Britannique, 1892.— British Columbia ; pictorial and biographical (2 vol., Winnipeg, 1914), 2.— Geoffrey Castle et B. F. King, Victoria landmarks (Victoria, 1985).— Harper, Early painters and engravers.— Martin Segger et Douglas Franklin, Victoria : a primer for regional history in architecture (Watkins Glen, N.Y., et Victoria, 1979).
Rhodri Windsor Liscombe, « MALLANDAINE, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 23 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mallandaine_edward_13F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mallandaine_edward_13F.html |
Auteur de l'article: | Rhodri Windsor Liscombe |
Titre de l'article: | MALLANDAINE, EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1994 |
Année de la révision: | 1994 |
Date de consultation: | 23 nov. 2024 |