HÉbert, Charles-david (souvent prénommé Charles ou Charles-D.), professeur, inspecteur d’écoles et patriote acadien, né le 7 décembre 1874 à Cap-Pelé, Nouveau-Brunswick, fils de Narcisse Hébert, marchand, et de Margaret Mulryne ; le 24 juin 1907, il épousa à Cocagne, Nouveau-Brunswick, Alma Léger (décédée le 4 juillet 1920), institutrice, et ils eurent sept enfants, dont trois moururent en bas âge ; décédé le 2 août 1932 à Cap-Pelé.

En septembre 1889, Charles-David Hébert quitta Cap-Pelé, où il naquit, pour s’inscrire au collège Saint-Joseph [V. Camille Lefebvre*], à Memramcook. Dans cet établissement d’enseignement supérieur, il fut d’abord collégien, puis, à partir de 1894, professeur tout en poursuivant des études. Très rapidement, il se fit remarquer : étudiant brillant, ses résultats scolaires lui méritèrent de nombreux prix. Ce fut sans doute la raison pour laquelle il devint professeur au collège deux ans avant d’obtenir son baccalauréat ès arts. En 1900, tandis qu’il occupait toujours son poste de professeur, le collège lui délivra une maîtrise ès arts. Après l’année scolaire de 1901–1902, il s’inscrivit à la Normal School de Fredericton [V. Alphée Belliveau*] où, en 1902, il fut diplômé du brevet d’école de grammaire avant d’être nommé, l’année suivante, inspecteur d’écoles pour les comtés de Westmorland, de Kent et d’Albert, et pour une partie du comté de Northumberland. Il devenait ainsi un des premiers Acadiens à occuper ces fonctions dans la province du Nouveau-Brunswick.

Les écoles acadiennes composant la majeure partie du territoire dont il était responsable, Hébert ne tarda pas à y constater la déficience des manuels scolaires en langue française. D’ailleurs, à partir de 1904, il représenta le Nouveau-Brunswick au sein d’une commission interprovinciale chargée de préparer des manuels de lecture en langue française pour les écoles acadiennes des provinces Maritimes. Il fut mandaté pour préparer un livre de lecture et le père Philéas-Frédéric Bourgeois* fut chargé de rédiger une histoire du Canada. Ainsi, vers 1907, Hébert publia un ouvrage autorisé pour les écoles acadiennes des provinces Maritimes et intitulé Deuxième livre de lecture. Avec son homologue Jean-Flavien Doucet et le professeur J.-Théodule Lejeune, Hébert réussit de plus à faire adopter des manuels supplémentaires de grammaire française et d’histoire du Canada pour les écoles acadiennes du Nouveau-Brunswick. En 1923, il publia un traité de pédagogie traitant de la méthode phonétique pour l’apprentissage de la lecture. En 1931, il fut nommé au sein d’une commission d’enquête qui avait comme mandat d’étudier le système scolaire du Nouveau-Brunswick, mais sa participation à cette commission fut de courte durée puisqu’il mourut l’année suivante. Enfin, en 1914, il avait participé à l’organisation, à Cap-Pelé, d’un des premiers congrès pédagogiques acadiens au Nouveau-Brunswick.

De fait, après son mariage à Alma Léger, Hébert était revenu dans ce village d’agriculteurs-pêcheurs, dans la maison dont il avait hérité de son grand-père par alliance, Ambroise Dupuis, un des notables de la place. « L’inspecteur Hébert », comme il était connu parmi les siens, fut l’organiste de la paroisse pendant plus de 40 ans. Il s’engagea activement dans la succursale Jolicœur de Dupuis Corner (Cap-Pelé) de la Société l’Assomption (aussi appelée Société mutuelle l’Assomption) [V. Rémi Benoît*] en organisant, par exemple, un spectacle théâtral qui eut lieu le 9 mai 1915 et qui mettait en vedette les membres de la succursale, c’est-à-dire des agriculteurs-pêcheurs et des ouvrières de poissonneries. Près du peuple, Hébert n’en occupait pas moins une place prépondérante au sein de l’élite nationaliste acadienne du début du xxe siècle.

Demeurant à proximité de Moncton, qui s’imposait alors comme le centre névralgique des institutions acadiennes, Hébert côtoya des pionniers du nationalisme acadien, notamment Pierre-Amand Landry*, Pascal Poirier et l’abbé Marcel-François Richard*. Comme Antoine-J. Léger, jeune avocat, et Henri-P. Le Blanc, commis aux bureaux du chemin de fer Intercolonial, Hébert représentait la relève que la vieille élite, celle des premières conventions nationales acadiennes, cherchait à assurer. Il occupa ainsi les fonctions de secrétaire de la Société nationale l’Assomption [V. Pascal Poirier] à partir de 1913, où il mit sur pied le Fonds pour l’éducation des institutrices. En 1915, soit en moins d’un an, on recueillit 2 500 $ dans le but d’aider les institutrices acadiennes à suivre un cours plus complet à l’école normale et à obtenir des brevets de première et de seconde classe au lieu du simple brevet local. Hébert fut également secrétaire de la Société acadienne de colonisation, d’agriculture et de rapatriement (à partir de 1913), de même que du comité formé en vue d’acquérir et d’aménager le terrain de l’église commémorative de Grand-Pré, en Nouvelle-Écosse, en 1921 [V. David-Vital Landry*].

Au cours des années 1920, la Société nationale l’Assomption commença à s’essouffler et céda le pas à la Société l’Assomption, qui s’occupa alors de plus en plus des causes nationales acadiennes. En juin 1926, dans l’Évangéline, le juge Aubin-Edmond Arsenault*, de l’Île-du-Prince-Édouard, interpella même Hébert en raison de son absence à une réunion de la Société nationale l’Assomption, où l’on devait discuter de la tenue du congrès national prévu pour cet été-là. La neuvième Convention nationale des Acadiens n’eut lieu que l’année suivante, à Moncton, et ce fut la dernière à laquelle assista Hébert, car Alfred-N. Roy, rédacteur de l’Évangéline, le remplaça comme secrétaire après avoir récolté deux fois plus de votes que lui.

Charles-David Hébert était devenu veuf en 1920. Il quitta à son tour ses quatre enfants le 2 août 1932, à l’âge de 57 ans. Il succomba à un cancer, après avoir été soigné et opéré à Montréal. Il occupait encore son poste d’inspecteur d’écoles. L’Acadie perdait ainsi un homme qui l’avait bien servie en contribuant à l’avancement des siens, et, notamment, au développement du secteur de l’éducation.

Ronnie-Gilles LeBlanc

Centre d’études acadiennes Anselme-Chiasson, Univ. de Moncton, N.-B., 679.— L’Évangéline (Weymouth Bridge, N.-É.), 9 avril 1903 ; publié par la suite à Moncton, 29 avril 1914 ; 13 janv., 3 févr., 19 mai 1915 ; 18 avril 1917 ; 25 sept. 1919 ; 5 juill. 1923 ; 16 oct. 1924 ; 17, 24 juin 1926 ; 11 août 1927 ; 2, 4 août 1932.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 14 mai 1895, 8 déc. 1896.— Maurice Basque, De Marc Lescarbot à l’AEFNB : histoire de la profession enseignante acadienne au Nouveau-Brunswick (Edmundston, N.-B., 1994).— Collège Saint-Joseph, Annuaire (Saint-Jean, N.-B.), 1889–1896.— Gilberte Couturier LeBlanc et al., « l’Enseignement français dans les Maritimes, 1604–1992 », dans l’Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, sous la dir. de Jean Daigle (Moncton, 1993), 543–585.— A.-J. Savoie, Un siècle de revendications scolaires au Nouveau-Brunswick, 1871–1971 (2 vol., [Edmundston], 1978–1980), 1.— Univ. du collège Saint-Joseph, Annuaire (Saint-Jean), 1897–1902.

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Ronnie-Gilles LeBlanc, « HÉBERT, CHARLES-DAVID (Charles, Charles-D.) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hebert_charles_david_16F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2017
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