MACKECHNIE, STUART EASTON, manufacturier, fermier et homme politique, né en 1816 ou 1817 en Écosse ; le 30 novembre 1848, il épousa Anna Maria Barbara Poore, et ils eurent un fils ; décédé le 6 mai 1853 à Cobourg, Haut-Canada.
Stuart Easton Mackechnie voyagea beaucoup aux États-Unis et dans les Canadas durant les années 1830, et il habita quelque temps au nord de Toronto avant de retourner en Grande-Bretagne. Durant la décennie suivante, le rythme croissant de la colonisation rurale et de l’activité commerciale dans le Haut-Canada créa d’intenses rivalités entre les villes naissantes qui luttaient pour s’emparer du commerce de leur arrière-pays commun. Ce combat n’était nulle part plus acharné qu’entre Cobourg et Port Hope, sur la rive nord du lac Ontario. En 1843, D’Arcy Edward Boulton, avocat de Cobourg qui faisait de la réclame pour sa ville, convainquit un certain nombre de capitalistes écossais, dont Mackechnie et John Sinclair Wallace, de venir s’y établir. L’année suivante, peu après son arrivée à Cobourg, Mackechnie acheta un moulin, qu’il vendit en 1847. Il conserva cependant les droits de captation d’eau et construisit à proximité une vaste fabrique de lainages, connue sous le nom d’Ontario Mills. En 1848, il obtint £7 960 d’un certain Andrew Mackechnie en hypothéquant sa propriété. Trois ans plus tard, on rapportait que la fabrique était la plus grande de la province, qu’elle produisait 800 verges d’étoffe par jour et qu’elle employait jusqu’à 175 personnes, dont beaucoup de femmes. Pour Cobourg, la fabrique représentait la plus grande source de perception d’impôts et la pierre angulaire de son économie.
Mackechnie éprouvait de la difficulté à se procurer des quantités suffisantes de laine de qualité dans la province. Il pressa à maintes reprises les fermiers de la région d’améliorer la qualité de leurs troupeaux de moutons et de se lancer dans la production commerciale de la laine, mais, en 1851, il devait encore importer presque le quart de sa matière première. Afin de rémédier à ce problème d’approvisionnement, il mit sur pied la plus grande ferme d’élevage de moutons de la région, sous la direction de son frère Henry. La complexité croissante de son exploitation et ses besoins en capital additionnel conduisirent Mackechnie à prendre Edward Sheldon Winans comme associé, en février 1850. Mackechnie possédait aussi des intérêts financiers dans la Cobourg Harbour Company, la Cobourg and Rice Lake Plank Road and Ferry Company et la Cobourg and Grafton Road Company. En outre, il faisait partie du conseil d’administration de la Colonial Life Assurance Company de Cobourg.
Jeune homme riche, Mackechnie ajouta un certain lustre à la timide élite sociale de Cobourg. Son mariage avec Anna Maria Barbara Poore, célébré à Grafton en 1848, amena le frère de celle-ci, sir Edward Poore, ancien officier des Scots Fusilier Guards, à venir s’installer près de Cobourg. Les deux hommes avaient la même passion pour le steeple-chase, et des rencontres furent organisées sous leur direction. Les manières d’homme du monde de Mackechnie apparaissaient dans sa façon de jouer son rôle de maître de cérémonie lors de réunions sociales comme les « assemblées de Cobourg » (1845). Sa nombreuse domesticité – en 1851, il employait un palefrenier, quatre servantes et un régisseur de ferme – donne aussi une idée de son style de vie. Son comportement laisse supposer que Mackechnie était un personnage huppé du début de l’ère victorienne qui s’était lancé dans les affaires. Mais il existe des preuves selon lesquelles tout le monde ne le considérait pas d’un œil favorable : en 1847, des fermiers déclarèrent qu’ils ne pouvaient obtenir un prix équitable pour leur laine à sa fabrique.
Mackechnie avait des intérêts autres que les affaires et la vie mondaine. Il semble avoir appartenu en 1851 à une section de la Church Union établie à Cobourg. Il s’agissait d’une association anglicane de laïques importants qui se consacraient à la défense d’un sujet controversé : celui des réserves du clergé dans la province. Il s’intéressait aussi aux changements apportés aux droits de douane, ce qui le conduisit à prendre une part active à la British American League [V. George Moffatt*] en participant comme délégué à la seconde assemblée de la ligue, au mois de novembre 1849. Mais Mackechnie n’avait montré aucun intérêt soutenu pour la politique locale. Aussi, quand il devint maire de Cobourg au début de 1853, sans avoir pris part antérieurement à la politique municipale, le rédacteur en chef du Cobourg Star, Henry Jones Ruttan, avertit les gens au pouvoir de ne pas servir leurs propres intérêts au détriment de ceux des autres, et de ne pas se montrer arrogants, citant l’exemple de Lucius Aelius Sejanus, ce Romain qui avait montré une grande âpreté dans sa volonté d’atteindre le pouvoir politique. Cependant, Mackechnie n’occupa que peu de temps son poste de maire, car il mourut quatre mois seulement après être entré en fonction. Le seul acte durable de son administration fut de commander à Kivas Tully* les plans d’un nouvel hôtel de ville. Comme on pouvait s’y attendre, l’édifice que l’on construisit, Victoria Hall, incarnait l’optimisme du milieu du xixe siècle et une prétention coloniale grandiose.
On ne connaît pas la cause de la mort de Stuart Easton Mackechnie, mais il eut le temps, pendant ses derniers jours, de rédiger son testament et, le 28 avril, de vendre sa part dans l’Ontario Mills à William Butler. Il mourut à l’âge de 36 ans, laissant à sa femme (qui se remaria par la suite) une succession estimée à environ £10 000.
AO, RG 22, sér. 155, testament de S. E. Mackechnie.— APC, RG 31, A1, 1851, Hamilton Township.— Northumberland West Land Registry Office (Cobourg, Ontario), Abstract index to deeds, Cobourg, vol. 1 (1802–1934) (mfm aux AO, GS 4712) ; Hamilton Township (mfm aux AO, GS 4752).— St Peter’s Anglican Church (Cobourg), Reg. of baptisms, marriages, and burials (mfm aux AO).— Church, 7 déc. 1848.— Cobourg Star, 24 déc. 1845, 25 mars, 24 juin 1846, 20 mai, 1er, 8, 15 sept. 1847, 19 sept. 1849, 6, 13 févr., 6 mars 1850, 12, 26 mars, 2, 9, 16, 23 juill., 2 oct. 1851, 18 févr. 1852, 26 janv., 16 févr., 23 mars, 6 avril 1853.— Port Hope Commercial Advertiser (Port Hope, Ontario), 14 mai 1853.— Burke’s peerage (1970), 2148.— W. H. Smith, Canada : past, present and future, 2.— E. C. Guillet, Cobourg, 1798–1948 (Oshawa, Ontario, 1948), 15, 28, 72, 252–253.— G. A. Hallowell, « The reaction of the Upper Canadian tories to the adversity of 1849 : annexation and the British American League », OH, 62 (1970) : 41–56.
Peter Ennals, « MACKECHNIE, STUART EASTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mackechnie_stuart_easton_8F.html.
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Auteur de l'article: | Peter Ennals |
Titre de l'article: | MACKECHNIE, STUART EASTON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 21 déc. 2024 |