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HUTCHINGS, ROBERT JOHN, sellier, homme d’affaires et homme politique, né en novembre 1866 à Newboro (canton de Rideau Lakes, Ontario), fils d’Elijah Hutchings et de Harriet Gifford ; frère d’Elisha Frederick Hutchings* ; le 3 février 1891, il épousa à Winnipeg Hannah Sutton (peut-être décédée en mai 1892), et ils n’eurent pas d’enfants, puis en 1893, Anne Hunt, et ils eurent trois filles, dont l’une mourut en bas âge, et cinq fils ; décédé le 12 février 1937 à Calgary.

Fils d’immigrants anglais, Robert John Hutchings naquit dans une famille de fermiers à Newboro, petite communauté du sud-est de l’Ontario. Il fréquenta des écoles publiques locales avant de s’installer à Winnipeg, à 16 ans, pour s’initier au métier de sellier-bourrelier à la E. F. Hutchings Saddlery Company, firme en expansion que son frère aîné, Elisha Frederick, possédait et exploitait. Robert John termina son apprentissage en 1887 et devint associé en second ; il acquit alors la conviction – comme le dirait sa fille Blanche Hunt à un journaliste du Calgary Herald – que « l’avenir était à Calgary ». Il s’y établit en février 1889 pour ouvrir une filiale de l’entreprise de son frère.

Artisan habile, en particulier dans la fabrication de selles, Hutchings ne tarda pas à mettre la filiale sur pied dans un petit atelier que leur louait l’homme d’affaires George Murdoch*. Trois mois après son arrivée à Calgary, il s’associa avec William James Riley, bourrelier chevronné de la ville. Ils rachetèrent le stock de la jeune filiale et fondèrent leur propre société, la Hutchings and Riley, dont les actifs, selon l’estimation de la R. G. Dun and Company, valaient en janvier 1890 entre 5 000 $ et 10 000 $. Les deux associés travaillaient d’arrache-pied dans l’atelier ; Hutchings se souviendrait, comme le rapporterait le Calgary Herald, que, « à cette époque, il devait être son propre charretier, transportant lui-même le cuir sur son dos depuis la gare jusqu’à la sellerie, et travaillant longtemps et tard à son art ». En juillet 1893, la valeur estimée de la Hutchings and Riley avait doublé ; la même année, ses selles et ses harnais remportèrent une médaille d’or à l’Exposition universelle de Chicago. La firme continua à prospérer dans les années 1890 et s’implanta sur de nouveaux marchés en ouvrant, en 1897, une succursale dans les Territoires du Nord-Ouest, à Maple Creek (Saskatchewan), et en vendant ses produits dans le sud-est de la Colombie-Britannique.

En juillet 1899, la Hutchings and Riley fusionna avec la E. F. Hutchings Saddlery Company et une autre concurrente, la Carson and Shore, pour former la Great West Saddlery Company, la plus grande entreprise du genre dans l’Ouest canadien. Elisha Frederick en devint le président et continua à travailler à Winnipeg, au siège social de l’entreprise, tandis que Robert John en assuma la vice-présidence et resta à Calgary. Au tournant du siècle, l’usine de la Great West Saddlery Company de la ville employait environ 60 personnes ; en 1914, sous la saine gestion de Hutchings, ce nombre était passé à 100. Sept ans plus tard, la R. G. Dun and Company estimait que la valeur des actifs de l’entreprise s’élevait, en Alberta seulement, à plus d’un million de dollars. Hutchings et son frère aîné prirent leur retraite de la Great West Saddlery Company à la fin des années 1920 ; Robert John vendit ses actions pour deux millions de dollars.

Hutchings prit part également à diverses autres entreprises à Calgary. Fait intéressant, bien qu’il ait passé la majeure partie de sa carrière dans une industrie liée aux chevaux, il présida deux entreprises du secteur de l’automobile : l’Alberta Nash Limited, distributrice des voitures Nash, et la General Supplies Limited, qui vendait des Chevrolet. Il siégea au conseil d’administration de la Western Stock Ranches Limited, de la Crowfoot Farming Company Limited et, selon le Calgary Herald, d’« un groupe de grandes compagnies pétrolières implantées à Turner Valley ». En outre, il fut le président du Bureau de commerce de Calgary, de l’Associated Boards of Trade of Western Canada et de l’Association des manufacturiers canadiens.

Une correspondance que Hutchings entretint, en 1924, avec son fils adolescent George Holland, qui débutait dans le métier de sellier à Portage-la-Prairie, au Manitoba, fournit un aperçu de ses traits de personnalité et de sa conception de la vie. Dans une lettre datée du 7 novembre, le père, naturellement, prodigue au fils des conseils avisés et le met en garde :

C’est le moment de la vie où il faut aspirer à de grandes réalisations. Tu as le physique ; l’apparence ; l’intelligence ; et une bonne éducation – les fondements nécessaires à une carrière réussie dans la vie. Il faut y ajouter le Caractère ; une conviction intime de ce qui est bien et mal ; et le courage de dire Non à la tentation de commettre une mauvaise action. Il y a cependant une chose à retenir [...] La réussite est la Perle de Grand Prix et ne la récoltent que ceux qui creusent, fouillent et la méritent ; la réussite ne se mérite que par le dur labeur, le bon jugement et l’application consciencieuse à la tâche. Autrement dit, si tu réussis de façon aussi remarquable que ce soit, ce sera parce que tu es prêt à en payer le prix.

En 1932, dans un article publié dans le Calgary Herald, un auteur connu sous le pseudonyme de Georgios décrivait Hutchings, alors âgé de 65 ans, comme un homme d’affaires prospère et un pilier de la communauté. Il saluait l’élection de Hutchings à la présidence de l’Association des manufacturiers canadiens, affirmant que c’était « non seulement une reconnaissance nationale de ses compétences et de son intégrité en affaires, mais [que cela avait] aidé à faire connaître Calgary ». Contrairement à son frère Elisha Frederick, qui devint une figure notoire à Winnipeg parce qu’il s’opposait aux travailleurs syndiqués (et pour sa tentative infructueuse, en 1917, d’utiliser sa fortune et son influence pour exempter son fils Harold Gifford de la conscription), Robert John, dont les trois fils aînés servirent pendant la Première Guerre mondiale, semble avoir été très respecté dans sa ville d’adoption. Il fut durant quatre ans conseiller municipal à Calgary dans les années 1890, siégea de nombreuses années au bureau d’éducation de la ville, appartint au premier conseil de la University of Alberta et joua un rôle actif dans l’église presbytérienne Knox (renommée église unie Knox en 1925).

Dans son article, Georgios nota aussi : « Au cours des 43 années qu’il a passées à Calgary, M. Hutchings s’est forgé une réputation pour sa perspicacité et son initiative » ; il salua également son « esprit indomptable ». Hutchings mourut chez lui, le 12 février 1937, après une courte maladie. Le révérend Warwick Freeman Kelloway le louangea pour avoir « mené suffisamment de bonnes actions pour se démarquer, tel un clocher d’église », et le sénateur Patrick Burns compta parmi ceux qui envoyèrent des fleurs. La femme du défunt, Anne, et sept de leurs enfants lui survécurent. Son petit-fils Dave J. Hutchings perpétuerait la tradition familiale de travail du cuir en devenant fabricant de bottes aux États-Unis.

Peter McKenzie-Brown

Le R.J. and George Hutchings fonds aux GA (M 7952) contient la lettre, citée dans la biographie, que Robert John Hutchings a adressée le 7 novembre 1924 à son fils George Holland. Les GA conservent également, dans l’Archives Photographs Catalogue, des photographies numérisées des employés de la Great West Saddlery Company sur leur lieu de travail (nos PA 234-1 et PA 234-2), de la famille Hutchings (no NA-5610-39) et des membres d’associations civiques auxquelles Hutchings appartenait.

GA, M 1469–71 (Great West Saddlery fonds).— Albertan (Calgary), 13, 16 févr. 1937.— Calgary Herald, 12 mars 1932 ; 12, 16 févr. 1937.— H. C. Klassen, A business history of Alberta (Calgary, 1999) ; Eye on the future : business people in Calgary and the Bow valley, 1870–1900 (Calgary, 2002).— Manitoba Hist. Soc., « Memorable Manitobans : Elisha Frederick Hutchings (1855–1930) » : www.mhs.mb.ca/docs/people/hutchings_ef.shtml (consulté le 13 mars 2017).— Nick Pernokas, « Dave Hutchings & the legacy of the Great West », Shop Talk ! : with Boot & Shoe News (Asheville, N.C.), décembre 2011 : 34–48.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Peter McKenzie-Brown, « HUTCHINGS, ROBERT JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hutchings_robert_john_16F.html.

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Auteur de l'article:    Peter McKenzie-Brown
Titre de l'article:    HUTCHINGS, ROBERT JOHN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2020
Année de la révision:    2020
Date de consultation:    21 nov. 2024