HANSEN, NIELS MIKKELSEN, missionnaire laïque luthérien et ministre de l’Église d’Angleterre, né le 29 août 1829 à Haderslev, Danemark ; vers 1856, il épousa Else Christine Lund (décédée en 1901), et ils eurent huit enfants ; décédé le 18 avril 1912 à Falmouth, Maine.

Tôt dans sa vie, Niels Mikkelsen Hansen manifesta pour les études un don que son pasteur favorisa. Il avait des talents de pédagogue et, vers 1855, on l’encouragea à entrer au séminaire de Jelling, où il obtint un diplôme avec distinction. Assuré d’avoir un poste d’enseignant à Brunsbüttel dans le Schleswig-Holstein, il épousa Else Christine Lund, fille d’un maître d’école.

En 1858, mû par un sentiment nationaliste, Hansen s’installa plus au nord, où la langue allemande était moins prédominante. Il enseigna d’abord à Dpjringe, près de Sorp, puis dans une vaste école à Hallenslev. Ce dernier poste lui garantissait des conditions idéales pour élever sa famille de plus en plus nombreuse : un entourage agréable, une maison, un jardin, un bon salaire. Pendant une partie des heures où il n’enseignait pas, Hansen donnait des conférences et faisait de la musique, activités pour lesquelles il était recherché. Le reste de ses énergies allait à son Église. Laïque actif, il forma une chorale et un groupe d’études bibliques qui se réunissait le samedi après-midi (il était compétent en exégèse). Il appartenait aussi aux missions intérieures, qui œuvraient sous l’égide de l’Église nationale du Danemark et mettaient l’accent sur le piétisme, l’importance des bonnes œuvres et l’infaillibilité de la Bible.

Les terres agricoles étaient rares au Danemark à l’époque et le deviendraient encore plus après la cession du Schleswig-Holstein à l’Autriche et à la Prusse en 1864. Cette pénurie explique pourquoi beaucoup de Danois se joignirent au mouvement européen de migration vers l’Amérique du Nord et l’Australie. Hansen lui-même subit l’influence de ce mouvement. En 1861, un missionnaire du Wisconsin alla à Hallenslev parler de la nécessité d’établir des missions danoises en Amérique et résida chez les Hansen. Six ans plus tard, Hansen commença à publier dans Den Indre Missions Tidende (Nouvelles des missions intérieures), sous le pseudonyme de Monitor, une série d’articles où il faisait valoir l’importance d’aider les communautés danoises de l’étranger. Même si, affirmait-il, bien des expatriés danois ne fréquentaient pas l’église quand ils étaient au pays, ils pourraient être disposés à le faire ailleurs pour entendre leur langue maternelle. « L’eau ne vous manque jamais tant que le puits n’est pas à sec », soutenait-il. Hansen suggérait en outre que les laïques, qui avaient la possibilité d’arrondir leur revenu en faisant d’autres travaux, pourraient remplacer les pasteurs, qui étaient rares et coûtaient cher.

Un des dirigeants du mouvement des missions intérieures et rédacteur en chef du périodique de celui-ci, le révérend Johan Vilhelm Beck, proposa à son bon ami Hansen de s’installer à New Denmark, établissement rural du Nouveau-Brunswick fondé en 1872, et offrit de payer le voyage de sa famille. Hansen quitta Copenhague le 20 août 1875 en compagnie de sa femme, de leurs huit enfants et de 20 autres fidèles de leur paroisse. Parvenu à Saint-Jean, Hansen apprit de certains Danois qui avaient quitté New Denmark que la pauvreté et la famine sévissaient à cet endroit. Lorsqu’il arriva au village, les habitants lui dirent qu’ils souhaitaient le voir rester et le paieraient selon leurs moyens. Il acheta une petite maison, commença à tenir des offices religieux et, avec l’aide de sa fille aînée Rosa, se mit à donner des leçons.

Sous-alimentés et frappés par le mal du pays, les Hansen résolurent bientôt de rentrer au Danemark, mais un ministre anglican en visite suggéra à Hansen de devenir lui aussi ministre de l’Église d’Angleterre, ce qui lui assurerait un soutien. Après avoir consulté ses mentors du Danemark et sondé toutes les familles de New Denmark, Hansen se prépara au sacerdoce. Il fut ordonné diacre le 11 juin 1876 et ministre le 27 mai 1877 par l’évêque John Medley*. Selon lui, l’Église d’Angleterre et l’Église luthérienne ne se distinguaient pas par leurs doctrines, mais par la forme de leurs offices. Medley obtint des bibles et des livres de prières en danois pour l’assemblée des fidèles, si bien que cette langue continua d’être utilisée à New Denmark. Visiblement, le temple avait aussi un caractère danois. Le drapeau du Danemark ornait l’intérieur et, conformément à la tradition, les fidèles priaient debout, chantaient assis et se divisaient en deux groupes, les hommes d’un côté, les femmes et les enfants de l’autre. À l’école du dimanche, on continuait d’enseigner le catéchisme luthérien.

Malgré ces concessions, Hansen dut faire face à de l’opposition de la part des colons. « Il est parfois lassant, écrivit-il en 1880, de répéter sans cesse aux nouveaux arrivants les arguments pour lesquels nous nous sommes joints à l’Église d’Angleterre. » Le 17 juin 1884 eut lieu la consécration de l’église anglicane St Ansgar, bâtie selon les plans d’une église rurale danoise. Après, Hansen confia à un ami : « C’est une grande victoire, car autant de personnes ont tenté d’empêcher la construction de l’église que de la favoriser. » En 1891, les fidèles les plus âgés continuaient de se définir comme des luthériens, même s’ils recevaient les sacrements de l’Église d’Angleterre. En 1905, après le départ de Hansen, deux congrégations luthériennes seraient installées dans la région.

New Denmark était une colonie de transition. Une fois habitués à la langue et aux coutumes de l’Amérique du Nord, les immigrants – y compris la famille et les amis de Niels Mikkelsen Hansen – s’en allèrent ailleurs, surtout dans la région de Portland, dans le Maine. Après la fusion de sa paroisse avec celle de Grand Falls, au Nouveau-Brunswick, en 1894, Hansen prit sa retraite et alla rejoindre sa famille à Falmouth. Il mourut dans cette localité le 18 avril 1912, après avoir décliné une invitation de retourner à New Denmark.

Kathryn Wilson

L’information pour la biographie qui précède nous a été gracieusement transmise dans une lettre du 7 juillet 1992 de Palle Bo Bojesen, de Copenhague, au Danemark, et dans des entrevues que nous a accordées en 1992 Elsie Christine [Jensen] Kelly, de Saint-Jean, petite-fille du pasteur Hansen ; Mme Kelly est maintenant décédée. D’autres renseignements nous ont été fournis par Helen [Nielsen] Craig, de Fredericton, qui a été élevée à New Denmark, au Nouveau-Brunswick, et qui connaît très bien l’histoire de cette localité.  [k. w.]

APNB, MC 223, A3/16 ; D2 ; RS637, 1b4.— Musée du N.-B., Hoyt, L. A., cb doc.— R[asmus] Andersen, Pastor N. M. Hansen (Monitor) : den danske kirkes paaminder om mission blandt danske i Amerika ; banebryder for dansk mission i Canada [Pasteur N. M. Hansen (Monitor) : mémento à l’Église du Danemark sur sa misssion auprès des Danois en Amérique ; évangéliste pionnier chez les Danois au Canada] ([Minneapolis, 1930] ; Helen Craig a traduit certaines parties de ce livre pour l’auteure de la biographie).— P. B. Bojesen, « New Denmark – the oldest Danish colony in Canada », dans Danish emigration to Canada, Henning Bender et B. F. Larsen, édit., Karen Veien, traduct. (Aalborg, Danemark, 1991), 49–70.— R. L. P. Burgoyne, « New Denmark : an ethnic community » (mémoire de m.a., Univ. of N.B., Fredericton, 1973).— Dane Lanken, « New Denmark . . . », Canadian Geographic (Ottawa), 113 (1993), n5 : 21–31.— New Denmark Women’s Institute, A history of New Denmark (texte polycopié, [New Denmark], 1967).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Kathryn Wilson, « HANSEN, NIELS MIKKELSEN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 21 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hansen_niels_mikkelsen_14F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: https://www.biographi.ca/fr/bio/hansen_niels_mikkelsen_14F.html
Auteur de l'article:    Kathryn Wilson
Titre de l'article:    HANSEN, NIELS MIKKELSEN
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    21 déc. 2024