HALL, THOMAS, mécanicien et manufacturier, né en 1836 à Wilmot, comté de Prince, Île-du-Prince-Édouard, fils de Jonathan Hall et de Jane Ramsay ; le 14 septembre 1867, il épousa Catherine McRae, de Bonshaw, Île-du-Prince-Édouard, et ils eurent cinq enfants ; décédé le 18 mai 1919 à Wilmot.
Thomas Hall était le petit-fils d’immigrants irlandais. Élevé dans une ferme non loin de Summerside, alors un centre régional de services en pleine expansion, il maîtrisa dès son jeune âge, semble-t-il, l’art de travailler le bois et le fer. Ce talent, ajouté à son expérience directe de l’agriculture, l’amena à ouvrir dès 1860 un atelier de voitures à Summerside. En plus, au moins à compter de 1866, il construisit et répara des batteuses et d’autres machines aratoires. L’annuaire provincial de 1871 l’identifie comme « manufacturier de batteuses ».
En 1873, un incendie détruisit l’atelier de mécanique, dont l’unique spécialité était alors l’équipement agricole ; Hall, qui n’était pas assuré, essuya une perte de 1 000 £. Toutefois, moins d’un an après, il avait déjà bâti une usine moderne de trois étages, dotée de machines à vapeur, où il fabriquait non seulement des machines agricoles, mais aussi des moulures en bois. Plus la superficie exploitée par les fermiers de la province augmentait, plus ses machines étaient en demande. Il en exposait à des foires agricoles dans l’île même et sur le continent. À l’Exposition du dominion à Halifax en 1881, sa batteuse-nettoyeuse remporta le premier prix ; la même année, il vendit 45 batteuses et 50 vanneuses.
En 1884, l’entreprise portait le nom de Hall Manufacturing Company ; les archives montrent que, au fil des ans, Hall eut différents associés. Il continuait de participer à des expositions mais, semble-t-il, il faisait peu de réclame dans la presse, car il comptait plutôt sur les témoignages de ses clients et sur le bouche à oreille. Son usine se spécialisait dans la fabrication de valeurs sûres. Ainsi, le catalogue de 1887 contient seulement cinq machines, dont deux manèges. La batteuse, y lit-on, était « trop connue pour nécessiter une description ». La plupart des machines de Hall représentaient des progrès. L’une d’elles, la vanneuse Eureka, remplissait à la fois les fonctions d’une vanneuse et d’un trieur ; elle préparait les graines pour la mise en marché ou les semailles. Techniquement, ce n’était pas une nouveauté, mais elle fonctionnait mieux que bien des vanneuses. Contrairement à certains de ses concurrents de l’île, Hall ne paraît pas avoir cherché à faire breveter ses machines.
À la fin des années 1890, d’autres manufacturiers, soit dans l’île, soit sur le continent, construisaient des machines plus perfectionnées que celles que Hall avait raffinées. En outre, le marché provincial avait rétréci, car bien des insulaires étaient partis chercher fortune dans l’Ouest et aux États-Unis. Hall prit sa retraite vers 1914. La famille Holman, de Summerside, prit l’entreprise en main et la réorganisa sous le nom de Hall Manufacturing and Cold Storage Company. Hall mourut à Summerside à la suite d’une brève maladie.
La fabrication locale d’équipement agricole découlait directement de l’accroissement de la demande et de la prospérité qui marqua les années 1860 et 1870. D’un bout à l’autre du Canada, des mécaniciens remaniaient des plans, construisaient des usines et approvisionnaient les marchés locaux. Même si, dans sa région, les charrues Western Boy d’Elias et de George Bishop et les vanneuses Challenge de John Dickieson faisaient concurrence à ses machines, Thomas Hall fut, parmi ces mécaniciens, l’un de ceux qui réussirent le mieux. Il approvisionnait une bonne partie du marché de l’île et faisait quelques ventes dans les provinces voisines. Toutefois, il n’était pas en mesure de se hisser au même rang que des manufacturiers tels les Massey [V. Hart Almerrin Massey*] et les Noxon de l’Ontario. Pour s’imposer sur le marché national, perfectionner des machines existantes ne suffisait pas ; il fallait en inventer de nouvelles. Or, dans les années 1950, lorsque la Hall Manufacturing Company cessa de fabriquer sa batteuse, celle-ci ressemblait encore à la machine conçue par Hall 60 ans plus tôt.
PARO, RG 16, land registry records, Prince County, conveyance reg., liber 12 : f.242.— Island Farmer (Summerside, Î.-P.-É.), 23 mai 1919.— Patriot (Charlottetown), 1er mars 1873.— Pioneer (Summerside), 22, 29 sept. 1880, 17 août, 5 oct. 1881, 6 sept. 1882, 29 juin 1935.— Prince Edward Island Agriculturist (Summerside), 7 oct. 1886, 3 oct. 1887, 8 oct. 1888.— Summerside Journal, 2 avril 1874, 21 mai 1919.— Summerside Progress, 6 août 1866.— Catalogue of the Hall Manufacturing Company, Summerside, Prince Edward Island, manufacturers of threshing machines, horse powers, and the Eureka farming mill and seed separator combined (Summerside, [1887] ; exemplaire au PARO, Acc. 3466, ser. 77.205.— Annuaire, Î-P.-É., 1871.— R. A. Rankin, Down at the shore : a history of Summerside, Prince Edward Island (1752–1945) ([Charlottetown], 1980) ; « Mister Hall’s machines », Island Magazine (Charlottetown), no 8 (1980) : 3–7.
Harry Tinson Holman, « HALL, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/hall_thomas_14F.html.
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Auteur de l'article: | Harry Tinson Holman |
Titre de l'article: | HALL, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1998 |
Année de la révision: | 1998 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |