LE SUEUR, JACQUES-FRANÇOIS, prêtre, jésuite, missionnaire, né probablement dans le diocèse de Coutances, France, le 22 juillet 1685 ou le 24 août 1686, décédé à Montréal le 28 avril 1760.

Jacques-François Le Sueur entre dans la Compagnie de Jésus, à Paris, le 7 septembre 1705. Son noviciat terminé en 1707, il enseigne jusqu’en 1713, après quoi il complète sa philosophie et fait deux ans de théologie. Il est ordonné prêtre en 1716 et s’embarque pour le Canada, à destination du pays des Illinois et, de là, chez les Arkansas. Mais il demeure en Nouvelle-France, « ayant appris à Québec que des difficultés avaient surgi au sujet de cet établissement ».

Après avoir étudié quelques mois la langue abénaquise, il est chargé de la mission Saint-François-Xavier, près de Bécancour. En 1721, le père Le Sueur reçoit la visite de son confrère, le père de Charlevoix. Il confie à l’historien que ses ouailles n’ont plus leur ferveur primitive et qu’il est souvent réduit à gémir devant Dieu des désordres que cause l’eau-de-vie apportée parles Blancs. Tout en exerçant son ministère auprès des Abénaquis, Le Sueur dessert en même temps, « sans y estre obligé », la seigneurie de Bécancour, de 1718 à 1725 et de 1749 à 1753 ; il assure également le service divin aux paroissiens de Sainte-Geneviève, dans la seigneurie de Batiscan, de 1727 à 1732 et de 1740 à 1741. Dans les intervalles, il se rend chez les Abénaquis de la mission de Narantsouak (Norridgewock, actuellement Old Point, Madison, Maine). Vers 1734, il séjourne aussi quelque temps dans la mission abénaquise Saint-François-de-Sales (Odanak, Québec), si l’on en juge par les renseignements contenus dans son opuscule intitulé « Histoire du calumet et de la dance ». Le missionnaire raconte dans ce petit ouvrage les tentatives faites pour introduire chez les Abénaquis de cette mission une danse en usage chez les Renards et chez presque toutes les nations indiennes des pays d’en haut. Il se demande s’il peut, en conscience, permettre ce culte idolâtre, puisque cette danse s’accompagne d’un chant dont les paroles constituent une invocation au génie, pour éloigner toutes sortes de maux et obtenir toutes sortes de biens.

En 1742, il est à la résidence des jésuites, à Montréal, tout en exerçant la fonction de préfet de la congrégation ; il y occupe le poste de missionnaire en 1749. On le retrouve au collège de Québec en 1756, où il a la charge de confesseur des Indiens et des religieux de la communauté ; il semble qu’il y résidait depuis 1755. En juillet 1759, il quitte, comme bien d’autres, cette ville assiégée pour se rendre à Montréal, où il meurt le 28 avril 1760.

Thomas-M. Charland

Le manuscrit de J.-F. Le Sueur, qui contient aussi des sermons et des instructions en langue abénaquise, est conservé au Museum of the American Indian (New York) et fut publié en français sous son titre original d’Histoire du calumet et de la dance, dans Les soirées canadiennes, recueil de littérature nationale (Québec), [iv] (1864) : 114–135, et en anglais, traduit par R. P. Breaden, sous le titre de History of the calumet and of the dance ( « Contributions from the Museum of the American Indian », 12, n° 5, New York, 1952). C’est à tort que J.-A. Maurault, Histoire des Abénakis depuis 1605 jusquà nos jours (Sorel, 1866), 503s., et d’autres à sa suite, tel que J. C. Pilling, Bibliography of Algonquian languages (Washington, 1891), ont attribué à Le Sueur un dictionnaire des racines de la langue abénaquise. Charles Gill, Notes sur de vieux manuscrits abénakis (Montréal, 1886), 16–19, a démontré que Joseph Aubery est l’auteur de ce dictionnaire. Les ASQ, mss, 71-a-1, conservent du père Le Sueur son Catechismus prolixus de Baptismo et dissertatio christiana de justificatione [...] apud Uanbanakaeos Nanransuakos, 1730.  [t.-m. c.]

AN, Col., B, 47, f.1 206.— Charlevoix, Histoire de la N.-F. (1744), III : 111s.— JR (Thwaites).— Fernand Ouellet, Inventaire de la Saberdache de Jacques Viger, RAPQ, 1955–1957, 78.— É.-Z. Massicotte, Sainte-Geneviève de Batiscan ( « Pages trifluviennes », sér. A, n° 18, Trois-Rivières, 1936).— Honorius Provost, Les Abénakis sur la Chaudière (Saint-Joseph-de-Beauce, 1948), 13s.— Rochemonteix, Les Jésuites et la N.-F. au XVIIe siècle, III : 397–399 ; Les Jésuites et la N.-F. au XVIIIe siècle, I : 263.— Olivier Maurault, 1742, Cahiers des Dix, VII (1942) : 171.

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Thomas-M. Charland, « LE SUEUR, JACQUES-FRANÇOIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 17 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/le_sueur_jacques_francois_3F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    1974
Date de consultation:    17 déc. 2024