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GREELEY, HORACE, journaliste et homme politique américain, né le 3 février 1811 près d’Amherst dans le New Hampshire, fils de Zaccheus Greeley et de Mary Woodburn, décédé le 29 novembre 1872.
L’aîné des cinq enfants d’un pauvre cultivateur, Horace Greeley reçut une instruction fort élémentaire, puis entra, comme apprenti, chez un imprimeur de l’état du Vermont. Dès qu’il eut 20 ans, il partit pour New York où, tout en s’efforçant de compléter son instruction, il s’occupa des moyens de propager la presse à bon marché.
Après avoir fondé des feuilles qui n’eurent qu’une existence brève, il créa, le 11 avril 1841, The New York Tribune, quotidien qui, de 500 abonnés au début, en comptait déjà 11 000 sept semaines plus tard, pour atteindre en 1854 un tirage de 112 000 exemplaires. Grâce à ce journal, Greeley devint une puissance politique avec laquelle il fallut compter. La Tribune fut l’expression de son antiesclavagisme acharné et de ses vues sur la question sociale, qui s’inspiraient surtout de Charles Fourier, dont la doctrine avait été popularisée aux États-Unis par Albert Brisbane.
Attentif à tous les mouvements libéraux qui secouaient l’ancien monde, Horace Greeley mettait l’influence de sa plume ou de sa parole – car il était un orateur couru autant pour l’impétuosité de son verbe que parce que l’originalité extrême de sa mise en faisait un personnage éminemment pittoresque – au service de ses convictions. C’est ainsi que, le 29 novembre 1847, il avait lu, « au milieu de tonnerres d’applaudissements », dans une assemblée de plus de 6 000 personnes, une adresse de félicitations à Pie IX, qui passait alors pour un pape libéral. Mais lorsque le même pontife s’était retiré du mouvement national italien, la Tribune n’avait pas été lente à le condamner.
Figure de premier plan aux États-Unis, journaliste et conférencier alors au faîte de la renommée, il n’est pas étonnant que l’Institut canadien ait songé en 1868 à inviter cet éminent libéral américain au moment où il se voyait l’objet d’une recrudescence de sévérité de la part de l’autorité épiscopale. En effet, Mgr Ignace Bourget* ne croyait pas à la sincérité des membres qui s’étaient adressés à Rome pour obtenir la levée des censures prononcées contre eux [V. Doutre]. Au contraire, il était convaincu que « l’Institut n’attend[ait] pas la réponse de Rome pour se réformer en se soumettant à son jugement », et il en donnait cette preuve à ses correspondants : « A l’heure qu’il est, il passe en revue les Évêques et les Prêtres du pays, et il leur donne de vertes leçons pour s’être occupés de la Confédération. »
Dix jours plus tôt, soit le 17 décembre 1868, Greeley avait participé aux célébrations du vingt-quatrième anniversaire de la fondation de l’Institut canadien. Le discours de Louis-Antoine Dessaulles* avait pour titre « la tolérance », mais le conférencier s’était appliqué à analyser une intolérance que chacun de ses auditeurs avait pu facilement identifier ; quant à Greeley, il avait exalté « l’homme véritablement libéral », qui n’a « qu’un pays : le monde ; une religion : l’amour ; un patriotisme : civiliser et faire du bien à la famille humaine », et pour adversaires : « la tyrannie, l’ignorance, la superstition, en un mot ce qui dégrade ».
L’un des membres de l’institut, l’avocat Christophe-Alphonse Geoffrion*, s’était fait alors l’interprète du « vif enthousiasme » que les paroles de Greeley avaient suscité dans l’auditoire, en prenant bien soin de préciser que « toutes les libertés sont sœurs » : « L’ennemi de l’esclavage corporel est forcément l’adversaire irréconciliable de l’esclavage intellectuel : soldats sous le même drapeau, nous lui devons les sympathies dont il recueille les marques en ce moment. [...] Votre présence ici, avait ajouté Geoffrion en s’adressant directement à Greeley, est une approbation solennelle de la voie qu’a toujours suivie l’Institut depuis sa fondation sans en dévier d’un iota, malgré les obstacles sans nombre accumulés sur cette voie. » Les textes de Dessaulles, de Greeley et de Geoffrion furent reproduits dans l’Annuaire de l’Institut canadien pour 1868. Cette brochure de 30 pages fut portée au catalogue de l’Index en juillet 1869.
La fermeté avec laquelle Greeley avait défendu toute sa vie les principes libéraux et le talent dont il avait fait preuve comme journaliste et comme conférencier le firent présenter, en 1872, à la candidature de la présidence par les républicains libéraux et les démocrates. Mais en dépit de plus de 150 discours dans une campagne électorale impitoyable, il eut la mortification de se voir battre par son adversaire, le général Ulysses Simpson Grant, réélu à une forte majorité.
Horace Greeley mourut le 29 novembre 1872 du double chagrin de cet échec et de la perte de sa femme, Mary Youngs Cheney, qu’il aimait tendrement.
Plusieurs dépôts d’archives des États-Unis conservent des papiers de Greeley. Les plus importants sont Calais Free Library (Me) ; Denver Public Library (Colorado) ; Library of Congress (Washington) ; New Hampshire Historical Society (Concord, N.H.) ; New York Historical Society ; New York Public Library ; Western Reserve Historical Society (Cleveland, Ohio).
Les principaux ouvrages imprimés de Greeley sont The American conflict : a history of the great rebellion in the United States of America, 1860–1865 ; its causes, incidents, and results ; intended to exhibit especially its moral and political phases, with the drift and progress of American opinion respecting human slavery from 1776, to the close of the war for the union (2 vol., Hartford et Chicago, 1864–1866) ; A history of the struggle for slavery extension or restriction in the United States, from the Declaration of Independence to the present day. Mainly compiled and condensed from the journals of Congress and other official records, and showing the vote by yeas and nays on the must important divisions in either House (New York, 1856) ; Recollections of a busy life : including reminiscences of American politics and politicians, from the opening of the Missouri contest to the downfall of slavery ; to which are added miscellanies [...] also, a discussion with Robert Dale Owen of the law of divorce (New York et Boston, 1868).
ACAM, RLB, 17, p. 73 ; 901.059.— DAB.— Annuaire de l’Institute canadien pour 1868 ; célébration du 24e anniversaire de la fondation de l’Institut canadien, le 17 décembre 1868 (Montréal, 1868).— W. G. Bleyer, Main currents in the history of American journalism (Boston, 1927), 211–238.— Robert [Philippe] Sylvain, Clerc, garibaldien, prédicant des deux mondes : Alessandro Gavazzi (1809–1889) (2 vol., Québec, 1962), 1 : 221s. ; La vie et l’œuvre de Henry de Courcy, premier historien de l’Église catholique aux États-Unis (Québec, 1955).
Philippe Sylvain, « GREELEY, HORACE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 20 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/greeley_horace_10F.html.
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Auteur de l'article: | Philippe Sylvain |
Titre de l'article: | GREELEY, HORACE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 20 nov. 2024 |