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Titre original :  Image courtesy of the Castle Kilbride Collection.

Provenance : Lien

LIVINGSTON (Livingstone), JAMES, ouvrier, homme d’affaires, fermier et homme politique, né le 27 novembre 1838 (date que lui-même et sa famille célébraient) ou le 28 novembre 1838 (date du registre) à East Kilbride, Écosse, cinquième des 11 enfants de Peter Livingston et de Barbara Bright ; le 10 juin 1861, il épousa dans le canton de Wilmot, Haut-Canada, Louisa (Louise) Sophia Liersch (1840–1904), et ils eurent huit filles et quatre fils, dont cinq filles et deux fils moururent avant lui ; décédé le 15 avril 1920 à Baden, Ontario, et inhumé dans la même ville au cimetière Fairmount.

Issu d’une famille de tisseurs de lin, James Livingston fréquenta une école paroissiale du village d’East Kilbride, juste au sud de Glasgow. Au début de l’adolescence, il intégra l’atelier de tissage de son père, Peter. La mécanisation et la concurrence de l’industrie du coton frappaient toutefois durement les tisseurs de lin écossais, et East Kilbride offrait peu de perspectives aux jeunes hommes ambitieux. Au milieu des années 1850, James et son frère aîné John émigrèrent dans le Haut-Canada. James passa un an comme ouvrier agricole dans le canton de Mornington, dans le comté de Perth. Il trouva ensuite un emploi de teilleur de lin chez les frères Moses Billings et Joseph Southworth Perine, propriétaires de moulins à lin dans les villages de Baden et de Conestogo, dans le comté de Waterloo, où vivait une large population germanophone. En 1861, Livingston épousa Louisa Sophia Liersch, fille de Charles Henry, aubergiste de Baden.

Livingston devint contremaître à la Perine Brothers, ce qui ne l’empêcha pas d’acquérir lui-même un moulin à lin. Le lin était le produit miracle de l’époque : on fabriquait de la corde, de la ficelle et du tissu à partir des tiges ; des feuilles et des tiges, on extrayait l’huile de lin qu’on utilisait dans les peintures et les vernis ; et la farine qui résultait de cette opération était ensuite vendue comme nourriture pour le bétail. Livingston reconnut judicieusement la nécessité de contrôler tous les aspects de l’industrie. En 1864, son frère John et lui mirent sur pied leur propre entreprise de « fabrica[tion] d’huile de lin pure, de tourteau et de farine, d’étoupe verte et de lin » : la J. and J. Livingston Company. Cette année-là, ils commencèrent à cultiver du lin à petite échelle dans le canton de Wellesley, et peu après, à Baden. Ils construisirent des moulins aux deux endroits. La guerre de Sécession, qui avait ébranlé l’industrie du coton, provoqua une hausse de la demande de lin ; les Livingston réagirent en agrandissant la surface de terre en culture et en bâtissant des moulins supplémentaires. En 1872, l’entreprise faisait déjà pousser du lin sur près de 3 000 acres dans le comté de Waterloo et fonctionner sept moulins répartis dans les comtés de Waterloo, Wellington, Perth et Grey. L’empire Livingston s’élargit rapidement avec l’acquisition de la vieille société Perine Brothers (qui produisait principalement de l’huile de lin) et d’autres moulins à lin en Ontario ainsi qu’au Manitoba et au Québec. À son apogée, le moulin de Baden employait à lui seul 220 personnes, parmi lesquelles figuraient un bon nombre de femmes de la région et d’ouvriers migrants qui effectuaient le travail saisonnier éreintant de la cueillette manuelle du lin.

Les Livingston étendirent leurs activités aux États-Unis dans les années 1870. La James Livingston Flax Company à Yale, au Michigan, entama la production, bientôt suivie par d’autres moulins établis dans le même État. Livingston fonda peu après la Yale Lumber and Coal Company et mit sur pied plusieurs banques au Michigan. Il achèterait des intérêts majoritaires dans la A. H. Hart Flax Spinning Company de la ville de New York, qui fabriquait du fil pour tapis. Il chercha aussi à diversifier ses activités commerciales au Canada. En 1879, il acquit la meunerie de Baden, et la fonderie peu après, toutes deux bâties par Jacob Friedrich Beck, fondateur de la ville et père du géant des affaires Adam Beck*.

Le lin demeura toutefois le produit le plus important de la société, dont le slogan familier, Lhuile de lin Livingston : comme celle qu’utilisait votre grand-père, s’affichait sur les voitures de livraison hippomobiles omniprésentes. Pour favoriser la croissance de ses entreprises, Livingston avait besoin de plus de matière brute ; il tenta donc de convaincre des fermiers de l’Ouest canadien de cultiver le lin plutôt que le blé. Devant leur refus (à cause de la difficulté de la récolte), Livingston, selon l’historien Michael D. Longo, acheta des moulins à broyer le grain dans l’Ouest, importa du lin d’Argentine et de l’Inde, et le transforma à l’aide des installations nouvellement acquises. Grâce à ces transactions, la J. and J. Livingston Company devint la plus grande productrice d’huile de lin de l’Empire britannique. Après la mort de son frère John, en 1896, Livingston renomma la firme Dominion Linseed Oil Company.

À la fin des années 1870, jouissant d’une fortune assurée, Livingston se tourna vers le devoir civique et le service communautaire. En 1878, il présida le conseil municipal du canton de Wilmot et se porta candidat à l’Assemblée législative, avec succès, pour représenter les libéraux d’Oliver Mowat* dans Waterloo South. Il fit ensuite campagne pour le parti fédéral, mené par Edward Blake, aux élections de 1882, et battit Samuel Merner*, député conservateur de Waterloo South. Les électeurs reportèrent Livingston au pouvoir à Ottawa en 1887, 1891 et 1896. Après la victoire des libéraux à ces dernières élections, Livingston siégea comme député d’arrière-ban au gouvernement de Wilfrid Laurier jusqu’en 1900, année où il se retira de la vie politique. Il joua également un rôle actif dans la sphère religieuse. Décrit par son fils Philip Henry (Harry) comme « un homme d’Église solide et enthousiaste », Livingston fonda, en 1894, l’église presbytérienne Livingston de Baden, en partie parce qu’il s’était lassé de fréquenter l’église luthérienne locale, où l’on célébrait les offices en allemand.

Ironiquement, le plus grand legs de Livingston ne provient pas de ses réussites en affaires ou en politique, mais de ses choix en matière d’architecture et de beaux-arts. Homme hautement intelligent, autodidacte et nullement entravé par sa formation scolaire limitée, il s’imprégna de culture. Il se tenait au courant des dernières tendances et des plus récents progrès dans le monde autour de lui. Il collectionnait les œuvres d’art, dont les tableaux du paysagiste Homer Ransford Watson*. En 1877–1878, il fit bâtir une grande maison, Castle Kilbride, qu’il baptisa ainsi en l’honneur de son village natal écossais. Construite dans un style élégant d’inspiration italienne et coiffée d’un magnifique belvédère, la résidence était la plus opulente et l’une des plus spacieuses du comté de Waterloo : ses 15 pièces principales se répartissaient sur près de 4 300 pieds carrés de surface habitable. Livingston engagea les meilleurs artisans et artistes pour bâtir et décorer Castle Kilbride. On importa d’Italie les foyers en marbre sculpté qui ornaient les pièces principales du rez-de-chaussée et sélectionna des mobiliers de grande qualité. Selon l’historienne en architecture Jacqueline Hucker, Livingston, qui vendit son huile de lin à profit à des fabricants de peinture, « rendit hommage au produit qui le rendit riche en embellissant sa maison avec des décorations murales superbement peintes ». Sur les plafonds et les murs des pièces d’apparat du rez-de-chaussée, l’artiste itinérant Henry Scharstein (Schasstein) représenta des scènes de la mythologie classique, souvent en employant la technique sophistiquée du trompe-l’œil ; il obtint un résultat spectaculaire. Louant les œuvres de Scharstein pour « leur haut niveau d’exécution, leur raffinement décoratif et leur parfaite intégration à l’architecture », Hucker affirme qu’elles constituent « de parfaits exemples des décorations murales domestiques de la deuxième moitié du xixe siècle ».

James Livingston mourut d’une pneumonie et d’une défaillance cardiaque le 15 avril 1920, à l’âge de 81 ans. Sa notice nécrologique parue dans le Kitchener Daily Telegraph le décrivit comme un « homme d’affaires astucieux » que « respectait profondément un vaste cercle d’amis ». Castle Kilbride, désigné lieu historique national par Parcs Canada en 1994, abrite, au début du xxie siècle, un bureau municipal et un musée sous les auspices du canton de Wilmot.

Nancy Silcox

Ancestry.com, « Mariages, Ontario, Canada, 1826 à 1937 », James Livingston et Louisa Leroch [Liersch], 10 juin 1861 ; « Sélection de naissances et baptêmes, Écosse, 1564 à 1950 », James Livingstone : www.ancestry.ca (consulté le 14 août 2018).— Kitchener Daily Telegraph (Kitchener, Ontario), 16 avril 1920.— Auction Galleries, Auction catalogue : the important collections and furnishings of Castle Kilbride […] (London, Ontario, 1988).— « Castle Kilbride Museum » : www.wilmot.ca/en/Castle-Kilbride-Museum.aspx (consulté le 14 août 2018).— [Florence Diamond et al.], More than a century in Wilmot Township (New Hamburg, Ontario, 1967).— « Family fortunes », Canada Century Home (Port Hope, Ontario), no 21 (décembre 1986–janvier 1987) : 36–39.— Jacqueline Hucker, « Decorative mural painting of Castle Kilbride, 60 Snyder’s Road, Baden, Ontario » (document rédigé pour la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, s.l., 1993).— Paul Knowles, Castle Kilbride : the jewel of Wilmot Township (New Hamburg, 1994).— G. M. Kuhn, A history of Livingston Presbyterian Church, Baden, Ontario, Canada (s.l., [1990]).— H. P. Livingston, « James Livingston », Waterloo Hist. Soc., Annual report (Kitchener), 9 (1921) : 189–191.— M. D. Longo, « Castle Kilbride », Waterloo Hist. Soc., Annual report, 73 (1985) : 38–48.— Marg Rowell, « Livingston house – Castle Kilbride, Baden, Ontario », Acorn (Toronto), 19 (1994), no 3 : 5–8.— « St. James Lutheran Church in Baden » : stjamesinbaden.org (consulté le 15 août 2018).— « Waterloo region generations » : generations.regionofwaterloo.ca (consulté le 15 août 2018).

Bibliographie générale

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Nancy Silcox, « LIVINGSTON (Livingstone), JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 27 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/livingston_james_14F.html.

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Auteur de l'article:    Nancy Silcox
Titre de l'article:    LIVINGSTON (Livingstone), JAMES
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2023
Année de la révision:    2023
Date de consultation:    27 avril 2024