LORIMIER DE LA RIVIÈRE, CLAUDE-NICOLAS DE, officier dans les troupes de la Marine, baptisé le 22 mai 1705 à Lachine, près de Montréal, fils de Guillaume de Lorimier* de La Rivière et de Marie-Marguerite Chorel de Saint-Romain, dit d’Orvilliers, inhumé le 15 décembre 1770 à Lachine.

Claude-Nicolas de Lorimier de La Rivière eut une carrière militaire assez semblable à celle de son père décédé alors qu’il n’avait que quatre ans ; il fut nommé enseigne en second en 1726, enseigne en 1733, lieutenant en 1741 et capitaine en 1749. Le 7 janvier 1730, il épousa Marie-Louise, fille de Michel Lepailleur* de Laferté et de Catherine Jérémie, dit Lamontagne ; au cours des 21 années qui suivirent, ils eurent dix enfants dont huit atteignirent l’âge adulte, et les fils marchèrent à leur tour sur les traces de leur père et embrassèrent la carrière des armes.

Lorimier passa vraisemblablement dans l’Ouest une bonne partie de ses 30 premières années de vie militaire. En 1757, en qualité d’officier de liaison des détachements auxiliaires indiens qui accompagnaient l’armée de Montcalm, il s’occupa plus particulièrement des guerriers sauteux. Le rôle qui lui était dévolu indiquerait qu’il connaissait bien cette nation à la suite de nominations à Michillimakinac ou aux postes qui en relevaient. En 1749, on l’avait pressenti pour un poste lucratif de commandant dans cette région mais sa désignation au grade de capitaine le plaça apparemment en charge de la garnison du Lac-des-Deux-Montagnes (Oka, Québec). Lorsque les hostilités avec les Anglo-Américains prirent de l’ampleur, en 1755, on lui confia le commandement du fort de La Présentation.

La Présentation était un village de mission pour les Six-Nations, de même qu’un centre de recrutement ; il constituait un poste de renseignements chez les Iroquois, un relai, un magasin, une position de défense à mi-chemin entre Montréal et le fort Frontenac (Kingston, Ont.) et il était le point de départ d’incursions qui avaient pour cible différents endroits de la région d’Albany et d’Oswego. L’établissement n’avait été fondé que six ans auparavant par le père François Picquet*, énergique sulpicien qui n’acceptait de bon gré ni coopération ni ingérence ; en 1756, le poste comptait 500 Indiens.

Lorimier avait une petite garnison de 20 à 30 hommes sous ses ordres, mais il n’en participa pas moins à de délicates opérations. Ainsi, en 1756, il facilita le passage des forces sous le commandement de Gaspard-Joseph Chaussegros* de Léry en route pour le fort Bull (Oneida Lake, N.Y.) lesquelles, par la suite, firent sauter le fort avec toutes ses munitions ; lors de l’expédition de reconnaissance qui harcela le fort Oswego au printemps et à l’été de 1756, il semble que Lorimier ait commandé l’arrière-garde de la colonne de gauche. Les renseignements touchant la sécurité de la région occidentale du Canada parvenaient d’abord à La Présentation où Lorimier en faisait une première analyse et y apportait une première solution tout en les transmettant à l’autorité compétente.

Le partage de l’autorité avec l’abbé Picquet était assez gênant pour Lorimier. Selon Bougainville*, c’est Picquet qui faisait faire l’exercice militaire aux Indiens : « II y a dans le fort un capne de la colonie commandant, mais le gouvernement pour la police intérieure et extérieure est ecclésiastique. » En 1757, de sérieuses querelles de juridiction divisèrent les deux hommes et on rappela Picquet. Toutefois, les Indiens de La Présentation demandèrent le retour du missionnaire en février 1758 et se plaignirent du fait que Lorimier soit leur intermédiaire officiel auprès des Français. Bougainville posa le problème : « Faut-il mettre garnison française dans les missions sauvages ou les laisser seuls à la conduite des missionnaires ? » Montcalm écrivit : « Les altercations entre ce missionnaire et ce commandant sont contraires au service du Roi [...] ce qu’il y auroit de mieux à faire, seroit de n’y entretenir ni commandant, ni garnison. Les Anglais y viendront-ils en force, la petite garnison n’y servira de rien, et les sauvages seront sûrs de se retirer ; n’y viendra-t-il qu’un parti anglois, les sauvages suffisent. Ce seroit l’avis de l’abbé Piquet qui a raison ; mais le marquis de Vaudreuil [Pierre de Rigaud*] pense différemment. »

La destruction du fort Frontenac au mois d’août 1758 souleva pour la première fois sérieusement la possibilité que l’ennemi descende le Saint-Laurent en direction de Montréal. On ramena donc Picquet à La Présentation. Bougainville écrivit à son sujet : « Il est certain qu’il a formé lui-même cet établissement, que depuis son départ les affaires y ont été mal faites. » On rappela Lorimier, et Antoine-Gabriel-François Benoist* le remplaça au poste de commandant militaire.

Ce rappel mit fin à la nomination la plus importante et la plus lourde des responsabilités qu’on ait confiée à Lorimier. La croix de Saint-Louis qu’on lui décerna en janvier 1759 vint adoucir la dureté du coup qui lui avait été porté. Sa participation aux dernières grandes luttes de la Nouvelle-France fut également brillante et son nom figure parmi les blessés de la bataille de Sainte-Foy.

Lorimier appartenait à une tradition militaire à la fois distinguée et active qui s’étendit sur trois générations. Soldat avant tout, il n’en toucha pas moins à d’autres sphères d’activité. Il fut accusé de complicité avec la clique de profiteurs de l’intendant Bigot* mais on l’acquitta par la suite ; sa réclamation au montant de 1 716# à l’adresse du gouvernement français fut déposée en 1763 mais n’eut pas de suite, comme toutes les autres. La rafale de la Conquête qui avait mis fin aux traditions, lésé les créanciers, ruiné les carrières, avait également modifié son destin. Il est possible qu’il ait survécu à tous ces revers pour se consacrer au commerce et il semble qu’aux environs de 1769 il était dans la région de l’Ohio.

Malcolm MacLeod

APC, MG 24, L3, 3.— PRO, WO 34 (copies aux APC).— Adventure in the wilderness : journals of Bougainville (Hamilton).— Correspondance de Vaudreuil, RAPQ, 1939–1940, 436.— Le journal de M. de Bougainville (Gosselin), RAPQ, 1923–1924, 202–393.— Journal du marquis de Montcalm (Casgrain).— Lettres du marquis de Vaudreuil (Casgrain).— Mémoire sur les postes du Canada adressé à M. de Surlaville, en 1754, par le chevalier de Raymond, RAPQ, 1927–1928, 324, 339, 347s.— Papiers Contrecœur (Grenier).— É.-Z. Massicotte, La famille de Lorimier, BRH, XXI (1915) : 10–16.— Louvigny [Testard] de Montigny, Le Lorimier et le Montigny des Cèdres, BRH, XLVII (1941) : 33–47.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Malcolm MacLeod, « LORIMIER DE LA RIVIÈRE, CLAUDE-NICOLAS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lorimier_de_la_riviere_claude_nicolas_de_3F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/lorimier_de_la_riviere_claude_nicolas_de_3F.html
Auteur de l'article:    Malcolm MacLeod
Titre de l'article:    LORIMIER DE LA RIVIÈRE, CLAUDE-NICOLAS DE
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    20 déc. 2024