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LEVINSON, SOLOMON, marchand et manufacturier de vêtements pour hommes, né le 15 juillet 1851 à Mariampol (Marijampolė, Lituanie), fils de Judah Loeb Levinson ; en septembre 1874, il épousa à New York Jochabed Rachel Klishinsky, et ils eurent deux fils et quatre filles ; décédé le 17 novembre 1931 à Montréal.
Solomon Levinson quitta à l’âge de 17 ans sa Lituanie natale, qui était alors une province de Russie, et il arriva au Canada en 1869. Il s’installa d’abord à Lancaster, en Ontario. Il ne resta pas longtemps dans la petite communauté juive de cet endroit, mais il y noua des relations sociales et professionnelles qu’il conserverait toute sa vie. Bon nombre d’éminentes familles juives de Lancaster partiraient habiter à Montréal dans les années 1870 et 1880 et s’intégreraient à l’élite sociale et financière juive de la ville.
En 1874, après avoir vécu un an à New York, Levinson retourna au Canada. La décennie suivante marquerait le début de grandes vagues d’immigration de l’Europe de l’Est, mais à l’époque où Levinson arriva à Montréal, la communauté juive comptait bien moins de 1 000 personnes. Il ouvrit un magasin de vêtements de détail et, insatisfait de la qualité des produits qu’il y vendait, il confia la confection de vêtements en sous-traitance à des couturières de la ville. Il en vint à embaucher ses propres patronniers et tailleurs et finit par fonder une maison de gros. Dans les années 1880, d’autres Juifs et lui devinrent les premiers à conquérir le secteur manufacturier textile, qui était jusqu’alors dominé par de grandes entreprises non juives, comme celle de Hollis Shorey*. En 1887, le commerce de Levinson valait entre 2 000 $ et 5 000 $. Son fils Joseph y prit part vers 1894 et, le 8 novembre 1901, ils fondèrent la S. Levinson, Son and Company avec le frère de Solomon, également prénommé Joseph. À ce moment, l’entreprise se classait déjà parmi les plus grands fabricants en série de vêtements pour hommes au Canada ; en 1917, sa valeur nette se situerait entre 300 000 $ et 500 000 $. Sept ans plus tard, elle serait constituée juridiquement sous forme de société à responsabilité limitée.
L’entreprise de Levinson fut au cœur de deux célèbres grèves qui marquèrent l’histoire du syndicalisme à Montréal. En 1907, les tailleurs firent la grève dans l’espoir d’améliorer leurs conditions de travail ; ils revendiquaient un salaire plutôt qu’une rémunération à la pièce, des usines plus salubres et la reconnaissance syndicale. Certaines entreprises accordèrent des concessions minimales, mais d’autres, dont celle de Levinson, n’en firent rien. En général, les historiens ne considèrent pas que ce fut une grève profitable aux ouvriers. En 1912, toutefois, les syndicats des tailleurs, des sections locales de la United Garment Workers of America, étaient beaucoup mieux structurés. Cette année-là, sous la direction de l’organisateur syndical Hannaniah Meir Caiserman*, les tailleurs firent de nouveau la grève et ciblèrent des membres de la Montreal Clothing Manufacturers’ Association, dont faisait partie l’entreprise de Levinson. Cette grève fut plus payante, même si les syndicats n’obtinrent pas tout ce qu’ils réclamaient. Par exemple, ils se virent refuser la reconnaissance syndicale et parvinrent seulement à faire réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaire de 59 à 49 (plutôt que 44, comme ils le souhaitaient). Par contre, ils en ressortirent plus forts, unis et bien organisés. L’entreprise de Levinson serait encore touchée par une grève en 1917.
S’intéressant aux préoccupations et aux œuvres de charité de la communauté juive, Levinson était surtout engagé dans la congrégation Shaar Hashomayim, l’une des plus anciennes et des plus prestigieuses synagogues juives de Montréal, et il siégeait à son conseil d’administration. Le choix de cette synagogue peut s’expliquer par le rang social de Levinson et les relations qu’il avait établies en Ontario. Parmi les Juifs qui venaient de Lancaster, plusieurs étaient devenus membres de cette congrégation et l’appuyaient financièrement. En 1921, on posa la première pierre du nouveau bâtiment de cette congrégation à Westmount, où vivait Levinson. À l’inauguration, en 1922, eut lieu une cérémonie au cours de laquelle des doyens remirent les rouleaux de la Torah de la synagogue entre les mains de jeunes hommes. Levinson se trouvait parmi les anciens qui confièrent les rouleaux aux jeunes, dont faisait partie son propre fils, Joseph. Comme il avait montré de l’intérêt pour les personnes âgées, il fut choisi, en 1928, pour poser la première pierre du Hebrew Old People’s and Sheltering Home. Ces événements firent ressortir son engagement envers ses semblables et l’importance de la famille Levinson dans l’histoire de la communauté juive de Montréal.
On ne saurait surestimer le rôle central de l’industrie du vêtement dans la vie des Juifs canadiens. Les usines, les syndicats et les luttes qu’ils ont menées ont stimulé le développement économique, intellectuel et communautaire des Juifs à Montréal et au Canada. En sa qualité d’industriel et de leader dans son milieu, Solomon Levinson s’est taillé une place prépondérante dans l’histoire des Juifs de Montréal.
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Steven Lapidus, « LEVINSON, SOLOMON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/levinson_solomon_16F.html.
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Auteur de l'article: | Steven Lapidus |
Titre de l'article: | LEVINSON, SOLOMON |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2014 |
Année de la révision: | 2014 |
Date de consultation: | 20 déc. 2024 |